lundi 22 juillet 2013

saveur locale (bus luang prabang - boun tai)

Luang Prabang, 13 juillet 2013 15h30, je quitte la guesthouse viradesa et son proprio du même nom, drôle et très sympa.

Après un détour de 200m récupérer mon passeport que les types de la loc de vélo avaient oublié de me rendre (et que forcement j'avais oublié de demander... alzheimer) mon tuktuk me depose a la gare sud de la ville. Au passage le chauffeur me charge un 10000kips supplémentaire pour ce service, comme on dit y'a pas de petit profit. C'est à cette gare que je dois attraper le bus venant de Vientiane, le seul allant dans la province reculée de phongsaly. Un bus local, ce qui veut dire le plus spartiate, mais la nana de l'agence m'avait vaguement précisé que les 45 places étaient à moitié prises et se remplissaient au fil de la route. L'attente est longue, je boulotte mes croustilles a la noix de coco, je bouquine le guide du routard et retombe sur le passage expliquant qu'une bourgade 3h avant Phongsaly mérite le détour pour les villages alentours. Je précise au type du guichet s'il est possible de changer ou d'anoter mon billet pour Boun Tai. Il en fera part au chauffeur. Le bus arrive enfin, une  petite heure de retard.


Le type du guichet vient vers moi et m'annonce avec un sourire mi-amusé mi gêné que le bus est plein depuis vientiane. Archi-plein en fait. Je vais devoir me caser dans l'allée. Ok pas de problème, sauf qu'en montant à l'intérieur je comprend ce que le gars voulait dire avec son air. L'allée est bondée! Des tabourets en plastiques font office de siège pour certains chanceux, d'autres jeunes au fond sont déjà debout. Je me faufile au milieu du bus pour trouver un endroit ou me ranger. Une marge de maneuvre limitée pour changer de pied d'appui, coincé entre trois tabourets. Et je n'en bougerai plus pour les 10h qui s'en viennent!



banzai!
Quelques passagers se rajoutent même au radeau, d'autres renoncent en voyant la boite à sardine. Après une pause ou chacun s'extirpe de son logement pour aller se soulager, on se retrouve avec une valise en plus dans l'allée, le bus redémarre, ceux de l'arrière veulent l'envoyer vers l'avant et vice - versa. Scène cocasse ou je me retrouve avec la patate chaude dans les mains, chaque équipe d'un côté. Je propose de balancer ledit colis par la fenêtre avec un grand sourire, histoire de mettre tout le monde d'accord. Ca a pas l'air de plaire a tout le monde mais ça rigole bien, on tente un envoi vers l'avant mais elle nous revient finalement et atterrit dans les bras du responsable.


fin de la pause repas

Trop grand pour voir le paysage par la fenêtre, la nuit s'en vient rapidement de toute manière. Au fil des heures mon attention se concentre sur l'objectif de trouver un moyen de m'asseoir. L'obscurité du bus me fait croire des choses impossible, comme me poser le cul dans l’allée, déjà remplie de passagers et colis divers, je peux à peine bouger mes pieds sans faire sauter un de mes voisins. On est une poignée a se tenir debout, j'escalade un moment un des dossiers pour y poser une fesse, mais le siège comme mon postérieur ne sont pas assez rembourrés, inconfortable au possible avec les sauts de cabri du bus, cerbère de la route essayant de surmonter les talus de boue et ornières géantes. Je redescend de mon perchoir puis y remonte plus tard juste pour alterner avec la position verticale. Le chauffeur balance du son lao, cheesy au possible, les tubes de l'été tournent en boucle je commence presque à les aimer, une chanson rock mélancolique que les jeunes fredonne. J'en aurai la larme à l'oeil, hymne de notre équipée, tous dans la même galère et pourtant tous avec le sourire à chaque nouvel épisode de cette odyssée sur la rivière d'asphalte.
Les phares de notre monstre renvoient le spectre de la piste, scarifiée par les intempéries et qui par endroit semble infranchissable. Notre 4x4 herculéen datant d'une autre époque plonge dans la plaie béante en 1ère, ses pneux mou absorbant une partie du choc du dénivelé. Puis la bête se cabre et escalade l'autre bord de l'ornière. Chacun fait des bonds sur son siège, je baisse la tête pour ne pas me prendre le plafond. Dans les virage, le chauffeur défie la gravité. Avec l'inertie de la vitesse, la charge sur le toit envoie l'embarcation sur des angles toujours plus aigus. Et c'est comme ça pendant des heures, de longues heures, la musique crachotte par moment mais nous divertit. La fatigue fait divaguer mon esprit incapable de fermer boutique. Mes paupières vibrent tel un zombie entre deux chocs.



Et puis le ciel s'éclaircit. Le bleu marine laisse apercevoir progressivement la brume qui nous entoure. On roule à flanc de montagne au dessus d'une mer de nuages, parfois on la traverse. La route est meilleure depuis oudom xay, Refaite récemment il y a très peu de trous. En revanche les virages sont toujours aussi intense. J'ai enfin un siège depuis quelques heures: le tabouret de la jubilation. Il en faut peu pour être heureux! Soudain le bus ralentit et s'arrête. Devant nous un glissement de terrain à recouvert la route sur une centaine de mètres, un excavateur est stationné en amont de la coulée apparemment c'est pas le premier glissement. Je suis la procession qui passe de l'autre côté. Assis non loin de l'engin on attend que l'opérateur se ramène, il est 6h. J'en profite pour roupiller une heure et m'allonge sur l'asphalte. Notre sauveur se pointe et plie le boulot en une petite demi-heure. La boue envoyée dans le ravin, le bus traverse à vide à coups de klaxons victorieux.





Agrippé aux sièges tel un singe a ses lianes la route en lacet tourne encore et encore, le paysage junglesque est magnifique suspendu au dessus des nuages matinales.
À 9h30 on atteint enfin Boun Tai mon arrêt. On se prend tous une bonne soupe de nouilles au resto de la gare avant de se quitter.
Salut l'aventure, un bon 15h de bus insomniaque, c'était inoubliable!

Autant dire que boun tai est plus un village qu'une ville. Un bourg. Trois guethouseest partagent le business des voyageurs étrangers ou de ceux qui se retrouvent coincé sur le chemin de leur destination. Les paillotes bien minimales de mon guide de 2007 ont fait place a des chambres en dur avec salle de bain. Le prix a monté avec et apres des errances inutiles pour trouver une auberge demandant moins de 40000kips, j'en débourse 60000 à la première.
Apres une bonne douche c'est le coma, je tombe de fatigue et dors quelques heures. Pas vraiment plus frais au réveil la pluie tombe dru alors que je m'apprête à sortir. Je remet au lendemain mon exploration de Naway, un village en amont de la rivière qui traverse la bourgade. Et je replonge pour un dodo supplémentaire et finit par sortir pour les maigres rayons de soleil qui traînent sur les montagnes avant de disparaître jusqu'au lendemain.



Je trouve le resto nam ou et essaye d'expliquer que je souhaite manger pour 20000kips en pointant les plats déjà préparés dans les armoires réfrigérés. Mais je me retrouve avec un riz frit spartiate et copieux pour moitié prix. Je rentre au bercail le ventre comme un ballon et me pieute tot pour partir a Naway le lendemain matin. Je continue la route en bus pour Phongsaly à 11h30 m'a dit la nana.
Le 15 juillet au matin je marche sur la piste de terre encore détrempée de la veille en grignotant mes petites douceurs achetees au marche. Je suis un groupe de travailleuses. Elles vont dans les rizières car apparemment c'est le temps de la récolte dans le secteur.











Au village je fais quelques dessins sous l'oeil amusé des habitants qui font des commentaires enthousiastes. Sur l'invitation des voisins qui regardent la scène, le petit vieux de la maison d'en face descend voir ce que je trafique à zieuter sa baraque depuis tout ce temps. On s'envoit plein de sourires et c'est bien sympa. En revanche je suis un peu frustré car l'heure file et je dois déjà repartir. C'est dommage d'autant plus que la carte "ign" des environs de Boun tai que j'avais aperçu à l'office du tourisme laissait entrevoir la possibilité de faire une bien grande boucle de deux jours peut être passant par plusieurs villages dans une vallée voisine. Et sans avoir besoin de guide. Mais bon j'ai aussi envie de monter jusque dans les hauteurs de Phongsaly (1600m) et redescendre en bateau vers muang khoua, proche de la frontière vietnamienne, la prochaine étape. Et peut être que je veux trop en faire mais les choix sont pas toujours évident, je reste sur mon instinct qui me dit de continuer la route.
Je salue les habitants en pointant une montre imaginaire et en parlant de Phongsaly sans bien être convaincu qu'ils comprennent de quoi je parle. Sur le trajet du retour je croise un médecin de Vientiane qui travaille dans le secteur de ces villages depuis quelques années. Très sympa on parle brièvement de nous en anglais avant qu'il ne reprenne la route du travail et moi celle de la gare.











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