mercredi 10 juillet 2013

regarder en arrière (Don Det - Champassak - Pakse)

5 juillet 2013, ile de Don Det, sud du Laos

Apres mon escapade a velo de la veille ce sont les aurevoirs avec mes amis de ces jours-ci, peut être des a tantôt, ils remontent également le pays. Je les laisse à leur petit déjeuner et prend une pirogue pour revenir sur la terre ferme par laquelle je suis arrivé. Je prend la route.
Pas décidé sur mon moyen de transport je marche jusqu'à l'embranchement ou le bus s'était arrêté à l'aller pour nous transvaser dans une navette. Rien ne se passe sous le soleil de plomb, si ce n'est les nombreux sourires des enfants et des locaux à scooter, toujours autant de baume à l'âme.








Après une petite heure à marcher vers le nord je me retourne au son pétaradant d'une charrette tractée par un motoculteur. Avant même de faire signe aux deux gars, l'un d'entre eux pointe l'arrière de la remorque! Avec plaisir! Ils freinent un peu plus loin, je cours les rejoindre, le chauffeur sort sa manivelle et relance la bécane qui émane une fumée bien grasse. Le rythme de croisière atteint, 30km/h , je souris de bonheur, un pied incroyable de rouler à l'air, admirer le paysage et profiter du vent relatif pour se sécher la transpi. À l'approche d'un bouddha géant doré en haut d'une colline mes deux compères se décalottent, celui a l'arrière joint les mains en direction de l'effigie maintes fois, comme partout en Asie. La statue est impressionnante, un rayon la frappe alors qu'on s'éloigne, illuminée au milieu de cette jungle verte. Après plusieurs dizaines de kilomètres et un arrêt pour faire faire téter le moteur bouillant, le véhicule rentre dans une propriété. Je tend quelques menue monnaie relative au trajet au chauffeur. Incrédule il me regarde et ne comprend pas. Ca me rassure même si je tentait de suivre les préceptes de hitchwiki sur le laos, un site foisonnant d'infos pour faire du pouce, mais non ils n'attendaient pas d'argent. Génial du stop du vrai, pas de souci je prend la gentillesse et la rendrait au centuple le moment venu! Merci pour ce bout de route inattendu et magique.




À peine plus loin je vois un pickup débouler et fais signe de passer dans la barquette. J'acours et les gars hochent la tête en signe d'acquiescement je saute et le véhicule repart. Toujours dehors je remet des couches de crème solaire et me couvre de ma serviette comme je peut sous la vitesse express du bolide. Pendant l'un des arrêts des chauffeurs, j'en interpelle un et lui dit que je me dirige à champassak. Il me dépose devant la carrefour qui se prolonge jusqu'au ferry à quelques kilomètres. À peine le temps de sauter du pickup qu'ils redémarrent, euh merci et salut!


Pause soupe aux nouilles qui se conjugue avec une averse de mousson, je repars à pied au sec vers l'embarcadère. Au milieu de la forêt silencieuse, la vapeur s'échappe du bitume sous la chaleur intense des rayons qui percent déjà. Un utilitaire à palette accepte également ma requête de passer à l'arrière, je grimpe sur le tas de planches et me laisse bercer au rythme des ornières. Le fleuve approche plus vite que prévu, le véhicule se jette directement sur une barge déjà pleine de planches. Je négocie mon passage avec le responsable des traversées à 15000 kips en restant sur la barge.  Génial de traverser le Mékong sur une plateforme, la surface d'une maison! Après de nombreuses manœuvres pour trouver le juste angle d'attaque de la berge, on pousse le véhicule pour le sortir des lattes irrégulières du plancher du bac. Les types me mènent à 2km au sud du débarcadère, à champassak même. J'étais prêt à les aider à décharger mais apparemment c'est trop loin. Ils me lâchent sur la route. Un grand merci à ces deux gars de chantier.






Après quelques pas le long de la voie et des renseignements aux locaux je rebrousse chemin en direction du centre. La ville ne déborde pas d'activité, mais un gars au naturel m'indique la maison d'un voisin qui parle français, je me retrouve alors à boire du whisky local avec 3 types bien attaqués, un d'eux me montre la bouteille de pastis vide avec un grand sourire. Mon voisin est une grande carcasse qui a l'air de bien tenir la biture. Il est chauffeur de tuktuk pour les touristes qui veulent aller voir wat phou à 8km au sud. Il rentre à la maison et me donne un lift jusqu'à une auberge qu'il connaît. Seul dans les lieux je paye les 30000kips usuels pour du luxe dont je n'ai pas besoin, une grande chambre avec salle de bain... Je loue un vélo et admire le soleil qui passe derrière les montagnes, la lumière orangée baigne la ville, rare! Au passage je remarque les panneaux d'établissement écrits en lao et en francais, plus loin une bâtisse coloniale imposante et au détour d'une maison un petit terrain de pétanque ou les gars jouent aux boules, des petits détails qui rappellent la présence française du siècle passé. La ville est assez jolie on sent que le niveau de vie est plus elevé qu'au cambodge, structure en beton courantes, volets aux fentres, des toits tuilés... Je me prend une bière a la salle de billard du coin pour savourer mon arrivée, je l'emporte et la finis dans un autre resto d'où j'écris ces quelques mots. L'orage tonne et je me poste face au fleuve pour admirer la puissance du ciel qui gronde en finissant les dernières larmes de la bière lao.





L'orage a raison de la fée électricité et allongé sur le lit, le ventilo s'arrête. Par la fenêtre seuls les éclairs dessinent par intermittence les façades d'une lumière bleutée. Je trouve le sommeil malgré la chaleur et me réveille au petit matin, le chant du coq sonnant le tocsin. J'enfourne un pancake à la banane avant d'enfourcher ma monture.





stelle autrement plus gaies que nos cimetieres chretiens


la vente ambulante





je regarde admiratif les femmes (et un mec quand meme) bosser sous un temps pareil

À 8km au sud se situe le site de Vat Phou, le culte des cultes bouddhiste du Laos, la raison de la venue. C'est la qu'au Ve siècle le royaume de Funan fit édifier un temple au pied d'une montagne désignée sacrée par les moines. Ils y voyaient en elle le linga (sexe) divin, la montagne se rapprochant d'une forme phallique (?). Une petite heure de pedalage plus tard je visite l'édifice aux airs de machu pichu, une construction en paliers adossée à une paroi rocheuse et verdoyante.

les lingas bordent l'allee menant au temple, au fond, cache dans les canopees au vert profond

au fond le sexe de Civa, la montagne aux parois verticales




comme a uzech, en plus grand et avec plus de pente et plus de soleil, courage les gars


le temple au sommet des terrasses




bas nane relief

bouddha dominant un demon


réincarnation? aucune idee de la signification de ce portique


la chance est avec moi


Au détour d'un portique du temple je fais la rencontre d'un couple américain d'origine laotienne, 26 ans qu'ils n'étaient pas revenu dans leur pays natal! Ils font ce déplacement avec d'autres membres de la famille et restent le mois dans le pays. C'est drôle après toutes ces lectures c'est moi qui me retrouve à leur expliquer l'histoire du lieu et son lien avec Angkor après que les Khmers aient conquit le Funan au IXe siècle et aient redessiné le site comme on le voit aujourd'hui. On se salue sur le chemin du retour, peut être qu'on se croisera à Luang prabang, une belle ville du nord! Je termine la visite des lieux par un petit temple laissé a l'abandon a un kilomètre au sud, le temple de Nang Sida! Rien a voir avec le fléau actuel, c'était le nom dune jeune princesse volontaire pour être donné en offrande a un monstre. Un prince aux pouvoirs puissants terrassa le monstre pour la sauver. C'est-y pas beau?


Hong Sida




De retour à l'accueil du centre je fais un crochet par la salle d'exposition. Le site de vat phou est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO et pour les 40ans de l'organisation une salle du musée a été dédiée à une exposition sur les liens qu'entretenaient plusieurs édifices d'Asie du sud est. Passionnantes informations sur l'art et la culture de cette partie du globe 1000 ans auparavant. Mais l'estomac gargouille et la pendule tourne, je retourne a l'auberge et prend la route assez tardivement pour Paksé à 30km au nord. Ce sera mon point de départ pour le grand stop jusqu'à Vientiane a 12h plus au nord.





À la sortie de Champassak une petite famille me laisse monter sur leur plateau arrière pour quelques kilomètres ils ont l'air d'aller livrer du cochon en morceau au vu des quartiers de chair qui dépassent d'un gros récipient. Un peu embarrassés par une photo, ils rient en agitant la main, vous n'aurez pas les trombines de cette famille bien sympathique, merci a elle pour le coup de pouce.




S'ensuit une marche très longue, personne ne s'arrête, ni utilitaire, ni pickup, ni voiture, mes bracelets de protection perdent en pouvoir on dirait. Je pense à squatter une des maisons de bois qui borde chaque ruisseau se jetant dans le Mékong que je longe.

vous voyez le type a barbe?
en haut a gauche la montagne nibard
Puis un scooter deccélère et me propose d'aller à Paksé j'explique bien que je n'ai pas d'argent pour ça. Le jeune type parle un peu anglais et à l'air de comprendre c'est ok. De toute manière j'espère bien l'inviter boire un canon ou dîner à l'arrivée. La communication n'est pas facile et mon chauffeur se méprend sur mes intentions et s'arrête chez ce qui semble être de la famille à lui pour me donner logis, mais ce n'est pas exactement ce que je veux, la famille assise sur la terrasse bétonnée est souriante mais ne m'invite pas non plus. Bref l'incompréhension est quasi totale j'hésite à partir de moi même mais il me fait signe de remonter en selle, on est encore à 7km de paksé. Le soleil se couche derrière un mince voile nuageux et envoi une douce lumière rosée sur le pont qui enjambe le Mékong, nous voilà à Paksé. Mon chauffeur s'arrête et regarde le réservoir qui est plutôt vide. Je lui fait signé que je peux payer. À la station essence, le plein est à 20000kips. Sachant que le trajet champassak - paksé est à 30000kips je me propose de payer la moitié. Problème je n'ai pas de monnaie seul un gros billet. Le pompiste attend sa monnaie et ne pipe pas un mot d'anglais. C'est alors que mon chauffeur commence à me dire qu'il n'a pas d'argent, qu'il m'a trouvé un hôtel, etc. Ses chevilles de tour operator improvisé doublent de volume. Bref ses ok n'avaient qu'un but, me coincer devant le fait accompli. Je commence à ne pas être content et paye car je ne veux pas non plus abuser de la gentillesse des gens dans un pays au niveau de vie très inférieur et où le stop n'est pas compris. Mais je vois rouge et m'en veux d'être remonté en selle après cette histoire d'hôtel improvisé. Je le pointe du doigt et lui explique le fond de ma pensée afin qu'il comprenne ce que je pense de son comportement. Je pars sans un mot, déçu.

Une expérience pas géniale qui m'apprendra à suivre mon flair un peu mieux. J'avais perçu sa légère expression de dépit avant que je ne remonte pour reprendre la route de paksé. La somme n'est rien, l'image perçue du touriste porte-monnaie est tout, j'essaie de relativiser en me dirigeant vers le centre ville face aux dernières couleurs du ciel. Il n'est qu'une goutte dans l'océan de bonheur que les gens m'ont jusqu'à présent donné. J'atterris dans une auberge du guide routard 2006 qui me déleste de la même somme que le luxe de la veille mais pour un lit de campement dans une chambre partagée. Je finis d’évacuer mes idées noires sous la douche froide puis sort trouver de quoi me sustenter. Je dégote un indien pas terrible mais la flemme d'aller plus loin et une ptite biere me satisfont pleinement. Bonne nuit la route, Paksé j'y suis!


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