mercredi 12 juin 2013

Thaïller dans le pays (frontière Malaisie Thaïlande)

5 juin 2013, jetée de Marang au nord est de la Malaisie 

La petite île perdue est derrière moi. Pula Kapas. Je repense à Soon et le remercie par la pensée, le vendeur de livre d'occasion de Melacca sans qui je ne serais sans doute jamais venu ici.
Je vais rejoindre Bangkok ou se dirige Géraldine ce jour même, une des meilleures amie d'Audrey (cf. Posts sur la nouvelle Zélande) que j'avais rencontré à Montpellier. Elle suit un peu le même trajet que moi en Asie du sud est mais en remontant les pays sur une parallèle ouest. La capitale Thaïlandaise nous apparaît comme une bonne plateforme commune à nos deux itinéraires. Elle part ce jour meme en train  depuis Penang sur la côté ouest et y arrivera pres de 24h plus tard!
Je quitte la jetée, et après avoir relacé mes chaussures les pieds encore plein de sable, je mange un morceau et me dirige vers l'arrêt de bus. Comme disait Alex, un français rencontré sur l'île, je me prend trop la tête sur la façon de me rendre à Bangkok. Je suis ses conseils et remet au placard le costume du pouceux hardcore pour quelques temps. Il y a quand même plus de 20h de route jusqu'à destination! À l'arrêt du bus je tend quand même le pouce en attendant le convoyeur à destination de Kuala Terrengganu, une heure au nord. Seule une voiture me propose le trajet mais repart quand je précise que je n'ai pas de sous.
Le bus arrive dans la foulée, je grimpe et paye les 2,5 ringgits pour le trajet,  70cents d'euros. un courant d'air hape mon chapeau par la fenetre, disparu derriere, deja loin. je l'avais vu venir mais je l'ai  quand meme laisse a acote de la fenetre, des fois faut pas trop tenter la chance, ca m'apprendra tiens! On déboule un peu plus tard dans une gare routière en plein centre et Kota Bahru, la dernière ville avant la frontière et l'objectif du jour est à 3h de la. La logique du bus est enclenchée, trop loin et complique de sortir de la ville pour poucer, je prend un café et de la brioche pour patienter et digérer la perte de mon chapeau. On arrive a Kota Bahru de nuit et je dégote une auberge à 12rm la nuit, faites le calcul. Paoui le gérant des lieux m'incite à manger un morceau au marche de nuit qui est en train de fermer boutique. Je commande un burger version locale a la seule chariotte encore opérationnelle. Je déguste la bête en faisant le badaud au milieu des échoppes de vêtement. Des bustes de mannequin mettent en avant les derniers voiles musulmans à la mode. Toujours aussi surprenant, mais d'un autre côté les femmes résistent et s'affirment comme elles peuvent dans la marge que la religion leur accorde.
De retour à l'auberge juste avant que des trombes d'eau ne se déversent, je discute avec Tobias, un jeune randonneur intrépide et autostoppeur allemand en nouvelle zelande et australie. Autant vous dire qu'on s'échange de bonnes anecdotes. De fil en aiguille je me laisse tenter de le suivre en train pour remonter la Thaïlande. Tout du moins sur la partie frontalière avec la Malaisie, les 2 provinces du sud. Pour faire brievement le point sur cette region, des attentats à la bombe artisanale y ont lieu régulièrement depuis une dizaine d'années, résultat de conflits entre musulmans et bouddhistes. Je prend note et repousse mon expérience du pouce pour plus tard. Il se fait tard, on s'endort au son des klaxons du boulevard et de la pluie qui bat la chaussée.


6 juin 2013 backpacker lodge, Kota Bahru, 8h
Tasse de thé et toasts à la confiture offerts par Paoui, on savoure et sur les conseils de ce dernier on enfile nos sacs pour embarquer vers la frontière. Un bus part toute les demi heure derrière le bâtiment mais des fois le trafic ralentit le trajet. Le train démarre de l'autre côté de la frontière, en Thaïlande à 11h30 heure locale.

Je passe les douanes comme une lettre à la poste, tellement simple, presque un bonheur! La Thaïlande on y est! Enfin une deuxième fois pour Tobias qui était déjà allé à Bangkok, son point de départ vers un précédent voyage de rando au Népal! Photo souvenir après avoir dépassé un groupe de militaires armés qui contrôle les véhicules.


On se dirige vers la gare ferroviaire. Sur le chemin on fait un crochet au marché du coin. Je lui montre les fruits que m'avait fait découvrir Kamil et on s'en prend une bonne flopée pour le voyage. Arrivés a la gare les bidasses sont partout et un couloir arrête les locaux qui se rendent sur les quais. On nous laisse tranquille et ils nous font même de grands sourires! On aurait pu prendre 60kilos de plastique ça aurait été pareil. Discrimination positive pour nous... J'achète mon billet et contrairement a Tobias qui se rend directement a Bangkok j'arrête mon trajet à Hat Yai, a 5h au nord seulement. Je perd pas mon idée fixe. C'est le point de connexion vers Bangkok, la ou les routes fusionnent pour mener à la capitale à quand même 11h. Ça fait un sacré bon bout en pouce mais je veux pas rater cette partie de la péninsule. Le train à du retard, une bonne heure ça change pas de la SNCF.



On embarque, lui dans sa voiture couchette et moi les sièges inclinables. Ses 21h de train lui reviennent à 70rm, 10fois plus en batth, la monnaie thaïlandaise, 17 euros, la SNCF n'a qu'à bien se tenir! Le train n'est pas une comète mais il roule, permet d'admirer le paysage, toutes les fenêtres sont grandes ouvertes, au plafond c'est le ballet des ventilos, ils sont montés sur une double tête rotative qui aère chaque passager régulièrement, simple et efficace. Le train a sa propre garde, une dizaine de militaire armes de fusil d'assaut nous assiste, je n'utilise pas le verbe protéger car je ne vois pas trop ce qu'il pourrait faire contre une bombe. En revanche il paraît que certains rebelles tirent vers les trains. Ambiance western! Je le prend à la légère car globalement tout est très calme et chacun poursuit sa vie et ses habitudes. Au passage du train je vois tout de même une vingtaine de types mains sur la tête, alignés dans un terrain de foot et l'armée a côté. Certains instaurent le climat de peur en commettant des attentas aléatoires, d'autres mettent la pression sur la population. Je remarque aussi beaucoup plus de burqas- qui étaient quasi inexistante en Malaisie- lors de nos arrêts dans les gares, l'islam se radicalise par ici.



On traverse le plat pays, tout est toujours très vert. Des cocotiers, quelques bananiers émergent des bosquets ou se cachent entre les parcelles de caoutchouc et palmiers. Le temps se couvre et on essuie une pluie assez intense à l'approche de Hat Yai. Je pacte mes affaires et prend les coordonnées de Tobias avant de descendre du train. Je quitte le confort et l'avenir tracé des 24h à venir pour le grand n'importe quoi. Route thaï me voilà!

salut le train

hat yai

devant le commissariat

peint a la main
Les dernières gouttes arrêtent de tomber alors que je marche vers la sortie de la ville à l'ouest. La rue tourne au ralentit, le trafic est intense, des pickup navettes sont chargés d'écoliers a l'arrière, tous en uniforme, short ou jupe bleu marine, chemise blanche, les motos se faufilent entre les véhicules, sur les trottoirs. Un scooter passe à ma hauteur, la femme- qui transporte son petit garçon à l'avant- me propose d'aller jusqu'à la gare des bus. Mon attirail n'a pas l'air de lui faire peur. Je lui explique ma démarche et elle me donne finalement un lift jusqu'à l'embranchement en direction du nord! Superbes sensations en tant que pouceux d'être à l'air libre! Mon premier bout de bitume parcouru sur un deux roues, un grand moment! Salut Lin et Chef!

Lin et son fils
Moins chanceux en voitures qui s'arrêtent qu'en sourires, je tiens bon malgré le jour qui décline brutalement. Le changement d'heure de moins une heure à la frontière n'a pas facilité la chose. Une voiture aux airs de taxi s'arrête. Le type ne parle pas un mot d'anglais. Après quelques mimes il va bien à Bangkok, j'explique que je n'ai pas d'argent mais je sens qu'il aimerait une compensation, bah oui forcément pour une si longue distance, jarriverai à 4h du mat. Le soleil couché j'embarque avec lui pour ma dernière ride de la journée, car après une heure d'impossibilité complete de communiquer, je réalise que ça ne mène nulle part, je préfère reprendre tôt demain matin. Ça serait dommage de rater l'expérience de la route. Je lui demande alors de m'arrêter à Phattalung (ph se prononce p) , une grande ville un peu en retrait de la route que j'ai repéré sur le bout de carte que l'iPod a conservé, y aura ptet un backpacker. Samgkong se range et me largue sur l'échangeur autoroutier, de nuit, carrément. Je m'y étais préparé, merci mec, désolé de pas avoir pu échanger avec toi, je remettais plus la main sur mon mini dico que Anne m'avait donné à Singapour (cf. Saunapour) des pages détachées du guide lonely planet.

Samgkong 

Rien dans les environs, l'équipe du 7/11 (oui oui les même dépanneurs de station service qu'en Amérique), m'envoit en direction de la ville, je m'arrête au premier épicier et la nana appelle Boon qui semble être son fils pour la traduction. Super sympas, ils essayent de comprendre mon envie de ne payer que 100bath la nuit, malheureusement il n'y a pas d'auberge à Phattalung. Je leur dit que je peux dormir sur un coin de parquet ça me dérange pas. Après mini conciliabule en thaï ils me conseillent alors la station de bus, il y a des toilettes, des bancs "et la Tv!" Ils m'emmènent tous les deux là bas en scooter pour me présenter à l'équipe de taxi-moto, des gars qui passent la nuit à l'arrêt de bus, raccompagnant les voyageurs qui arrivent de nuit à Phattalung. Ils ont l'air bien sympa et de confiance, un des types me lance un "sleep sleep!" en levant le pouce et en pointant les banquettes. Je remercie chaleureusement Boon et sa mère pour m'avoir guidé vers un lieu ou je me sente à l'aise pour passer la nuit. Il fait chaud et les 30degres ambiants ne me demanderont pas de sleeping! Je passe juste mettre le pantalon et le tshirt manches longues pour ne pas me faire mitrailler par les moustiques du coin, y'a un lavabo des toilettes je suis au top! J'écris mes mémoires sur l'incongruité de la situation quand un des chauffeurs s'avance vers moi pour faire la jasette. Il parle un peu anglais et ça me fait chaud au cœur de voir un grand sourire curieux alors que je suis seul dans ce trou paumé. Puis Tee un autre gars du coin s'assoit à côté, il hèle un de ses potes de lui ramener une grande bière du magasin d'en face. Il rend la monnaie à son ami qui revient et me tend la bière! Lui aussi parle un peu anglais, il m'apprend deux trois trucs en thaï que je note illico, on arrive à communiquer suffisamment pour rire ensemble, c'est ça qui compte. De fil en aiguille je rencontre les autres collègues. Entre temps je me cherche un plat chez la nana d'en face, du riz aux fruits de mer grilles avec des légumes et une petite sauce épicée. Je reviens avec la barquette et déguste devant une série z thaïlandaise ou le héros colle des mandalles monumentales à ses ennemis à coup de mue thai l'art martial du pays, assez percutant. Je commence à dessiner mes comparses de soirée qui m'arrosent de bière tout du long. Les gaillards intrigués, je décide de leur faire un portrait à moitié imbibé à moitié porté par le flot de l'inspiration spontanée. Je leur offre les portraits en souvenir de ces moments mémorables passés avec eux. Les gars ont entre la trentaine et la soixantaine, quelques vrais piliers de comptoir, certains très sages. Finalement assommé par la fatigue et la bière je m'endors aux petites heures, je crois que j'ai jamais aussi bien dormi sur une banquette en bois. Soirée inoubliable et incongrue merci les gars merci la route.




de temps en temps les gars se reveillent pour decharger le fret des cars, ou raccompagner les passagers
7 juin 2013, Phattalung, péninsule thaïlandaise, 6h30

Je me réveille autour de quelques personnes qui attendent leur bus ou navettes pour aller au boulot. Je grignote du pain avec une sorte de beurre à la noix de coco, une orange, en route. Encore une belle journée bouillonnante sous le soleil d'Asie, je m'enduis de crème solaire avant de ruisseler. Ça couvre aussi l'odeur de transpiration...
Je marche vers un espace dégagé après les sorties de la ville. J'embarque finalement dans le pickup d'Attpon, il revient de la pêche plus au sud, il va à deux heures d'ici. J'ai retrouvé mon mini dico et j'utilise les quelques phrases que j'avais demandé à Boon la veille. Avec son anglais on se débrouille pour se dire l'essentiel. On parle même nana, Attpon célibataire à l'air de bien aimer les chinoises, elles ont la peau blanche qu'il me dit! On fait une pause au bord de la route, Il nous prend des cafés et des sala pao, des beignets de riz à la vapeur fourrés à la viande épicée, savoureux. Merci mec. Le temps est long quand le vocabulaire est limité pour nous deux, je sors donc le crayon lui taille deux portraits et lui en donne un. Plus loin c'est les au revoir, la barrière de la langue ajoute à mon émotion, le cœur sur la main, tout simplement.


Attpon
les tables en pierre thailandaises qu'on retrouve un peu partout, conviviales
je me sens un peu comme ces statues sur la route, dorloté par mes automobilistes

Posté à la sortie de Chumphon, j'ai ma deuxième ride de la journée avec Kitipomg, un peu dans le même genre que le gaillard précèdent, sa mère aussi lui passe un coup de fil! il est mécano mais aujourd'hui il revient avec des caisses de poissons frigorifiées depuis Hat Yaï. On s'arrête dans une air de repos. C'est charmant, des plantes vertes en pots et des arbres bas recouvrent les toilettes, les oiseaux gazouillent, a l'ombre sous la canopé Kitipomg m'offre un café. On poursuit un peu avant de se quitter avant Surat Thani, salut!




Je traverse l'échangeur et prend la pose pour immortaliser ce grand n'importe quoi, du bonheur en barre, ici au cœur de la Thaïlande. Je pose mon sac à un resto de bord de route et commande un œuf des saucisses et des nouilles. Je me retrouve avec du riz saucisse et œuf et une soupe aux nouilles, porc, soja coriandre, épices et cacahuètes. 60batt pour ce festin appétissant me répond la nana, superbe! J'attaque fissa la soupe et met le reste dans ma boîte plastique. Je veux pas trop tarder il me reste la moitié du trajet. Posté avant des travaux routiers, les véhicules lèvent le pied, je fais des grands sourire et puis un gros pickup fait marche arrière, a ce que je comprend Yam et Saw (prononcez Yèm et Tsao) s'en viennent d'une parcelle ou Yam travaille pour sa compagnie de panneaux solaires. ils parlent un peu mieux anglais que les précédents mais on fait encore beaucoup de mime et d'explication. Ils vont au delà de Bangkok ce soir même mais ils doivent d'abord passer dans les forêts du coin contrôler l'état de plantations de caoutchouc, son deuxième travail. C'est ce qu'ils m'expliquent lors d'une pause sur la route alors que je mange mon repas emporté, Saw m'offre des cacahuètes fraîches et un coca dans une bouteille en verre à l'écriture thaï, mon premier depuis des lustres il est offert je le bois de bon cœur et puis on m'a dit que c'était bon pour aider à la digestion dans ce coin du globe (hein marie ;). Puis sur l'affirmative et avec un sourire, Yem me dit que je viens avec lui. Il m'embarque pour me montrer le coin et me déposera à Bangkok vers 21h du coup. Avec plaisir!

sur la route, Saw ouvre la fenetre et achete des regimes de petites bananes a une dame qui les apporte sous son parapluie, alors qu'il pleut des cordes

Le gros 4x4 sort des sentiers battus, toutes vitres ouvertes j'admire les collines qui se drapent de brume, il a plu récemment, le véhicule envoie des grosses gerbes d'eau rougeâtre dans les flaques, la couleur de la piste. j'hume l'air et la verdure qui transpire. On prend de la hauteur et Yam passe en 4roues motrices. Il me montre les champs d'ananas, c'est riquiqui en fait, comme un choux. Des manguiers plus loin, et puis un peu partout il jette un œil aux caoutchoucs, s'assurer que les mauvaises herbes ne grandissent pas trop et que les éléphants n'ont pas fait de ravage. Il pointe du doigt une bouse d'éléphant devant nous.Yam me dit qu'aucun touriste n'est jamais venu ici!








Il passe ensuite voir des amis sur le chemin et je le suis dans la maison que ces derniers construisent, ils prennent l'apéro sur le carrelage aux motifs bleu et vert qu'ils viennent de poser. Je les salue en thai, le peu que je connais, ils rient et me servent un verre de bière, ils me tendent aussi des brochettes et du poulet pané, je goute de tout c'est tendre et délicieux. Yam et Saw font la causette avec leurs amis, je prend le temps de croquer la scène. Je me sens un peu comme a la campagne, dans le lot, quand mon pere fait la tournée des potes, c'est super conviviale.

On quitte les lieux alors que le soleil est déjà couché, la route va être longue. Yam me dit que je peux dormir à son travail, ça sera plus simple vu l'heure qu'il se fait. On fait une pause sandwich à la station essence et Yam reprend le volant. Par la droite ou la gauche, il double de tout côté personne ne met la ceinture, on voit deux gros carambolages ou des flics reglent la circulation mais c'est comme si ça n'avait pas de lien avec la conduite. C'est seulement vers les 1h du mat qu'on arrive à destination, en vie. Où? j'en au aucune idée! Au nord de Bangkok voilà tout.
Ils me montrent ou je vais dormir, une cabane aux murs de branches vissées entre elles, toit de chaume, et des tôles ondulées sur certains côtés ils y rangent tout un tas de nourriture, dans une pièce il y a un lit en bois, une grande table basse quoi, recouvert d'une natte, des oreillers et un drap coloré tout doux. Ils enclenchent le ventilo et me disent à demain. Bonne nuit, et un grand merci pour l'accueil et cette demi journée d'immersion thaï, une belle surprise!

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