jeudi 28 mars 2013

le pèlerin

Mardi 12 mars, 9h15 a la sortie d'Inglewood

Le lendemain de ma balade sur le Taranaki, Lois repartie, mon sac a mes pieds, je tends le pouce.
Rapidement Carmen m'embarque, une nana toute en sourire qui va bosser dans un café du patelin d’à côté, merci mdame!
Carmen
Ensuite c'est a nouveau une femme du coin, Antoinette, jeune maman très timide mais qui n'a pas hésité a me prendre, elle faisait pas mal de stop dans les environs, jusqu’à ce qu'elle achète cette caisse. Difficile de la comprendre, elle murmure en n'entrouvrant que les lèvres. Je suis battu a plate couture sur la non articulation! (hein Guena!) Elle fait un crochet pour me déposer a la sortie du bled ou elle va bosser, je la remercie quand elle repasse devant moi, un petit sourire en coin, salut!

Antoinette la discrète
Pas grand monde ici, on sent que je m’éloigne de New Plymouth, un 4x4 s’arrête quand même! Un type dans la soixante dizaine sort et m'ouvre la porte du coffre alors que je soulève mon sac, "par ici jeune homme". Je rencontre John et sa femme a l’arrière, Jean, discrète. Un personnage assez incroyable, et pas dans le bon sens, rapidement alors que je raconte brièvement ce que je fais sur la route et ce que je compte faire après mon voyage, il me rétorque que c'est peine perdu que de toute façon l’humanité coure a sa perte. Je le consterne en lui apprenant que je ne suis pas croyant. "L'apocalypse est proche!" qu'il répète...j’entends et écoute son discours de prophète et comprends sa peur de l'homme qui saccage tout sur Terre mais il me dit ensuite texto que si le fléau va s'abattre sur les hommes c'est la faute aux "homosexuels qui se pénètrent dans l'anus et se propagent les maladies depuis le siècle dernier", la raclure j'en reviens pas!!! John ne mâche pas ses mots!!! J'essaie d'argumenter en l'instruisant sur les MST, le poids de l'histoire, sur l’homosexualité qui existe depuis toujours, rien n'y fait il cherche la raison la ou ça l'arrange. Il enchaine sur le jour J qui viendra quand tous les hommes auront un numéro tatoue dans la paume de la main droite, je lui rétorque que la fin du monde est déjà présente pour certains, que vu de son petit paradis il voit les signes dans les journaux mais que la réalité est que certains vivent déjà dans l'horreur quotidienne. En parlant de numéro je le renvoi a sa carte de crédit, sa carte d’identité, les frontières, alors oui mon petit père t'es fiché, et personne ne t'a demandé ton avis. Évidemment cause perdue, je le laisse déblatérer et le pousse au bout de son "argumentation" tout en apaisant la discussion, ma curiosité de savoir d’où vienne ces pensées... On arrive a destination. Après lui avoir tire le portrait John me dit d'inscrire au dos de la photo(c'est mignon encore l'ere de l'argentique, fichtre) "un vrai croyant chrétien fondamentaliste" oui c'est le moins qu'on puisse dire... Avant de sortir du véhicule, John fouille dans son vide poche et en sort dvd ou je vois imprime en gros "Jesus ...". Je souris et lui répond que ce ne sera pas la peine. Allez salut merci pour la ride, en espérant que l'illumination te vienne et éclaire ta lanterne...

John, "un vrai croyant chrétien fondamentaliste"

Je reprends mes esprits et hallucine d’avoir rencontré cette personne, un vrai cliché qui malheureusement est bien réel...une âme perdue qui essaie de s’échapper de la réalité sur un bateau a la cale percée... Les voitures défilent et personne ne s’arrête pedant une demi-heure, c'est bien la route principale, mais c'est aussi la loi du stop, on ne sait jamais on repartira exactement. Puis enfin une bande de  gars du coin deccelerent a ma hauteur et me conseille d'atteindre le macdo plus loin c'est la que les autos embarquent pour Wanganui, la prochaine grande ville. Alors que je reprend la route un voisin maori m'interpelle, il m'a vu faire le pied de grue et s'enquiert de ma destination. Je lui répond et il me propose de me faire un café pour la route. Sympa! Je le remercie mais je préfère continuer la route pour sortir de ce trou, apres coup je me dis que j'aurai pu m’arrêter mais des fois quand on pose son sac, on ne repart plus et c'est ça qui est bon d'ailleurs mais je préfère arriver assez tôt en ville pour revoir Micka et Audrey, j'ai plus de portable du coup il me reste internet pour les retrouver, leur faire un coucou avant de repartir pour l'ile du sud et les vendanges. Je sens le vent du raisin qui s'en vient!
En marchant sur le bord de la route, une vieille caisse se gare devant moi. Deux gamins a l'avant, j'en crois pas mes yeux, je leur donnerais 15 ans a tout casser. Et c'est que le chauffeur me parle comme un bonhomme, excellent les kids! Ils vont piquer une tête dans un lac et bifurquent au milieu des plaines pour aller chercher un camarade. Je remercie les deux rejetons qui me laissent sur la route principale.

Daniel et Jason



C'est une petite famille Maori qui prend le relais, Kihe (prononcer Kayi) s'est dit que je devais crever de chaud au milieu de nulle part sans ombre. Tu parles y'a un vent a décorner les bœufs mais qui certes m’assèche! je remercie vivement Kihe le nounours aux airs de gros dur a la 50cents. Enthousiaste pour la photo, ils sortent eux mêmes de la voiture pour prendre la pose. Merci pour la ride!

Kahu, Kihe et leur petite

Quelques minutes plus tard je saute a l’arrière d'une voiture d'un couple d'allemand en visite. Cindy et Alex ont un boulot qui les attend dans le nord de l'australie une ville abandonnée ou viennent trainer les touristes. l'ensemble du personnel de ce lieu hors du monde, une cinquantaines de personnes, vit en communauté. Ils prennent les taches a tour de rôle, hôtellerie, cuisine, accueil, vente... Du coup ils profitent de leur billet d'avion pré réservé pour visiter la Nouvelle Zélande voisine. Ils me proposent de les suivre pour visiter un parc et aller voir des souffleurs de verre a l’œuvre. Je décline poliment l'invitation et poursuis mon chemin. Merci et bon trip!

Cindy et Alex

un magnifique restaurant a la sortie de Wanganui, des etraves a l'avant pour ceux qui ne paient pas

Je contourne a pince Wanganui, pour le coup il fait une chaleur a crever, mon sac n'arrange pas l'affaire, j'atteins enfin l’entrée de la bretelle en sueur et me pose. Je sors le casse croute, je mords avec passion dans mon quignon de pain et mon bout de fromage pendant que les poids lourds font vibrer le sol a cote de moi. Rien a faire j'ai tellement faim que j’apprécie quand même ce carre d'herbe, au bord de la route et je savoure mon repas! Rassasié, je me relève et souris et mes potentiels chauffeurs. Rachel s’arrête! Encore une nana, c'est ma journée! Elle va rendre visite a son père a Palmerston North, je bifurquerai avant pour descendre sur Wellington. Elle vient de rentrer il y a dix jours a peine de Chine ou elle a passer un an comme prof d'anglais. Une expérience enrichissante et qui apparemment l'a motive a poursuivre le voyage, elle repart bientôt pour Madagascar ou elle a dégoté un stage dans une réserve marine. Elle aussi change de vie et poursuis son idéal du moment. Et ca lui donne un grand sourire. Elle se gare avant ma bifurcation, prend un café et la pose avant de reprendre la route, merci Rachel!

Rachel



Peu de trafic ici aussi, c'est Paul qui freine plus tard avec sa vieille bmw. je fourre mon sac a l'arriere, rabat le siege et l'engin démarre. Assez austère de prime abord, je sens son aura qui flotte autour de mon discours, je note que je l'ouvre parfois un peu trop a l'encontre de mes préceptes: suivre le flot de mon conducteur. Un silence, j'attends qu'il prenne la parole. Et puis ça repart, et fort, on parle de la société, d’éducation et des problèmes de gestion de déchets, d’actualité. Un type intéressant, il me rétorque plusieurs fois la même chose au fil de mon discours, je suis têtu mais il ne lâche pas prise et ne me laisse pas déblatérer mon laïus. Et ça rentre, ça bascule quelque peu mes pensées, ça rejoint aussi le sentiment de ma spiritualité (la différence entre ce qu'on dit et ce qu'on pense au fond de soi). Il me pose alors la question suivante "What drives you in life?" qu'on pourrait traduire par "qu'est ce qui te tire dans la vie?". Après nos conversations c'est la question a dix points, whaou, je répond quelque chose de vrai mais maladroit dans la forme, encore une connerie de société.
Difficile a décrire a posteriori ce qui s'est passé, des mots, un silence, la voiture, le moteur qui ronronne, les voitures qui défilent, ici, l'autre bout du monde, mon sac a l’arrière, il a réussi a changer mon point de vue, a tuer certaines bêtises sociétales de mon discours, une prise de conscience. Il pousse ensuite mon discours et puis m'assure de chercher la réponse jusqu’à ce que je trouve, de garder ça en ligne de mire coute que coute, qu'il n'y a que ça qui compte. Je lui retourne alors la question. Et sa réponse est la, dans cet échange, ce qu'on fait a parler dans cette voiture. Je le prends comme tel et je dois lire entre les lignes. C'est le moment de se séparer, il va faire de la plomberie chez des amis. Le temps d'une ride, Paul était ma voix intérieure, un pèlerin sur le chemin de la vie comme tout le monde mais aussi un guide. Après a moi de faire les choix pour l'avenir mais c’était un moment exceptionnel de le voir ne pas lâcher le morceau et d'approfondir mes paroles, rejoindre plusieurs thèmes qu'on avait abordé et de leur donner un sens commun, vital. Beaucoup de paroles et d'informations flottent encore dans mon esprit, je reste un peu sonné, je dois faire le tri dans tout ça et pour résumer peut-être m’écouter autant qu'écouter les autres.

Paul, merci
Pour mon dernier lift, une arrière grand maman me prend en stop. 93 ans et toujours au volant! Toute mignonne elle me parle de sa famille et me demande si ma mère sait ou je suis. Elle va a Wellington rendre visite a ses deux fils. Pendant le court trajet on fait la causette sur les environs de Wellington qui s’étendent de nouvelles banlieues. Arrivés en ville, Rose est un peu gêné de se faire tirer le portrait, dommage elle avait un joli regard. Elle me dépose sur un parking du centre ville, a cote de Te papa le grand musée de la ville que j'avais visité avec ma mère. Je la remercie bien alors qu'elle repart en direction du garage que tient un de ses fils.

Affairé sur mon ipod a chercher du wifi et entouré de mes sacs un des employés du parking me demande si tout va bien, je lui explique que j'essaie de retrouver le numero d'une amie. Sympa comme tout, il me tend son cellulaire pour que je puisse appeler Audrey, merci!

Je retrouve les deux amis Mika et Audrey le temps d'une soirée au backpacker Rosemere, celui ou j'avais passe quelques nuits avec ma mère, il y a deux semaines. On prend un coup a boire en parlant de nos plans passes et de ceux a venir. Mika va essayer de trouver du boulot sur Welli sa ville fetiche. Audrey est motivée pour embarquer demain sur le ferry et faire les vendanges. Qu'a cela ne tienne, on booke les billets,  decollage par le ferry de 10h le lendemain! Encore une folle journée sur la route, bonne nuits les amis!

lundi 25 mars 2013

stratosphere


Lundi 11 mars, New Plymouth

Réveil à 6h, petit dej a la fraiche dans le jardin de Jim, il me file quelques affaires pour le lunch, sympa. Aujourd'hui il ne travaille pas du coup il me propose de m'amener au pied du mont Egmont, le nom européen du Taranaki. Sur la route il est partout, on s'arrête pour la photo avant d'avoir le nez dedans.

pittoresque épique

Puis on pénètre dans la jungle du parc national, un disque vert qui recouvre les contreforts de la montagne, toutes les autres surfaces l'entourant étant utilisées pour l'élevage. La route est étroite, on aperçoit le haut du cratère par instant entre les fougères géantes. Au centre des visiteurs, je parle a une des dames de l'accueil de mon intention de contourner le volcan sur le flanc est en faisant une halte a la premiere hutte pour y laisser mon sac et faire l'ascension, elle me conseille de rester sur le parking nord, peu de gens stationnent au sud et la route est ensuite assez longue pour sortir du parc. De plus la hutte est privée et il n'y a pas de point d'eau. Et autre découverte, comparé a la vieille carte que m'a montre Jim la veille, la route du sommet qui est proposée dure entre 8 et 10h aller retour! Changement de plan, sur son invitation, je laisse le gros backpack dans leurs locaux, l'ascension sera bien assez pour la journée! Je salue Jim sans qui je n'aurai pu arriver la maintenant, merci mille fois! 9h15 en route!

pose sérieuse pour Jim l'architecte

Je fais une halte pour enlever des épaisseurs, le soleil cogne déjà, en me retournant je contemple la vue. La plaine baigne encore dans la brume matinale, a l'horizon émerge le volcan Tongariro a coté de ses deux frères le Ngauruhoe et le Ruapehu, les volcans qui m'avaient accompagné le long de leur traversée en décembre dernier, impressionnant de les voir de si loin!

devant. tout a gauche la hutte, ma première halte
Edit: dans la légende Maori, les volcans sont des dieux et cette montagne est devenue solitaire car elle a voulu faire des avances a Pihanga, Tongariro furieux a livre bataille contre Taranaki, Pihanga s'est range aux cotes de Tongariro vainqueur et Taranaki s'est exile ici (source wikipedia), les maoris ne sont jamais installes entre les deux volcans de peur que le Taranaki ne se réveille pour aller se venger de Tongariro.

derrière. les trois volcans cousins

La première partie grimpe en longs lacets, je marche sur un large sentier ou passent les quads, de grosses falaises se dressent au dessus de moi, les poussées du volcan. La végétation encore dense et haute au départ à 945m s'éclaircit rapidement, les arbustes, les buissons puis l'herbe sèche de succèdent jusqu'à la première hutte du sentier périphérique à la montagne, à 1500m. Je reprend mon souffle et regarde les veines de roches du volcan qui s'agrippent dans la plaine, le parking miroite, petite tâche au milieu de la forêt, sur ma droite la mer Tasman longe le volcan et au bord de l'eau New Plymouth ou je dormais hier.

les gorges et la démarcation très net du parc et des pâturages

une des tables qui cache le volcan

caca-haut
J'attaque l'ascension, la partie rocheuse!
Des éboulements tels des silex géants, puis des escaliers, plutôt des échelles qui permettent d'arriver sur les flancs de scories... La rando prend une autre allure, à chaque pas mes pieds s'enfoncent dans les particules de roches et glissent. On doit maintenir la cadence sinon on revient au point de départ. Les nuages de poussières volent. Le vent est froid mais le soleil tape dur, la montagne! Mes cuissent commencent à chauffer et scrutent les rochers du dessus avec envie. Enfin un promontoire fixe, une pause, je plisse les yeux sous mon chapeau de paille, la luminosité est intense, accentuée par les scories au tons gris clair, quelques unes jaunies par le souffre. Les fines couches d'altitude que j'ai traversé donnent l'impression de voir la rotondité de la terre, un liseré blanc qui détache les bleus du ciel et de la mer. 

 


la mer tasman derrière le chapelet de volcans (la grosse puis la petite tache verte dans l'axe, la premiere a le cratere marron et enfin un tout petit au bord de l'eau d’où ne sortent plus que deux cornes, le cratère etant immerge)
 


Des sourires s'échangent avec les autres marcheurs, peu de mots, chacun regarde ses prises pour gravir l'épine dorsale, un dédale de roches volcaniques. J'aperçois la crête, ce qui semble être le col du cratère, et une petite tâche blanche sur le côté.
Quelques centaines de mètres plus loin je contourne une paroi en me tenant aux pierres qui dépassent.
De la neige, enfin ... de la glace! Incroyable toujours bras nu du à l'effort je bascule dans le cratère de glace.





Je fais l'ascension pendant la période de 2-3mois ou la neige ne recouvre plus les pentes. Je remonte sur l'autre partie du col, trois touristes israélien s'apprêtent à redescendre, je suis un jeune du coin qui s'installe pour picniquer, whaouhhh j'y suis, je vois l'autre côté de la montagne, face à la mer. Je m'installe et change de tshirt. À l'abri d'une grosse roche je sors mon casse dalle en admirant la mer Tasman. Au fond à gauche j'aperçois même l'île du sud dans une masse brumeuse, j'ai une veine pas possible d'avoir ces conditions météo. Le temps est stable et même si aucun nuage ne s'est formé, je me couvre de mon sweat à capuche, je suis bien à 2500m!



Je passe une bonne heure à apprécier les lieux et repenser à mon trajet depuis Auckland, j'ai une sacrée chance d'être ici! Des instants précieux. Je finis quand même par lever le camp pour ne pas être le dernier sur le parking et pouvoir sortir du parc. En me retournant, plusieurs groupes sont montés et font foule en pressant eux aussi sur leurs appareils numériques, photos de groupe avec sourires bananes. Je traverse la masse au son des déclencheurs et commence la descente, toute aussi chouette sinon mieux, j'ai cette fois ci l'horizon pour panorama et non les myriades de scories et mon propre souffle haletant de gravir les pentes abruptes! C'est un jeu de trouver de bonnes prises solides sous les pieds, je fais l'araignée ou le singe c'est selon, attrapant une roche par ci posant le pied par la. Et puis retour sur le tapis de scories, un type passe devant moi en dévalant à grandes enjambées la pente, dérapant sur les gravas en soulevant des nuages jaunes, je le suis et c'est génial! Les scories soutiennent mes pas sous les chaussures et me ralentissent dans les sauts, c'est pas du ski mais s'en est pas loin non plus! J'échange deux trois mots avec le mec, c'est un gars du coin qui aujourd'hui est allé sur la tortue, une plateau de roche sur le versant ouest. On se suit comme des cabris descendant la montagne. Les escaliers, les silex de deux mètres, la hutte.





Je pose mon sac allégé du picnic et d'un litre. Un coup de flotte un bout de chocolat et une dernière banane séchée, prêt pour le final. Je continue la descente en jogging, interrompue par des séances photos, un coup d'oeil à l'heure, je me rapproche de 16h30, l'heure de fermeture de l'accueil, une des nanas m'avait dit qu'elle pouvait me donner un lift jusqu'à la sortie du parc. Je presse le pas du coup mais aussi parce que j'aime ça, faut bien le dire. Challenge réussi j'arrive à 25, dégoulinant de sueurs froides mais avec un gros sourire. Un tour aux toilettes me débarbouiller, en repassant prendre mon sac, la dame de l'accueil me demande si je veux repartir avec elle et sa collègue. Bin oui mdame, merci bien!

Le temps de sortir et réorganiser mes affaires, leur petite voiture de service se gare devant moi, j'ouvre la portière et monte à l'arrière avec mon sac. Je fais connaissance avec Joy et Lois. En me demandant ou je me dirige et où je dors ce soir, effrayée que je mettes le sac de couchage dehors, Lois, mère de quatre enfants me propose une bière, une douche, un repas chaud, un lit et de me ramener demain matin sur la route en direction de Wellington! Alors c'est la cerise sur le gâteau, il est tôt dans la journée mais j'ai peu de chance d'arriver à Wellington aujourd'hui et rien ne presse, c'est une nouvelle occasion de rencontrer les kiwis, je dis oui, bien entendu!
Lois et Joy

Changement de véhicule a la sortie du parc, je salue Joy et embarque dans la voiture de Lois. On arrive à sa maison ou elle habite avec David son mari, il s'occupe des vaches laitières de leur ferme. Lois travaille depuis deux ans à l'accueil du parc, elle est bonne copine avec Joy qui y bosse depuis 12 ans et connaît tous les secrets de la montagne.
Le soleil se couche tranquillement sur leur jardin, je me pose dans l'herbe et leur fais un petit dessin de leur masure pour les remercier. Je rencontre son homme et partage leur repas, je suis gâté d'un crumble au dessert, pomme et fijoa un fruit local qui sert aussi à faire de très bon chutney! On discute voyage autour de l'atlas.
chez Lois et David

Le soir j'étale mon sac de couchage sur le lit queen d'une des chambres vides de leurs enfants, tous partis depuis quelques années. Avant de tomber dans un sommeil profond je sens mes cuisses et mes mollets heureux de s'étirer, c'est dingue d'être là, toujours surpris des hasards des rencontres de la route.
une bonne journée et maintenant une bonne nuit.
Le lendemain matin je me fais du gruau pendant que Lois prépare le deuxième petit déjeuner aux oeufs-bacon pour David, il s'est levé a 5h30 pour s'occuper des bêtes, je lui dis au revoir entre deux bouchées.
A 9h15 Lois me depose sur la route du sud, elle me prend dans ses bras et me souhaite bonne chance pour la suite. C'etait encore un arret totalement imprevu, merci Lois! Allez on retend le pouce gaillard, whaou!

dimanche 24 mars 2013

vers l'olympe


Dimanche 10 mars

Départ d'Auckland, je passe a nouveau la porte de chez Anna, cette fois-ci direction le mont Taranaki au sud ouest de l'ile, un volcan actif qui s’élève de la mer Tasman pour atteindre 2500 mètres d'altitude. Sur les cartes du pays que je scrute depuis des mois, la montagne m'a toujours fascinée, un cône presque parfait qui se démarque de son environnement complétement plat, une figure unique qui domine presque l'ile du nord, un géant qui pour les prochains jours ne se cachera pas au dessus des nuages. Le Taranaki, un crochet sur ma route vers les vendanges, peut être ma dernière chance d'aller le voir.

En attendant de découvrir le vertige des cimes, la réalité me cloue au plancher, mon sac pèse des tonnes, je garde encore l'ordi que j'avais dégoté à Wellington, dépoussiéré d'une colloc ou on le laissait croupir. Résultat même après m'être débarrassé de mes affaires d'hiver mon sac s'est transformé en monstre. Pour le moment j'en garde encore le contrôle, mais a quoi bon, je me dis toujours qu'à chaque fois que mon sac prend du poids, je régresse dans le voyage.

M'enfin bref je sors sous le soleil de midi et me trimballe jusqu'à mon spot de pouceux. Le maillot colle aux sangles de portage, c'est l'étuve sous mon chapeau en papier de soie. Je souffle un bon coup quand je pose le bardas sur simons et k-road, à l'entrée de l'autoroute sud. Un petit coin d'ombre et une petite brise aère mon t-shirt. Je réalise alors que j'ai pas mon cellulaire, ni surement mon cordon pour recharger l'ipod et les adaptateurs de batteries, bref les petits classiques de la route, encore un coup du sac escargot bien trop rempli. Aucune idée d’où ils pourraient se trouver, après balance du pour et contre, le voyage m’appelle, milieu de journée, pas d'envie de faire demi tour fouiller le fouillis, je ferais sans! Après une très grosse heure d'attente, pouce tourné vers le haut, je décroche une voiture de la file de l'embranchement, ouais!

Zahir, d'origine Palestinienne travaille comme médecin dans un hôpital dans la banlieue. Sa famille a émigré un peu partout dans le monde, seule sa tante demeure encore au pays. 12 ans qu'il est en nouvelle Zélande, il a aussi travaille en écosse. On parle tolérance et religion, un homme ouvert qui à l'air d'accueillir chaque jour avec un grand sourire. En partant attentionné il se soucie de savoir si je veux qu'il me prenne une bouteille d'eau au dépanneur, je décline car j'ai ce qu'il me faut et il me donne quelques bonbons pour la route (oui je sais il ne faut pas accepter les bonbons des messieurs). Je quitte mon chauffeur qui me donne tout de même un petit pamphlet sur Mahomet et l'Islam. Sacré Zahir! Salut et surtout merci pour cet échange.

Zahir
Je remonte l'échangeur pour me mettre en vue à la fin de la bretelle d'autoroute, deux minutes passent et un groupe de quatre jeunes demoiselles me font de la place à l'arrière de leur caisse. Toutes excitées de prendre un autostoppeur, elles me posent les questions classiques auxquelles je me fait un plaisir de répondre avec humour. Elles vont à la plage à vingt minutes de la, les fenêtres sont toutes ouvertes, radio à bloc, lunettes de soleil, cheveux dans le vent et ma voisine qui me tend une can de bourbon cola, elle est pas belle la vie!Elles me déposent sur un échangeur ou la chaleur ferait cuire un œuf sur le bitume, je les saluent pendant qu'elles repassent devant moi en gloussant. Salut les pitounes, bonne bronzette!

les ptites dames
Et je cuis comme un œuf sur cette bretelle en plein chantier... Heureusement c'est dimanche et personne ne bosse j'en profite pour déplacer les plots de sécurité le long de la voie d'accès pour que les voiture puissent se garer. Cette lointaine banlieue ne déborde pas d'activité le dimanche après midi. Je déguste ma gourde a petites gorgées en regardant les fumées d'un incendie qui se détachent sur le ciel immaculé. Une petite voiture finit par s'arrêter à mon côté en faisant voler un fin nuage de poussière orange. Fiona s'est dit que ça serait sympa d'avoir un peu de compagnie, à condition que je ne la tue pas! Promis m'dame! Elle vient de déposer ses deux enfants chez ses parents, on se racontent nos origines. Sa mère est maori et son père est "pakeha", le blanc en maori, un super mélange en tout cas! Elle me laisse a une sortie et je me retrouve a la campagne, enfin! dur de s'extirper des tentacules d'Auckland. Au revoir Fiona

Fiona
De retour sur l'autoroute, seul bout de ligne droite, Phil, fils de fermier de la région, me fait monter dans son break, sa mère et sa petite dernière à l'arrière. On parle job, il bricole chez des amis pour le moment vers Hamilton, pendant quelques années il retapait des boîtes de nuit sur Auckland mais c'était pas très payant, depuis il enchaîne toutes sortes de job. Il s'arrête à une station essence savoir quel est le meilleur chemin pour aller vers le Taranaki. Le pompiste me confirme de prendre la 39 ici à Ngaruawahia. Je laisse Phil poursuivre sa route de l'autre côté d'Hamilton. À plus l'ami!
Phil
Très rapidement une petite Toyota se met à ma hauteur. Son chauffeur fait de la place à l'avant. J'ouvre la portière et annonce ma destination, il va à new Plymouth juste à coté du volcan, génial!  Je fais la rencontre de jim, architecte pour les bâtiments de l'éducation qui s'en retourne chez lui, il avait rendez vous avec une école à Auckland. Beaucoup de paperasse qu'il me dit et pas tant de design. Oui mais c'est pour la bonne cause au moins que je lui réplique. New Plymouth est encore à une bonne trotte et Jim m'invite au subway, je prend la même chose que lui, un sandwich végétarien. On parle de voyage et me raconte son tour d'Europe à vélo qu'il avait fait quand il avait mon âge. Je remplis ma gourde et on reprend la route, le soleil décline tranquillement sur notre droite, la route se met à faire des lacets dans les gorges. Une flore tropicale nous submerge, accrochée à des pentes vertigineuses, et puis passé un virage, une plaine, un ancien marais asséché sur lequel le bitume fait des vagues mais en ligne droite. "The lady's mile" que ce tronçon s'appelle me dit Jim, dans le temps c'était le seul bout de route pendant lequel les hommes pouvait conduire tout en tenant la main de leur dulcinée! À nouveau la route se glisse entre les collines, certaines coiffées de pains de terre laissant apparaître des parois abruptes sur leurs flancs. À un sommet, Jim gare la voiture le temps d'admirer les derniers rayons qui lèchent les crêtes de la vallée.

Jim

On replonge dans les sillons des monts dégarnis en serpentant entre les fougères géantes. Progressivement elles s'effacent au profit de pâturages, la route est toujours en dos de chameau, le soleil se couche maintenant presque devant nous. Et soudain je l'aperçois, dans les lueurs orangées du couchant, devant moi, la pointe du mont Taranaki se dresse à l'horizon. J'en reviens pas, dans cet environnement qui ressemble maintenant à la Loire atlantique, un colosse de terre a poussé il y a quelques centaines de milliers d'années. Une figure de survivant au milieu de ce paysage déboisé, retourné, façonné par l'homme en moins de cent ans.

vulcain
Finalement on arrive de nuit à New Plymouth et Jim m'offre le gîte pour la nuit. Un grand merci pour ça. Je rentre dans sa petite maison a l’intérieur plein de charme, plancher grinçant, vieux éviers et baignoire en céramique. Dans l’entrée son vélo avec lequel il avait tourné en Europe, nouvelle fourche mais toujours opérationnel! Jim débarrasse un lit de tous ses documents d'archi, et d'un carton photo éventré d'où s'échappent quelques photos d'un voyage en Inde il y a quelque temps, tirages argentique. Je jettes mon sac de couchage dessus, c'est parfait. Jim tire une vieille carte détaillée du mont Taranaki avec les voies d’accès, après en avoir discuté dans la voiture il me montre comment monter au sommet, je vois une hutte ou je pourrai laisser mon bardas pendant l’ascension. Moi qui n’espérait même pas pouvoir grimper jusqu'en haut, j'ai les yeux qui brillent rien que d'y penser. Comme pour la traversée du Tongariro j'ai le projet de partir du parking nord et de randonner jusqu'au centre d'accueil sud et reprendre la route a cet endroit pour Wellington. Je verrai demain comment ça se goupille.

La nuit est magnifique et jim m'invite a aller sur la plage qui est à deux pas pendant qu'il vaque à ses occupations. Quelques minutes plus tard je marche le long de la mer dans le grondement des rouleaux qui s'éclatent sur les écueils. La voie lactée est au zénith, des bateaux démarquent l'horizon au lointain. Whaou quelle journée!!! Merci à toutes et à tous.







jeudi 21 mars 2013

reprendre son souffle

Jeudi 7 mars 2013

J'ai remis ma mère dans l'avion ou presque, une dernière embrassade, un dernier coup d'oeil et elle disparaît derrière le mur d'embarquement. Un vide. Trois semaines et retour à la case départ, mais c'est aussi plein de souvenirs et de moments entre mère et fils qui sont présent dans ma tête. À bien y réfléchir ça m'est rarement arrivé, si loin de la maison et si longtemps, avec ma mère! un petit moment hors du temps rien que pour nous deux, maintenant il s'agit de continuer la route, mais avant d'arpenter le bitume sac au dos, je fais une halte dans la ville revoir quelques têtes bien connues.

Je reprend vite les activités avec Klaus l'allemand des moutons qui fait un extra dans le coin pour son ancienne compagnie de marteau géant. Il passe me chercher en ville, on prend David au passage chez qui je dors ce soir. Direction la plage ou j'étais la veille avec ma mère, mission bay. Je prend des nouvelles des deux qui font connaissance, on se prend une glace en marchant le long de la mer.

Je passe les jours suivants avec David et Sabine mon couple franco-germanique. On blague autour du diner qu'ils m'offrent que je fais du woofing après que je les ai aidé à déménager. Entre leurs horaires de travailleurs je repasse a la galerie d'art d'Auckland, rien que pour l'architecture du bâtiment et le jardin aux arbres aux racines et canopées démesurées . Il est plus tard que la veille et les lumières ne subliment plus les réflexions mais ça reste un lieu inattendu vu l'assemblage de bric et de broc du centre ville.

le lamele du toit de la galerie d'art d'auckland, imitation fougere, la classe
racines imitation oeuvre d'art, la classe








Pour ma dernière nuit avant le depart au sud, David me dépose chez Anna, ma toute première hôte en nouvelle zelande! Je la retrouve en coup de vent, toujours très occupée, elle vient de finir les 3 représentations de sa troupe de comedie burlesque acrobatique, a guichets fermés!

Un plaisir amusé de rediscuter avec elle de ses dernières trouvailles et projets. Passer dans sa caverne d'Ali baba c'est avoir la chance de trouver des perles de bedoins couchsurfeur, et aujourd'hui c'est Léon et Alex, le dernier avec lequel je fais une visite au serres du musée d'Auckland et son arboretum de fougères. Un jeune londonien très ouvert sur les autres formes de pensée et autres cultures, graphiste animateur web de formation, il aimerait monter sa société de jeux éducatif en Inde en travailleur autonome. On parle philosophie de vie, voyages et expériences. On prend le temps de se poser sur la pelouse, je trouve un arbre a l'ecorce plein d'histoire, on ouvre nos carnets pour laisser quelques traces de nos visions.




Alex en plein dessin abstrait, a l'essai de son nouveau set de pastel Faber-Castell
Leon le belge et Alex l'anglo-neozelandais



Dimanche 10 mars.

Avant de decoller du nid, j'embrasse Anna qui se dirige a son cours de systema, du self-defense. on se recroisera avant mon depart du pays, peut etre en mai. Arrivé récemment Alex compte bien traverser le pays en long et en large, il m'échange ses coordonnées des fois qu'on se revoit dans l'île du sud. Leon part lui au festival des Iles du Pacifique. L'occasion de deguster des cuisines originales au son de groupes locaux. Salut la troupe, salut Auckland!