mardi 28 mai 2013

Rush hour

Vendredi 24 mai 2013, Coolangata, Australie côte est


6h, mes yeux s'ouvrent avant que ma sonnerie ne retentisse. J'ai encore le décalage de 2h avec la nouvelle Zélande. Je me lève sans bruit ça roupille encore dans le dortoir. Arrivé à la cuisine je trouve porte close, j'avais oublié qu'elle n'ouvrait qu'à 7h. Flûte j'ai ma bouffe pour mes sandwich au frigo, je prend un thé gratos sur la table dédié au départs matinaux et décide d'aller enregistrer mon bagage à l'aéroport à 10min de l'auberge. Mon vol est à 9h ça me permettra de revenir faire le petit dej et mon casse croûte. Car je vole avec Scoot une jeune compagnie low-cost de Singapour, à l'intérieur tout est payant, comme sur jetstar, films, locations de tablettes, boissons et même la bouffe.

Arrivé devant le comptoir a 7h la nana me demande quand est-ce que je compte quitter Singapour, si j'ai un billet d'avion. Je lui répond que non je repars seulement deux mois plus tard du Vietnam. Elle me dit que c'est trop tard pour les douanes cingalaises et qu'elle ne peut me faire embarquer si je ne lui montre pas une preuve que je quitterai le territoire de Singapour. Je tombe des nus. Bref instant de panique je lui demande comment régler ça elle me dit de réserver un vol,train ou bus en ligne, des ordinateurs sont accessibles de l'autre côté du contrôle des bagages puis de l'imprimer. Je me pointe la bas illico et réexplique la situation à une autre agent. Finalement il n'y a plus d'ordi mais le wifi est gratuit. Ah bah cool! J'opte pour l'impression écran sur l'iPod. Après une galère pas permise pour apprendre la geographie du coin, prendre un bus sortant de Singapour pour une ville malaisienne pas trop éloignée, tout en trouvant une compagnie qui permette la réservation en ligne, j'arrive enfin a boucler l'opération et m'en tire pour 25$ jusqu'à Malacca une ville sur la côte ouest de Malaisie apparemment.

Retour au comptoir j'arrive à griller poliment la queue, j'enregistre le sac à dos et cours jusqu'à l'hôtel récupère mon sac bandoulière, appareil tofo et préparer mon lunch. Je perds pas le nord et envoi la sauce façon fast food sur les sandwichs, ça traîne pas j'avales mon œuf au plat, mes fruits de la passion du marché et mon yahourt bio à la vanille trop bon. Je m'éponge le front, rend la clé de la chambre, met tout le bazar autour du cou, en route, salut l'auberge. Un léger regret de ne pas avoir eu un vol plus tard, le petit dej était offert à l'auberge et avait l'air bien fourni!

Je presse le pas mais je suis dans les temps, après 2 contrôles de sacs, les douanes j'arrive même avec un bon 15minutes d'avance sur l'embarquement. Trop facile! En blaguant plusieurs fois avec des amis sur l'état de mes fringues je disais que ca me ferait de la place a bord, et bin ils ont du m'entendre car je me retrouve a la fenêtre avec deux places libres a cote de moi! Calé au hublot, je ressens la poussée du décollage, scotché au fond du siège, les roues quittent la terre australienne. Un arc en ciel rayonne dans les nuages noires éparses, quelques taches de lumière révèlent au sol un paysage de jardins résidentiels et forets luxuriantes. L'avion effectue un virage en tête d'épingle en pénétrant la mousseline de nuages, cap au nord, Asie me voila!

samedi 25 mai 2013

L'au(s)tréalité

Mardi 21 mai 2013, quelque part au dessus de la mer Tasman

Capuche rabattue, je roupille pendant les 3h que durent mon vol low-cost avec jetstar, et pour une fois  j'ai curieusement de la place pour mes cannes. Mes rêves mélangent les aventures de ces derniers jours et des épisodes plus anciens sur les îles néo zélandaises, je cuve le voyage.

Puis à travers le hublot réduit de mes voisines j'aperçois les tours de Gold coast, station balnéaire que l'on surnomme "surfer's paradise". Les raies blanches des vagues qui brisent se distinguent sur la plage qui s'étend a perte de vue. L'avion fait un crochet. On se dirige vers Coolangata, l'aéroport de Gold Coast, à 20km au sud. À l'approche de la piste les immeubles et palmiers défilent sur le côté gauche de l'appareil, la mer en arrière plan. Quelques secousses, ma voisine latino fait son signe de croix, le bruit strident du caoutchouc qui frotte le tarmac, une grosse décélération et puis l'appareil roule comme si de rien n'était. Comme si ce vol de trois heures au dessus des eaux infestées de requins, baleines, dauphins, raies, tortues et autres créatures marines n'avait pas eu lieu. Le temps d'un rêve.

La lumière faiblit dans le ciel, 16h40 heure locale, deux de moins que sur l'île que j'ai quitté. Je me suis mis en tête d'aller à Byron bay à 65bornes au sud de l'aéroport. Plus petite et pittoresque que sa grande sœur gold coast, un certain côté hippie il y fait bon vivre apparemment. C'est aussi un bon spot de surf à ce qu'on dit.
Cette mission tardive me donne l'occasion de tenter le stop chez les ozzies!
Après avoir récupérer le sac, passé la douane, attendu un petit contrôle supplémentaire pour le backpacker que je suis, je me retrouve à l'extérieur sous les premières étoiles dans un ciel bleu marine encore teinté de violet. Je m'embrouille un peu dans les impressions écran du plan des environs de l'aéroport mais retrouve rapidement mes repères, je marche le long de la voie rapide, et il fait bon! Un vrai changement depuis le froid et l'humidité glaciale de la dernière semaine dans l'île du sud. Je rencontre de nouveaux arbres et de nouveaux sons, des crapauds fanfaronnent dans les fourrés et des oiseaux jasent dans les feuillages. Sous un lampadaire je me déleste de mon fardeau et aère le t-shirt que je suis en train de tremper, la moiteur s'installe avec la nuit tombée.

Moins de cinq minutes passent et une voiture se gare derrière moi. Un jeune de la côte, Jeff 21ans, s'en va rendre visite à son cousin qui bosse à Byron bay! C'est bien ma veine vu l'heure, merci garçon! Je lui raconte ce que je fais la, mes voyages et projets et lui me narre son expérience en Équateur. Il est récemment parti la bas en tant que volontaire pour 3 semaines bien remplies d'aventures et sorties en tout genre, il en garde un bon souvenir. Il va voir son cousin tatoueur pour la soirée, il devrait réviser ses exams pour son école de commerce, mais ce soir il a pas la tête à ça faut croire.

Jeff
Royal, il me depose devant le magasin de son cousin qui est en plein centre, entre un supermarché et une panoplie d'auberges. J'opte pour la première en vue, une auberge YHA, une chaîne également présente en nouvelle Zélande, 25$ la nuit sûrement pas le moins cher mais c'est plus l'heure de grappiller quelques dollars. Je m'installe, fait les courses pour les 3 prochains jours,  prépare mon diner et rencontre quelques backpacker qui font le tour du pays. L'heure tourne vite, j'écris quelques mots sur les derniers moments néozélandais et mes paupières commencent à frémir. La température à rapidement chuté, le temps ne s'annonce pas très beau pour le lendemain, je rentre me blottir dans la couette, dans les arbres voisins quelques oiseaux inconnus s'échangent des mots, bonne nuit nouvelle île, nouvelles plantes et nouvelles bébêtes, à demain.

Mercredi 22mai 2013

Le temps bouché n'incite pas à aller se baigner, je décide d'aller me balader vers la pointe du phare, au bout de cette petite péninsule volcanique riche en végétation se trouve le point le plus à l'est du pays.
Les gouttes tombent à intervalle irrégulier, mais la température reste douce. Je longe clarke beach, sous les arbres et tables de picnic du front de mer, une dune végétale en cours de régénération sépare la ville de la plage. Je découvre d'autres sons, des perruches vertes a la poitrine flamboyante de jaune et orange paradent et volent d'arbre en arbre plongeant leurs têtes dans les fruits aux allures de pompons jaunes pales du coastal banksia. En le retournant vers l'intérieur d'un bosquet un énorme oiseau ressemblant à un martin pêcheur démesuré me fixe de son œil immobile.




Un ibis passe dans le parc, cherchant sa pitance dans l'herbe humide. étrange oiseau blanc tel une poule montée sur les pattes d'un héron, un crâne chauve comme un vautour recouvert de plaques noires épousant les articulations de son cou dénudé. Sa tête obscure est prolongé d'un long bec noir en arc de cercle. Un profil qui me rappelle les hiéroglyphes des dieux égyptiens, mais bien en chair et en os, et nombreux dans le pays, ils sont un peu leurs pigeons. D'autres oiseaux tachés de blanc et noir, l'oeil auréolé virevoltent, sortes de pies locales. Les dindons sauvages sont également de la partie. Les végétaux déploient leur palmes et feuilles larges, cirées pour résister à la salinité de la côte. Ils marchent presque, leurs jambes aériennes plongeant parfois loin du tronc pour trouver les nutriments nécessaires. Des plantes parasites poussent entre les départ de branche comme dans le nord de la nouvelle Zélande, ces quelques pas me donnent un avant goût certain de la flore qui m'attend en Asie.







Le sentier prend un peu d'altitude pour atteindre le phare tout au bout. Les dindons remuent les feuilles mortes et creusent le sol à la recherche d'insecte. Une percée dans la verdure, je vois la plage au sud de la péninsule, des petits points flottent au large, une quinzaine de surfeurs attendent patiemment La vague. Un ou deux s'élancent et  parcourent quelques dizaines de mètres avant de disparaître dans les énormes rouleaux, un spot pour les chevronnés sans doute. J'atteins le phare, construit en 1903 après qu'une quinzaine de gros porteur se soit échoué le long de la cote. Les bancs de sable sont mouvants et nombreux, les lames de fond déplaçant le sable sous marin au gré des courants. Plusieurs couples scrutent l'horizon avec des jumelles. J'admire le panorama quand un point sur l'océan attire mon regard. Je fixe le dit point quelques instants et les voient alors, deux baleines jouent au large de la points. Une d'elle remonte sur son dos et s'éclate de tout son poids. Elles sont extrêmement loin mais la il n'y a plus de doute, mes voisins me précisent qu'ils s'agit de baleine à bosse. Un panneau au phare expliquait qu'elles migrent de mai à octobre de l'Antarctique vers le Queensland au nord de l'Australie. J'en reviens pas, quelle chance! Je poursuis le trajet le long de la falaise qui plonge dans l'océan et ses rochers ocres et noirs. Puis en le retournant du côté des fourrés, un wallaby des marais mastique tranquillement dans les herbes hautes, à deux mètres. Ils ne sortent qu'à la nuit tombée ou a l'aube. Sûrement que le temps de cochon leur convient. J'arrive alors au panneau indiquant "point le plus à l'est du pays". Certains prennent la pose, on admire tous l'océan et les vagues qui s'éclatent sur les roches découpées. Une nana pointe du doigt l'océan mais trop proche pour que ce soit les baleines. Je jette un œil à l'eau transparente du rivage, puis oui c'est bien eux, un groupe de dauphins chasse les poissons côtiers. J'aperçois leur forme dans les eaux tumultueuses, quelques ailerons percent la surface. Quelle balade!
Je descend de la bute du phare me poser au bord de l'eau, les pêcheurs piquent quelques prises aux dauphins. Je médite un peu sur mon voyage, ma place, ici. Les gouttes éparses tournent maintenant à la pluie. Je poursuis mon chemin côtier alternant entre le couvert végétal et les plages de sable blanc. D'autres étranges oiseaux font leur apparition, des mouettes aux têtes masquées pour le carnaval, un bec au jaune fluorescent qui remonte devant leur yeux comme une tête de pioche! Des pancartes expliquent enfin qu'une centaine de dauphin vit dans les eaux de la péninsule, des schémas expliquent comment rester à bonne distance.





mais si le point au fond a gauche












De retour en ville je passe à la bibli me rencarder sur des ouvrages de Bill bryson, un américain qui a écrit plusieurs best-sellers sur l'Australie, Chris qui vit a Sydney m'en a recommandé deux. Par chance la nana de l'accueil qu'elle a un exemplaire bradé à 1$! Génial! Toujours sans sous australiens, je lui demande de le mettre de côté le temps que je change les quelques dollars néo zélandais qu'il me reste.
Un lunch tardif à l'auberge et je repasse prendre mon du, la nana m'a entre temps dégoté l'autre ouvrage! Et bin j'aurai de la lecture pour mes temps de transport. Sur le retour, le soleil couché, les chauve souris geantes battent des ailes au dessus de la ville, ça me rappelle la visite au parc de Ouagadougou ou des nuées d'entre elles piaillaient dans les grands arbres avant de s'élancer chasser au crépuscule. Toujours aussi déroutant à observer...
Soirée tranquille a discuter au backpack, il fait un froid de canard à croire que je l'ai ramené depuis Christchurch.

Jeudi 23 mai

Un grand ciel bleu accueille mon réveil! Je m'organise pour le départ, sac à dos, lunch pour midi, quelques mails pour préparer mon arrivée le lendemain à Singapour. Jour de marché de byron bay, je passe y faire un tour. Que de surprises sur les étales, petits producteurs locaux de fruits et légumes colorés, bananes bien sur, mandarines mais aussi des couleurs plus inhabituelles pour un marché tenu par des visage pâles, des goyaves, des papayes, des dragon fruit, un gros fruit avec une peau en écaille pourpre et violette, des dégustation de fruits de la passion, les premiers que je mange à même le fruit! Du miel d'arbres natifs, des noix de pecan, de l'aioli, du tempeh de pois chiche et autres fèves inconnues... Tout est quasiment bio et provient des environs de la ville. Je me sirote une délicieuse citronnade de citron vert pendant que des musiciens jouent de la guitare et de la flûte traversière, un petit côté bobo hippi harmonieux.
Je m'enquiert ensuite d'une boutique de location de planche de surf, hé oui on va pas repartir sans se faire quelques vagues, un œil à la mer vraiment calme m'a mis le doute mais peut être que les conditions sont différentes ailleurs. Arrivée dans une boutique le type me dit qu'il y a rien du tout aujourd'hui c'est très petit même de l'autre côté de la pointe du phare, je pourrai y aller mais accompagné, les courants sous marin sont forts et les lames de fond fréquentes. Un peu déçu je retourne à l'auberge chercher mon bardas, je jette un œil dans la chambre, Jb un français surfer rencontré la veille dort encore à poings fermés, je tire un trait sur la sortie surf et prend le chemin de la plage, j'ai quand même un maillot, des lunettes de plongée et le temps est radieux c'est pas si mal!
Je pose mon sac sur les rochers, ressors enfin la crème solaire et pars faire quelques brasses, l'eau est fraîche mais o surprise même au bord de la plage des poissons de corail nagent à côté de moi, plats argentés avec une dorsale jaune, un petit bec noir. L'eau cristalline permet de les admirer. Ouah c'est fou!












Farniente et bouquinnage, je prend mon lunch face à l'océan. Plus tard je remballe et retourne à l'auberge en parcourant la plage, je récupère ma bouffe au frais et marche jusqu'à l'extérieur de la ville, 15h30 ça me paraît raisonnable pour me rendre jusqu'à coolangata, un type m'a dit qu'une auberge se situait juste à coté de l'aéroport, parfait vu que mon vol est à 9h le lendemain.
Je tend mon pouce pour ma seconde ride australienne, et rapidement Jodie s'arrête en sortant du boulot, elle s'occupe des gamins à la garderie. Je suis son autostoppeur du jour, cool il y en a très souvent sur la route. On en croise un d'ailleurs. On parle un peu de l'Asie avant qu'elle me dépose quelques kilomètres plus loin. Merci Jodie!

Jodie


Je marche le long de la bretelle quand Ross se gare devant moi. Sympa ça! Je jette mon sac à l'arrière du pickup à côté de la tondeuse, "ta ceinture" qu'il me dit gentiment et on démarre. Ross fait parti de ces conducteurs altruistes qui ne posent pas de questions. Pendant les 30bornes du trajet il ne décroche pas un mot, je lui extirpe quelques paroles, c'est un plombier et les températures locales peuvent varier de 5 degrés les nuits hivernales jusqu'à 42 par une journée d'été. "It's fucking hot!" comme il me dit (il fait putain de chaud). C'est tout ce que j'apprend. Ross me jette à une sortie d'autoroute à mi parcourt de la destination. Il rentre à la maison et connaît le coin, "les autostoppeurs se mettent la bas" qu'il me répond. Je quitte Ross, il n'avait pas envie de jaser mais il s'est quand même arrêté, définitivement le cœur sur la main, merci

Ross






L'attente est finalement un peu longue le soleil se couche derrière les collines. Le ciel prend des teintes mauves oranges pâle en face, en direction de l'océan un nuage champignon rougeoit, ceux derrière moi tirent sur le violet. La boule dorée lèche les herbes hautes et eucalyptus avant de disparaître. Une floppé de ce qui me semble être des cacatoès passe au dessus de la route, blanc avec une houppette, sacré pays!
Et la fraîcheur vient rapidement, les voitures qui défilent a toute allure allument leurs phares. Dernier recours, je sors mon dernier atout j'avais embarqué une bande de carton au cas ou. Au stylo bille -je paume tout le temps mon marqueur- je trace le plus gros possible "Cool.". Ca pourrait décider quelqu'un qui pense que je veux faire une grande distance. Enfin c'est ma supposition. Ca me donne aussi un air un peu plus crédible, le coup de la pancarte pour le bon petit pouceux sérieux! Je regardent les conducteurs qui passent, à l'avant d'un van les personnes me font des signes en pointant du doigt, encore des explications incompréhensibles disant désolé c'est à cause de ci ou ça, je les regarde s'éloigner. Et la je comprend une voiture s'est rangé au loin et fait marche arrière vers moi, c'était bien elle qu'ils pointaient. J'emporte prestement mes affaires et vais à sa rencontre. J'ouvre la portière et Daniel me dit qu'il va également à coolangata, incroyable! Comme quoi la pancarte des fois ça aide. Il rentre d'une mission à Newcastle à 8h au sud, il est ingénieur pour les logiciels de matériel médical Philipps. Il s'occupe de déployer les systèmes dans plusieurs pays asiatiques et assure la maintenance à distance. Il est crevé et je lui tient le crachoir tout du long pour l'occuper (il a du aussi me prendre pour ça, divertir un peu la conduite). Super sympa, il m'aide à trouver le backpack et m'y dépose. Un très grand merci Daniel!


Daniel

Je passe une soirée tranquille, je recroise un gars de ma chambre à Byron bay, je me prépare le dîner, une soupe et au lit, demain c'est le grand jour, l'envol vers Singapour, la porte de l'Asie, mon cinquième continent.

mercredi 22 mai 2013

Surprises et retrouvailles, la fin d'un chapitre

Queenstown, île du sud le 12 mai 2013



réveil dans la brume je met mon sac à dos à la consigne et part à l'exploration de la ville. Les filles qui m'ont déposé hier partent aujourd'hui en trip organisé contempler le Milford Sound, des montagnes qui plongent à pic dans le lit d'ancien fjord, se miroitant à la surface de l'eau au matin. Vues spectaculaires paraît il mais trop éloignées de queenstown, trop cher et trop pris d'assaut par les touristes, hélicoptères, bateaux, les images des lacs d'angelus hut m'ont comblé par leur silence et leur beauté, isolées dans les sommets. Pour moi et mon petit budget la marche du jour est l'ascension de la colline au nord de la ville, mon genou un peu flingué peine à gravir les marches raides et autres zigzags entre les racines des pins qui s'agrippent sur les pentes escarpées. Une petite heure plus haut on contemple la ville, la vallée, le lac et les monts d'en face, un relief formé par la fonte d'anciens glaciers. Seule des herbes rases et jaunies recouvrent les montagnes, la végétation est mince, la roche est partout, découpée et brute sur les pics, broyées et lissée par les anciennes glaciations en dessous. Pause picnic dans le frais de lombre des arbres au dessus de moi, le soleil est déjà passé derrière la montagne qui continue de grimper derrière moi. queenstown au pied de la face sud est déjà dans l'ombre depuis longtemps  -tout est inversé dans cet hémisphère, une bonne maison doit être exposée plein nord -. La température chute vite je remballe et attaque la descente quand deux têtes familières apparaissent, Pete et Jess de l'auberge Grovetown!


On se donne des accolades, amusés de se retrouver dans ce coin de pays. Deux semaines qu'ils y sont, garés à l'extérieur avec leur van. Toujours pas de boulot ils sont peut être arrivés un peu tard pour les emplois de la saison d'hiver. Photo souvenir avant de retourner chacun a nos aventures. Salut les anglos, merde pour le boulot!
Redescendu sur le plancher de la ville je m'attelle à préparer la grosse farce du jour. Je vais me pointer la veille de l'anniversaire de Clarisse, une amie qui habite ici même. J'organise secrètement mon arrivée avec son copain kiwi, Ten. Il passe me chercher en ville car ils habitent frankton en banlieue, et c'est avec un allumette sur une pâtisserie de supermarché que je débarque en chantant joyeux non-anniversaire! Succès au rendez vous, la Clarisse est toute émue et rit de son copain qui l'a bien eu! Pas facile de tromper une miss ragot! on passe une soirée entre amis ça fait du bien de se retrouver. Je déplie mon sleeping dans leur chambre d'amie après de nombreuses heures nocturnes sur l'ordi pour mettre à jour le fameux blog, un travail de longue haleine!
Et ceci n'est que la première étape du plan diabolique, Chris mon ami de France, qui vit à Sydney avec sa copine à eu l'idée de se retrouver à queenstown pour faire la surprise à Clarisse pour son anniversaire! Il arrive le 13 mai le lendemain.



Au réveil j'embarque en ville avec Clarisse qui va travailler. Je monte avec mes affaires prétextant que je dois retrouver un ami des vendanges dans une auberge.
Comme convenu je retrouve Chris dans un bar de queenstown, fraîchement débarqué de l'aéroport, incroyable. Ça nous rappelle les pots à Gambetta, quand on habitait pas loin l'un de l'autre, mais on est la, à l'autre bout du globe. On hallucine sur notre façon de voyager, l'avion abolit aujourd'hui quasiment toute frontière pour celui qui a le portemonnaie qui va bien. Le soir c'est la deuxième partie de la bonne blague. Ten et Clarisse au bar, je débarque et lui demande de fermer les yeux, Chris rentre alors et c'est la qu'on lui chante un joyeux anniversaire en chœur! Elle ouvre les yeux et n'en revient pas. On l'a bien eue, la bière coule à flot pour se remettre de nos émotions! Après cinq ans ou plus on se retrouve enfin autour d'une table, changement de décor la dernière fois était certainement à Paris! La vie de voyageur du 3ème millénaire, du grand n'importe quoi...









Mardi 14 mai 2013
Autres retrouvailles, Hiro de Grovetown déboule sur queenstown! Et partant tous les 3 à l'assaut de la colline de queenstown, on tombe sur Daf et Jen de Grovetown aussi! Le couple gallois anglais vient juste d'arriver et reste avec pete et jess à lexterieur de la ville. Le pays est décidément bien petit et l'île du sud encore plus.






Je passe les 15 et 16 mai avec Chris à Wanaka, à 1h de queenstown. Moins encaissée et beaucoup plus tranquille - voire un peu trop tranquille dans cette inter saison- on se fait une superbe balade le long du lac sous les dernières couleurs de l'automne. Picnic et ricochets foireux, on se balade en prenant de nos nouvelles depuis l'année passée.
















Le 16 au soir pots de départ pour Chris et moi, on se retrouve une dernière fois avec Clarisse Ten et Hiro autour d'une pizza et quelques pichets. Hiro me raconte ses expeditions dans les montagnes entre la cote ouest et queenstown, seul dans les huttes sans bois sec et sans bougie après avoir traversé des rivières jusqu'à la taille! On quitte la bande le lendemain, Chris monte dans son bus pour l'aéroport de Christchurch et moi je marche jusqu'à frankton pour lever le pouce en direction de la côte est. Qui sait ou on se retrouvera la prochaine fois! Il fait pas chaud dans les premières lueurs du matin, en t-shirt pour ne pas transpirer sous le poids de la charge, mes bras s'engourdissent face au vent, le ciel est couvert.
Sur les 10-11h, ça prend et mojo rasta blond et descendeur vttiste me donne un lift, jusqu'à dunedin bigre! On traverse les paysages lunaires avec la drum'n bass psy trance qui résonne dans la voiture, mojo est Dj à ses heures perdues dans la région de motueka, non loin de Nelson ou j'étais passé avec ma mère, dans le nord de l'île du sud. On s'engouffre dans gorges et canyons, entre les monts pelés et écorchés qui s'élèvent de part et d'autre des long lacs. on se fait une pause sur le bord de la route, un coin de verdure pour enfiler nos casse croûte. Mojo a quitté son ancien job, 5ans a refaire les pistes de VTT au sud de Nelson. Il a différents projets qui l'attendent à son retour, construire une auberge et réinjecter les fonds dans une communauté qu'il a envie d'établir peut être sur la côte ouest. Regrouper des amis artistes et recevoir des voyageurs aux talents différents  pour échanger, apprendre.
Pied au plancher, on traîne pas sur la route, et il est même pas 15h que je me retrouve en plein centre de Dunedin, je peux encore profiter de quelques heures de soleil, Merci Mojo!



Je finis dans une auberge sur les hauteurs et visite la galerie d'art de la ville. Incroyables aquarelles de Frances Hodgkins et des études aux fusains de Frank Brangwyn, tous deux excellant a retranscrire la vie et le mouvement, fabuleux! Je poursuis mon tour de ville alors que le ciel se couvre quand à un carrefour, un bras sors d'un van en criant un "Nils!" Yann et Ann deux autres backpackers français rencontrés aux vendanges passent dans le coin! on prend la photo souvenir tout en se donnant des nouvelles, ils sont sur le point d'envoyer leur candidature pour le casting de figurants du prochain épisode du Hobbit de Peter Jackson, le réalisateur bien connu Néo zélandais! Je regarderais les crédits de la prochaine mouture d'ici la bon vent les amis.



les ecoliers qui grouillent de partout

vide intersideral

galeried'art de dunedin

a l'interieur une locomotive

Le jour suivant c'est sous la pluie que je poursuis la visite avec Celia et Eri, chinoise et japonaise également en permis vacances travail. Marché aux saveurs locales, on se croirait presque à la maison! brève visite au musée d'histoire labyrinthique, la fac aux allures britanniques, magasins de deuxième main, on finit devant une tasse de the et un bon vieux jenga...


eri





celia, naaaaan pas celui la!!!

19mai 2013
C'est le temps de partir en stop, je vais retrouver Elise la randonneuse de Nelson lakes! Elle se dirige aujourd'hui vers christchurch depuis le nord pour y récupérer un campervan. Elle voyage avec sa cousine et on doit se retrouver tous les trois là bas.  Je vais passer mes deux derniers jours avec elles et faire un tour sur la péninsule d'Akaroa avant de partir pour l'Australie.
En attendant il pleut comme il faut et ma chaussure rapiécée ne tient pas sous la semelle, petits inconforts en attendant de retrouver la chaleur de l'Asie sous peu, ça fait flotch flotch. Mais j'ai à peine posé mon sac qu'une voiture s'arrête! Philippa s'en va à Christchurch, incroyable une autre ride directe! J'accepte avec plaisir sous un temps pareil. Pendant plus de quatre heures je partage la vie de ma chauffeuse. Ses joies et ses peines. Et surtout un regard éclairé sur la situation sociale de dunedin et Christchurch. Choquant. Cette femme mériterait un livre sur sa vie. 2 enfants a tendances autistes, un gendre dont la mère à perdu deux maris à cause d'un cancer, l'autre d'un avc, son troisième a perdu tout son argent en jouant. Elle est finalement morte d'un cancer sans un sou. Un gendre orphelin qui est alors venu d'Australie pour habiter avec sa fiancée. Elle s'est fait escroquer par une amie vendeuse dans l'immobilier qui s'occupait de ses biens. Cette amie a pris la fuite mais grace a sa deposition ils lont retrouvé et le proces aura lieu dans deux jours. Son ex mari est devenu alcoolique et l'a frappait après qu'ils aient découvert qu'il était stérile. Apres 23 ans de mariage avec son 2ème mari, au lieu d'enfin prendre une lune de miel ce dernier a donné tout leur argent à son frère qui a également tout perdu en jouant. Elle l'a quitté et s'est retrouvé un autre compagnon. Le même frère du mari de philippa a escroqué un locataire d'un logement que philippa louait à des étudiants. Ces derniers envoyaient leur loyer à une agence pour qui il travaillait et qui était censé rediriger la somme sur le compte de philippa. Le frère se la gardait dans la poche. Elle a eu des locataires qui ont battu la femme du voisin après avoir cassé la barrière de séparation. Les policiers machistes de dunedin ont donné raison aux jeunes en disant que la voisine n'aurait pas du élevé le ton. Pendant 3mois les jeunes ont harcelé le mari pour quils sortent de chez lui pour en venir au mains. Comme il ne venait pas ils lui ont détruit sa voiture. Un de ces mêmes locataires a par la suite roué de coups philippa après qu'elle leur ai rappelé qu'il était interdit par leur contrat d'avoir un chien à la maison. Elle s'est défendu avec ce qu'elle avait dans sa main, une fourche car elle faisait des travaux sur le terrain de la location et le jeune s'est empalé la main dessus. Il continuait de la frapper jusqu'à ce que le compagnon de philippa arrive, seul témoin de la scène. Au final elle s'est retrouvé inculpé d'agression armée. Elle encoure de 2 a 7 années de prison. Une jeune flic stupide de dunedin à pris le parti des jeunes encore une fois. Le procès
 aura lieu le 10juin et si ça ne marche pas elle ira le contester à Christchurch et poursuivra également la police de dunedin pour incompétence. Son compagnon actuel lui a fait perdre 65000$ après qu'il ait changé d'avis et n'est plus eu envie de construire une maison sur le terrain que philippa avait acheté à cet effet, elle a du le revendre. Mais elle doit rester avec lui jusqu'à ce que le procès soit terminé. Autant dire que Philippa ne connaît pas les vacances. Elle soit s'occuper de deux fermes de vaches pour abattoir, un terrain d'exploitation forestier sur la côte ouest, 3 logements qu'elle loue et entretient elle même après que sa fille n'est pas pu s'adapter à la vie seule ou avec des colocataires dans ces 3 logements qu'elle avait acheté. Depuis le tremblement de terre à Christchurch il y'a déjà plus de deux ans, son fils de 25 ans a peur de sortir à cause de la reprise d'une secousse et de rencontrer des cambrioleurs. Une excuse supplémentaire qui lui permet de se plonger d'autant plus dans son univers virtuel fait de série animée comme bob l'éponge les simpsons ou de jeux vidéo de plateforme ou casse brique- pas de violence ça lui fait trop peur, c'est déjà ça-. Dur de faire grandir ces enfants dans le bonheur sans les protéger.

Sa joie vient surtout de sa fille adoptive, Karen, une amie de son fils avec un qi inférieur à la normal mais rempli de potentiel! Elle a recueilli Karen a sa demande, la petite la préférait à sa propre mère qui l'incitait à avoir des rapport sexuels comme la sœur jumelle de Karen en avait, puis la traitait de lesbienne quand a 15ans elle ne voulait pas coucher avec ses copains. Philippa l'a poussé a développer ses compétences et a se battre dans l'environnement machiste de la profession ou aucun ne lui donnait une chance. Elle travaille maintenant en aménagement d'espace public, presque paysagiste, elle passe des concours et va toujours un peu plus loin dans la complexité des tâches, grâce aux coups de pouces de philippa pour la motiver. Prochain objectif de Karen: se trouver un mec! Philippa l'aime et c'est réciproque, elle est son grand bonheur.
Pour revenir sur dunedin, ville étudiante aux apparences festives, philippa me précise que ce n'est pas une ville pour les filles. Arrivés à la majorité les jeunes boivent énormément dans cette ville remplie de bar et la violence en découle comme avec ses locataires. Même avant cet âge la perte de contrôle se fait ressentir. La gardienne du double des clés d'un de ses logements allait une fois au square regarder jouer son fils de 9ans quand celui ci s'est pris une pierre dans la tête par un gamin de 10-11ans. La mère à sermoné le gamin qui est revenu dix minutes plus tard avec une dizaine d'autres jeunes pour la caillasser. Ils ont cessé quand un d'eux l'a reconnu, et a fait reculer le groupe in extremis quand les autres ont hurlé "si si il faut qu'on la caillasse!".
Un ami de son fils venu à la maison jouer l'a traité de grosse vache en lui demandant de la glace. Après lui avoir expliqué qu'il ne fallait pas dire ça elle a appris que c'est comme ça que le père de l'enfant appelait sa femme.
Philippa à un frère enseignant, lui aussi à adopté une fille, une de ses élève, brutalisée à la maison par sa mère et ses frères. C'est le frère de philippa qui a payé pour lui réparer la mâchoire qu'un de ses frères lui avait brisé. Une autre fois sa mère à insisté pour qu'elle aille lui acheter des clopes en prenant la voiture. La fille avait 14ans et voulait prendre son vélo mais sa mère allait la frapper. En chemin elle s'est bien sur fait arrêter par les flics. Amende. Que bien sur la famille n'a jamais payé jusqu'à ce que la somme atteigne un montant colossal. C'est le frère de philippa qui a du tout expliqué aux policiers pour annuler la dette. Depuis la fille vit avec lui et sa femme.
J'en oublie bien sur mais entre ça, le taux de violence conjugale plus haut qu'aux etats unis dont me parlaient anna et son couchsurfer quand j'étais à auckland et aussi le fait que les jeunes femmes de Christchurch ne peuvent pas trouver de mec, car tous ceux en ville sont venu pour la reconstruction et ne pense qu'à tromper leur compagne restée au foyer, les femmes néo zélandaises ont une sacrée force de vivre pour s'en sortir.
Toujours le cœur sur la main philippa me dépose en centre ville. Je prend ses coordonnées pour savoir l'issue du procès qui s'en vient début juin. Je la remercie chaleureusement pour ces précieuses heures en sa compagnie et la regarde s'éloigner. Bon courage pour la suite.

Philippa


Un coup de téléphone aux filles pour se retrouver, je pars faire un bref tour dans la partie sud du centre, toujours vide, des parkings à perte de vue remplacent les immeubles et maisons effondrées. des magasins ont trouvé boutique dans des containers aménagés, des peintures au sol et sur les murets égayent quelque peu les lieux, pas facile.















a la memoire des disparus



Les filles me rejoignent en fin d'après midi, le soleil déjà passé depuis longtemps derrière l'horizon en ce début de saison hivernale. Je découvre leur camper de luxe, 4couchages, table, évier, frigo, 2 feux, sièges à l'arrière bref la totale! J'embarque sur la 3e place à l'avant, en route pour la péninsule de Banks, sous la pluie et dans la nuit on se trouve un parking pas loin de l'eau, vers lyttelton, quelques verres et des chips en guise de repas, on s'abrite sous un kiosque, recouverts de nos épaisseurs. Le lendemain le temps se degage un peu, les nuages bas filent et laisse entrevoir les reliefs de la peninsule. on prend la route des sommets jusqu'au village d'akaroa à l'extrême est, magique. Un picnic à pigeon bay au bord de l'eau, un petit air canadien entourés de pins et mousses, l'eau qui clapote sur les galets de la rive. Garés à akaroa on dine à l'intérieur la pluie est revenue mais le moral est toujours bon, je vis au présent ma dernière soirée en nouvelle Zélande avec Hélène et élise. Demain est une autre histoire.

















21 mai 2013
Et l'heure fatidique arrive après avoir parcouru la route en sens inverse, vers les 13h c'est les adieux, les filles me déposent à l'aéroport de Christchurch, la classe, merci pour ces deux journées en votre compagnie ! Bonne route les filles et au revoir pays lointain! Une pensee a mon micka et ma audrey et tous les amis que j' ai rencontré. Plus de six mois chez les kiwis j'ai pas tout vu mais ça m'a plu. De beaux moments et de belles images me restent encore. Je les emporte avec moi et y repense dans l'avion qui décolle.