Le lendemain de ma balade sur le Taranaki, Lois repartie, mon sac a mes pieds, je tends le pouce.
Rapidement Carmen m'embarque, une nana toute en sourire qui va bosser dans un café du patelin d’à côté, merci mdame!
Carmen |
Antoinette la discrète |
John, "un vrai croyant chrétien fondamentaliste" |
Je reprends mes esprits et hallucine d’avoir rencontré cette personne, un vrai cliché qui malheureusement est bien réel...une âme perdue qui essaie de s’échapper de la réalité sur un bateau a la cale percée... Les voitures défilent et personne ne s’arrête pedant une demi-heure, c'est bien la route principale, mais c'est aussi la loi du stop, on ne sait jamais on repartira exactement. Puis enfin une bande de gars du coin deccelerent a ma hauteur et me conseille d'atteindre le macdo plus loin c'est la que les autos embarquent pour Wanganui, la prochaine grande ville. Alors que je reprend la route un voisin maori m'interpelle, il m'a vu faire le pied de grue et s'enquiert de ma destination. Je lui répond et il me propose de me faire un café pour la route. Sympa! Je le remercie mais je préfère continuer la route pour sortir de ce trou, apres coup je me dis que j'aurai pu m’arrêter mais des fois quand on pose son sac, on ne repart plus et c'est ça qui est bon d'ailleurs mais je préfère arriver assez tôt en ville pour revoir Micka et Audrey, j'ai plus de portable du coup il me reste internet pour les retrouver, leur faire un coucou avant de repartir pour l'ile du sud et les vendanges. Je sens le vent du raisin qui s'en vient!
En marchant sur le bord de la route, une vieille caisse se gare devant moi. Deux gamins a l'avant, j'en crois pas mes yeux, je leur donnerais 15 ans a tout casser. Et c'est que le chauffeur me parle comme un bonhomme, excellent les kids! Ils vont piquer une tête dans un lac et bifurquent au milieu des plaines pour aller chercher un camarade. Je remercie les deux rejetons qui me laissent sur la route principale.
Daniel et Jason |
C'est une petite famille Maori qui prend le relais, Kihe (prononcer Kayi) s'est dit que je devais crever de chaud au milieu de nulle part sans ombre. Tu parles y'a un vent a décorner les bœufs mais qui certes m’assèche! je remercie vivement Kihe le nounours aux airs de gros dur a la 50cents. Enthousiaste pour la photo, ils sortent eux mêmes de la voiture pour prendre la pose. Merci pour la ride!
Kahu, Kihe et leur petite |
Quelques minutes plus tard je saute a l’arrière d'une voiture d'un couple d'allemand en visite. Cindy et Alex ont un boulot qui les attend dans le nord de l'australie une ville abandonnée ou viennent trainer les touristes. l'ensemble du personnel de ce lieu hors du monde, une cinquantaines de personnes, vit en communauté. Ils prennent les taches a tour de rôle, hôtellerie, cuisine, accueil, vente... Du coup ils profitent de leur billet d'avion pré réservé pour visiter la Nouvelle Zélande voisine. Ils me proposent de les suivre pour visiter un parc et aller voir des souffleurs de verre a l’œuvre. Je décline poliment l'invitation et poursuis mon chemin. Merci et bon trip!
Cindy et Alex |
un magnifique restaurant a la sortie de Wanganui, des etraves a l'avant pour ceux qui ne paient pas |
Je contourne a pince Wanganui, pour le coup il fait une chaleur a crever, mon sac n'arrange pas l'affaire, j'atteins enfin l’entrée de la bretelle en sueur et me pose. Je sors le casse croute, je mords avec passion dans mon quignon de pain et mon bout de fromage pendant que les poids lourds font vibrer le sol a cote de moi. Rien a faire j'ai tellement faim que j’apprécie quand même ce carre d'herbe, au bord de la route et je savoure mon repas! Rassasié, je me relève et souris et mes potentiels chauffeurs. Rachel s’arrête! Encore une nana, c'est ma journée! Elle va rendre visite a son père a Palmerston North, je bifurquerai avant pour descendre sur Wellington. Elle vient de rentrer il y a dix jours a peine de Chine ou elle a passer un an comme prof d'anglais. Une expérience enrichissante et qui apparemment l'a motive a poursuivre le voyage, elle repart bientôt pour Madagascar ou elle a dégoté un stage dans une réserve marine. Elle aussi change de vie et poursuis son idéal du moment. Et ca lui donne un grand sourire. Elle se gare avant ma bifurcation, prend un café et la pose avant de reprendre la route, merci Rachel!
Rachel |
Peu de trafic ici aussi, c'est Paul qui freine plus tard avec sa vieille bmw. je fourre mon sac a l'arriere, rabat le siege et l'engin démarre. Assez austère de prime abord, je sens son aura qui flotte autour de mon discours, je note que je l'ouvre parfois un peu trop a l'encontre de mes préceptes: suivre le flot de mon conducteur. Un silence, j'attends qu'il prenne la parole. Et puis ça repart, et fort, on parle de la société, d’éducation et des problèmes de gestion de déchets, d’actualité. Un type intéressant, il me rétorque plusieurs fois la même chose au fil de mon discours, je suis têtu mais il ne lâche pas prise et ne me laisse pas déblatérer mon laïus. Et ça rentre, ça bascule quelque peu mes pensées, ça rejoint aussi le sentiment de ma spiritualité (la différence entre ce qu'on dit et ce qu'on pense au fond de soi). Il me pose alors la question suivante "What drives you in life?" qu'on pourrait traduire par "qu'est ce qui te tire dans la vie?". Après nos conversations c'est la question a dix points, whaou, je répond quelque chose de vrai mais maladroit dans la forme, encore une connerie de société.
Difficile a décrire a posteriori ce qui s'est passé, des mots, un silence, la voiture, le moteur qui ronronne, les voitures qui défilent, ici, l'autre bout du monde, mon sac a l’arrière, il a réussi a changer mon point de vue, a tuer certaines bêtises sociétales de mon discours, une prise de conscience. Il pousse ensuite mon discours et puis m'assure de chercher la réponse jusqu’à ce que je trouve, de garder ça en ligne de mire coute que coute, qu'il n'y a que ça qui compte. Je lui retourne alors la question. Et sa réponse est la, dans cet échange, ce qu'on fait a parler dans cette voiture. Je le prends comme tel et je dois lire entre les lignes. C'est le moment de se séparer, il va faire de la plomberie chez des amis. Le temps d'une ride, Paul était ma voix intérieure, un pèlerin sur le chemin de la vie comme tout le monde mais aussi un guide. Après a moi de faire les choix pour l'avenir mais c’était un moment exceptionnel de le voir ne pas lâcher le morceau et d'approfondir mes paroles, rejoindre plusieurs thèmes qu'on avait abordé et de leur donner un sens commun, vital. Beaucoup de paroles et d'informations flottent encore dans mon esprit, je reste un peu sonné, je dois faire le tri dans tout ça et pour résumer peut-être m’écouter autant qu'écouter les autres.
Paul, merci |
Affairé sur mon ipod a chercher du wifi et entouré de mes sacs un des employés du parking me demande si tout va bien, je lui explique que j'essaie de retrouver le numero d'une amie. Sympa comme tout, il me tend son cellulaire pour que je puisse appeler Audrey, merci!
Je retrouve les deux amis Mika et Audrey le temps d'une soirée au backpacker Rosemere, celui ou j'avais passe quelques nuits avec ma mère, il y a deux semaines. On prend un coup a boire en parlant de nos plans passes et de ceux a venir. Mika va essayer de trouver du boulot sur Welli sa ville fetiche. Audrey est motivée pour embarquer demain sur le ferry et faire les vendanges. Qu'a cela ne tienne, on booke les billets, decollage par le ferry de 10h le lendemain! Encore une folle journée sur la route, bonne nuits les amis!