jeudi 4 juillet 2013

le souffle de bouddha

Phnom Penh le 25 juin 2013,

Réveil matinal sous des coins de ciel bleu, le soleil perce enfin, je prend le petit dej à l'auberge white river au centre ville avec gloria et janko, mes copains des jours passés. Ce dernier part à l'ouest visiter les temples d'Angkor, 6h de bus. Je note son blog wordpress afin de suivre ces déambulations asiatiques www.ausreiser.wordpress.com . À plus voyageur. Troublant de le voir partir, il me rappelle tellement jean-michel, un ami rencontré en Espagne il y a dix ans. De mon côté j'embarque Gloria en stop, on va tous les deux au nord est du pays, dans le ratanakiri, la forêt fertile. On projette d'atteindre Kratie en soirée à mi parcours de notre destination.

Gloria et Janko

On fait nos adieux à la ville dans la navette qui nous amène à la gare des bus.
On prend d'abord un car pour trois heures jusqu'à Kampong Cham histoire de s'échapper de la circulation turbulente de la capitale. Seulement 6$ et cela permet de couvrir un peu de distance au vu de mon agenda qui rétrécit à vitesse grand V. Un bon compromis pour ma tête qui cogite un peu trop sur cette fin de voyage qui s'en vient. Le bus cahote sur la route du nord qui traverse les rizières du plat pays. Le talus de la piste est surélevé ici aussi, on roule parfois à 6metres au dessus du plancher des vaches. Les maisons qui bordent la route se surélèvent d'autant sur des structures en pilotis béton. Des ponts de planches relient les baraques de tole et bois les unes aux autres et jusqu'à la route. Le sol sous la maison reste quand même utilisé pour entreposer ou cuisiner, toutes les affaires qui ne craignent pas la pluie.

Largués dans la chaleur écrasante du zénith, on se remplit la panse d'une platée de nouille sautées aux légumes et  œuf avant de se mettre en poste. je prend deux grandes bouteilles d'eau au passage on sait jamais combien de temps on va faire le pied de grue.
Je lance Gloria en racoleuse, elle y met du cœur mais pas assez convaincante. Faut dire que ce n'est pas évident comme endroit pour commencer le stop. On doit agiter les mains et suivre le chauffeur du regard. Éviter les mini vans qui sont des bus, les gros camions qui ne s'arrêteront pas et il faut surtout sourire à leur faire perdre leur retenue!
Mais à peine dix minutes sont passées qu'une 5portes se gare. Dèt (à défaut de pouvoir mieux communiquer ni de pouvoir écrire en khmer son prénom) va à Seoung non loin de la sur la voie principale. Après quelques gestes pour lui expliquer qu'on n'a pas d'argent ses yeux interrogateurs puis son sourire m'indiquent que ce n'est pas un problème même si on ne se comprend pas. Avec des schémas nous personnifiant on arrive à lui demander son prénom. Le reste du voyage est paisible dans la voiture climatisée. Une casquette militaire traîne sur le tableau de bord où pas un brin de poussière ne traîne. peut être est-ce un militaire, stabilité de l'emploi possibilité d'acheter un véhicule en très bon état, les hypothèses défilent avec les kilomètres. Apres une pause essence sur le bas côté où un type verse a même le bidon dans le réservoir, c'est déjà l'heure de changer de monture, si je puis me permettre. On quitte dèt qui rigole, embarrassé quand je le remercie infiniment (presque tout mon vocabulaire Khmer).


Det

On se trouve en centre ville, pas beaucoup de Barang, de blancs, qui doivent passer dans le coin, les locaux nous observent le long de notre chemin vers l'extérieur de la grosse bourgade.
Cette fois ci un arbre nous permet de poucer à l'ombre, un luxe dans ces contrées. Vingt minutes et nous voilà embarqués avec un couple au sourire irradiant. Pauléa et Kravi' (idem ça ne s'écrit sûrement pas comme cela) vont à memot à l'est. On leur explique qu'on se dirige vers Kratie au nord afin qu'il s'arrêtent à l'embranchement. Je trouve enfin un lexique basique dans le lonely planet anglais de gloria et parvient à demander leur prénom en khmer! Le connecteur nord arrive plus vite que prévu, nos chauffeurs se prêtent au jeu de la photo et posent devant leur véhicule même si pour ce piètre portrait ils tirent la tronche. Merci a vous deux!
 Kravi' et Pauléa
On marche sur la nouvelle départementale nord en lançant des hello aux petits gars qui nous interpellent en faisant des signes de la main, tout amusés de voir des blanc becs dans le coin. On pose nos sacs à l'ombre, on ruisselle. Gloria n'est pas sur de continuer demain! Le moral est quand même bon et on plaisante sur la prochaine voiture après quelques dizaines de minutes d'attente. On regarde aussi nos bracelets de protection du chamane bouddhiste rencontré la veille en se disant que rien nous arrivera de mauvais. Le soleil décline fortement je projette de peut être n'atteindre que Chloong à mi chemin vers Kratie. On se dit aussi que pourquoi pas le prochain véhicule va aller à Ratanakiri direct! Et pis dans ma tête je me dis que tant qu'à faire le chauffeur parlera anglais couramment!
Cinq minutes plus tard un gros pickup  noir aux portières couvertes de boue s'arrête. Chenda va dans le Ratanakiri. Et il parle presque courramment anglais! On en revient pas, on se marre puis on lui explique nos blagues de bord de route. On finit par lui montrer nos bracelets et il rigole de bon cœur avec nous. Le moteur ronronne et démarre sur la piste en mauvais état. Les suspensions toutes neuves font leur boulot Chenda les à fait changer à la capitale ces derniers jours et s'en revient travailler pour sa compagnie de telecom au fin fond de la jungle du nord est. C'est son véhicule de travail et un bip bip accompagne notre trajet, témoin de pistage du véhicule par GPS, sa compagnie vérifie le kilométrage à distance. On se cale dans nos sièges, je regarde au lointain par la fenêtre et pense à Yènn le chamane et le remercie. Aussi l'occasion de repenser à lui et l'histoire qu'il porte, ses 85 années passées sur terre, la guerre et la lente reconstruction au Cambodge.

Le coup de pouce est énorme, assis dans un des meilleurs véhicule pour affronter les conditions de cette route criblées d'ornières boueuses et profondes, on fait la superbe rencontre de Chenda, il parle anglais et cette ride nous fait gagner une journée sur le planning virtuel (oui y'a jamais vraiment de plan juste des projections mentales qui se glissent tels des cailloux dans les rouages du présent et nous donnent de la difficulté à le vivre pleinement). Bref on est au top et Chenda est un joyeux drille! 49ans, une vie animée et mouvementée, aujourd'hui un quotidien épuisant pour un salaire de misère, mais un beau sourire, de franches rigolades et du plaisir à partager certaines de ses tranches de vie.





Ses deux sœurs vivent dans le sud de la France depuis 16ans, mariées, mamans. Il leur a rendu plusieurs fois visite, il y a 3 ans la dernière fois, au mois du juillet et il faisait froid qu'il me dit! Ça lui manque énormément, à l'époque ces sœurs lui avaient trouvé une compagne française à marier pour qu'il puisse rester, "parfaite, belle, elle l'aimait beaucoup" mais lui moins les blanches c'est pas son genre. Mais depuis qu'il est rentré au pays il regrette d'avoir décliner la proposition. Il s'est entiche d'une femme de 19 ans malgre le courroux de ses soeurs, l'une d'elle vient d'ailleurs le mois prochain avec une nouvelle promise pour le marier et le rapatrier en France! La vie est dure ici, il a perdu un de ses business à Phnom Penh a son retour du pays du camembert, et son nouveau travail ne lui paye que 3$ d'extra par soirée -voir nuit- passée à réparer les générateurs de station relai de télécommunication. Chenda compose un numero, dit deux trois mots puis me tend le téléphone, "c'est ma sœur". Je me retrouve à discuter avec Malae à l'accent français quasi parfait, ici dans la campagne cambodgienne, le cul tapant sur mon siege au passage de monticules ou trous dans la chaussee. Pas évident de s'entendre avec les bruits du 4x4 et son frère qui parle business sur l'autre téléphone. Elle me pose des questions sur mon voyage, je lui demande ce qu'elle fait en retour et me répond qu'elle était chanteuse et qu'en 1993 elle a chanté au Cambodge avec Patricia Kaas! J'en reviens pas des anecdotes qu'on peut apprendre sur la route. Le téléphone sonne de nombreuses fois pendant le trajet, les équipes l'attendent à plusieurs endroits pour effectuer des réparations. Mais avec la pluie qui s'abat sur la piste, la nuit et les mauvaises conditions du terrain, impossible d'appuyer sur le champignon.
Mes yeux se ferment à plusieurs reprises, difficile de garder l'attention dans un noir complet hormis la lumière des phares du pickup. Embarqués avec lui vers les 17h30, une pause pipi et une autre pour acheter de l'eau dans une gargote de bord de piste, on approche maintenant de minuit. Le dernier tronçon entre Stung treng et Bah Long a été construit par les vietnamiens. Ils investissent énormément dans la province du Ratanakiri. Sa compagnie de télécommunication, coupe de bois... Le revêtement asphalté presque uniforme finit de me bercer... Puis des lumières au loin, Chenda pointe du doigt, on est arrivé. Les auberges qu'il connaît sont fermés mais par chance près du marché un petit hôtel reste ouvert. C'est la qu'on se quitte et qu'on le remercie chaudement, on prend ses coordonnées des fois qu'il ai un créneau de disponible dans son agenda bien rempli, histoire de l'inviter au resto. Pour l'heure il s'est fait remplacé et a quelques minces heures de sommeil avant de reprendre le travail à 3h du matin. Bon courage, or khun kraan' Chenda!

Chenda

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