lundi 25 mars 2013

stratosphere


Lundi 11 mars, New Plymouth

Réveil à 6h, petit dej a la fraiche dans le jardin de Jim, il me file quelques affaires pour le lunch, sympa. Aujourd'hui il ne travaille pas du coup il me propose de m'amener au pied du mont Egmont, le nom européen du Taranaki. Sur la route il est partout, on s'arrête pour la photo avant d'avoir le nez dedans.

pittoresque épique

Puis on pénètre dans la jungle du parc national, un disque vert qui recouvre les contreforts de la montagne, toutes les autres surfaces l'entourant étant utilisées pour l'élevage. La route est étroite, on aperçoit le haut du cratère par instant entre les fougères géantes. Au centre des visiteurs, je parle a une des dames de l'accueil de mon intention de contourner le volcan sur le flanc est en faisant une halte a la premiere hutte pour y laisser mon sac et faire l'ascension, elle me conseille de rester sur le parking nord, peu de gens stationnent au sud et la route est ensuite assez longue pour sortir du parc. De plus la hutte est privée et il n'y a pas de point d'eau. Et autre découverte, comparé a la vieille carte que m'a montre Jim la veille, la route du sommet qui est proposée dure entre 8 et 10h aller retour! Changement de plan, sur son invitation, je laisse le gros backpack dans leurs locaux, l'ascension sera bien assez pour la journée! Je salue Jim sans qui je n'aurai pu arriver la maintenant, merci mille fois! 9h15 en route!

pose sérieuse pour Jim l'architecte

Je fais une halte pour enlever des épaisseurs, le soleil cogne déjà, en me retournant je contemple la vue. La plaine baigne encore dans la brume matinale, a l'horizon émerge le volcan Tongariro a coté de ses deux frères le Ngauruhoe et le Ruapehu, les volcans qui m'avaient accompagné le long de leur traversée en décembre dernier, impressionnant de les voir de si loin!

devant. tout a gauche la hutte, ma première halte
Edit: dans la légende Maori, les volcans sont des dieux et cette montagne est devenue solitaire car elle a voulu faire des avances a Pihanga, Tongariro furieux a livre bataille contre Taranaki, Pihanga s'est range aux cotes de Tongariro vainqueur et Taranaki s'est exile ici (source wikipedia), les maoris ne sont jamais installes entre les deux volcans de peur que le Taranaki ne se réveille pour aller se venger de Tongariro.

derrière. les trois volcans cousins

La première partie grimpe en longs lacets, je marche sur un large sentier ou passent les quads, de grosses falaises se dressent au dessus de moi, les poussées du volcan. La végétation encore dense et haute au départ à 945m s'éclaircit rapidement, les arbustes, les buissons puis l'herbe sèche de succèdent jusqu'à la première hutte du sentier périphérique à la montagne, à 1500m. Je reprend mon souffle et regarde les veines de roches du volcan qui s'agrippent dans la plaine, le parking miroite, petite tâche au milieu de la forêt, sur ma droite la mer Tasman longe le volcan et au bord de l'eau New Plymouth ou je dormais hier.

les gorges et la démarcation très net du parc et des pâturages

une des tables qui cache le volcan

caca-haut
J'attaque l'ascension, la partie rocheuse!
Des éboulements tels des silex géants, puis des escaliers, plutôt des échelles qui permettent d'arriver sur les flancs de scories... La rando prend une autre allure, à chaque pas mes pieds s'enfoncent dans les particules de roches et glissent. On doit maintenir la cadence sinon on revient au point de départ. Les nuages de poussières volent. Le vent est froid mais le soleil tape dur, la montagne! Mes cuissent commencent à chauffer et scrutent les rochers du dessus avec envie. Enfin un promontoire fixe, une pause, je plisse les yeux sous mon chapeau de paille, la luminosité est intense, accentuée par les scories au tons gris clair, quelques unes jaunies par le souffre. Les fines couches d'altitude que j'ai traversé donnent l'impression de voir la rotondité de la terre, un liseré blanc qui détache les bleus du ciel et de la mer. 

 


la mer tasman derrière le chapelet de volcans (la grosse puis la petite tache verte dans l'axe, la premiere a le cratere marron et enfin un tout petit au bord de l'eau d’où ne sortent plus que deux cornes, le cratère etant immerge)
 


Des sourires s'échangent avec les autres marcheurs, peu de mots, chacun regarde ses prises pour gravir l'épine dorsale, un dédale de roches volcaniques. J'aperçois la crête, ce qui semble être le col du cratère, et une petite tâche blanche sur le côté.
Quelques centaines de mètres plus loin je contourne une paroi en me tenant aux pierres qui dépassent.
De la neige, enfin ... de la glace! Incroyable toujours bras nu du à l'effort je bascule dans le cratère de glace.





Je fais l'ascension pendant la période de 2-3mois ou la neige ne recouvre plus les pentes. Je remonte sur l'autre partie du col, trois touristes israélien s'apprêtent à redescendre, je suis un jeune du coin qui s'installe pour picniquer, whaouhhh j'y suis, je vois l'autre côté de la montagne, face à la mer. Je m'installe et change de tshirt. À l'abri d'une grosse roche je sors mon casse dalle en admirant la mer Tasman. Au fond à gauche j'aperçois même l'île du sud dans une masse brumeuse, j'ai une veine pas possible d'avoir ces conditions météo. Le temps est stable et même si aucun nuage ne s'est formé, je me couvre de mon sweat à capuche, je suis bien à 2500m!



Je passe une bonne heure à apprécier les lieux et repenser à mon trajet depuis Auckland, j'ai une sacrée chance d'être ici! Des instants précieux. Je finis quand même par lever le camp pour ne pas être le dernier sur le parking et pouvoir sortir du parc. En me retournant, plusieurs groupes sont montés et font foule en pressant eux aussi sur leurs appareils numériques, photos de groupe avec sourires bananes. Je traverse la masse au son des déclencheurs et commence la descente, toute aussi chouette sinon mieux, j'ai cette fois ci l'horizon pour panorama et non les myriades de scories et mon propre souffle haletant de gravir les pentes abruptes! C'est un jeu de trouver de bonnes prises solides sous les pieds, je fais l'araignée ou le singe c'est selon, attrapant une roche par ci posant le pied par la. Et puis retour sur le tapis de scories, un type passe devant moi en dévalant à grandes enjambées la pente, dérapant sur les gravas en soulevant des nuages jaunes, je le suis et c'est génial! Les scories soutiennent mes pas sous les chaussures et me ralentissent dans les sauts, c'est pas du ski mais s'en est pas loin non plus! J'échange deux trois mots avec le mec, c'est un gars du coin qui aujourd'hui est allé sur la tortue, une plateau de roche sur le versant ouest. On se suit comme des cabris descendant la montagne. Les escaliers, les silex de deux mètres, la hutte.





Je pose mon sac allégé du picnic et d'un litre. Un coup de flotte un bout de chocolat et une dernière banane séchée, prêt pour le final. Je continue la descente en jogging, interrompue par des séances photos, un coup d'oeil à l'heure, je me rapproche de 16h30, l'heure de fermeture de l'accueil, une des nanas m'avait dit qu'elle pouvait me donner un lift jusqu'à la sortie du parc. Je presse le pas du coup mais aussi parce que j'aime ça, faut bien le dire. Challenge réussi j'arrive à 25, dégoulinant de sueurs froides mais avec un gros sourire. Un tour aux toilettes me débarbouiller, en repassant prendre mon sac, la dame de l'accueil me demande si je veux repartir avec elle et sa collègue. Bin oui mdame, merci bien!

Le temps de sortir et réorganiser mes affaires, leur petite voiture de service se gare devant moi, j'ouvre la portière et monte à l'arrière avec mon sac. Je fais connaissance avec Joy et Lois. En me demandant ou je me dirige et où je dors ce soir, effrayée que je mettes le sac de couchage dehors, Lois, mère de quatre enfants me propose une bière, une douche, un repas chaud, un lit et de me ramener demain matin sur la route en direction de Wellington! Alors c'est la cerise sur le gâteau, il est tôt dans la journée mais j'ai peu de chance d'arriver à Wellington aujourd'hui et rien ne presse, c'est une nouvelle occasion de rencontrer les kiwis, je dis oui, bien entendu!
Lois et Joy

Changement de véhicule a la sortie du parc, je salue Joy et embarque dans la voiture de Lois. On arrive à sa maison ou elle habite avec David son mari, il s'occupe des vaches laitières de leur ferme. Lois travaille depuis deux ans à l'accueil du parc, elle est bonne copine avec Joy qui y bosse depuis 12 ans et connaît tous les secrets de la montagne.
Le soleil se couche tranquillement sur leur jardin, je me pose dans l'herbe et leur fais un petit dessin de leur masure pour les remercier. Je rencontre son homme et partage leur repas, je suis gâté d'un crumble au dessert, pomme et fijoa un fruit local qui sert aussi à faire de très bon chutney! On discute voyage autour de l'atlas.
chez Lois et David

Le soir j'étale mon sac de couchage sur le lit queen d'une des chambres vides de leurs enfants, tous partis depuis quelques années. Avant de tomber dans un sommeil profond je sens mes cuisses et mes mollets heureux de s'étirer, c'est dingue d'être là, toujours surpris des hasards des rencontres de la route.
une bonne journée et maintenant une bonne nuit.
Le lendemain matin je me fais du gruau pendant que Lois prépare le deuxième petit déjeuner aux oeufs-bacon pour David, il s'est levé a 5h30 pour s'occuper des bêtes, je lui dis au revoir entre deux bouchées.
A 9h15 Lois me depose sur la route du sud, elle me prend dans ses bras et me souhaite bonne chance pour la suite. C'etait encore un arret totalement imprevu, merci Lois! Allez on retend le pouce gaillard, whaou!

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