jeudi 21 février 2013

... toi tu creuses

Vendredi 1er février 2013

6h30
J'etend ma lessive alors que les lueurs du matin pointent à peine, je passe à la cuisine des patrons prendre ma ration de weetabix, de tartines au beurre de cacahuète et préparer fissa mon casse croûte.
À 7h le type avec qui je vais bosser débarque, Mike, dans la soixantaine bien tapée. Un short d'écolier, des chaussures de sécurité et bon teint rougeot d'une peau blanche creusée, brûlée au soleil, les cheveux blanchis, comme décolorés. On embarque du matos qui traîne dans la ferme, quarts de rondin, demi poteau, pinces, bobine de câbles et agrafes pour clôtures, on remplit le réservoir du quad, j'me colle à l'arrière de l'engin et Alex démarre avec le chargement sur la remorque, on rejoint Mike plus loin le long de la route.
C'est pas les explications qui abondent ici, mais à ce que j'ai compris Alex et megan exploitent les terres pour de la viande de mouton. De la viande qui se retrouvera peut etre dans votre assiette car elle est toute envoyée en France!
Sur le trajet je découvre la vallée, boisée au bord de la route et du ruisseau en contrebas, pelée sur les hauteurs, décapitée par la déforestation intensive des premiers colons. La végétation est curieuse comme manipulée, peu de bosquets natifs, surtout des genres de platanes et peupliers dans le creux de la vallée, et forcement des pins sur les flancs, la région les cultive activement. Les sommets des collines de distinguent à peine, un épais brouillard se lève lentement pendant qu'on file face au vent sur le quad pétaradant.

Alex me débarque avec la remorque et poursuit sa route dans les collines. Megan, la femme d'Alex est venue mettre la main à la pâte. Avec elle je commence par dégrafer les battants brisés, la clôture est pas toute jeune, une bonne trentaine d'année et plus loin un type s'est ramassé dans le fossé après une soirée bien arrosée, megan connaît le gaillard, il a rafistolé à la va vite la quarantaine de mètres ou la voiture à atterri mais aujourd'hui c'est à nous de finir. Je commence a prendre le coup de main mais ma paume de bebe chauffe à manier la pince, ces petites sensations du travail manuel, se sentir vivant, enfin toujours un peu plus que derrière un écran LCD a pianoter du bout des doigts...
Arrivé a la nouvelle clôturee, megan fait demi tour avec le pickup, moi derrière qui jette des demi poteaux en face de ceux qui ont pourri. On rejoint Mike qui finit de retendre la clôture avec son attirail de chaînes de prisonniers, les strainers, qu'on pourrait traduire par "tensionneurs". C'est l'heure du lunch lance mon pro de la barrière. On se cale a l'ombre le temps de mastiquer et de se réhydrater, ça commence à cogner, je regrette pas mon superbe chapeau de paille fabriqué en chine pour deux dollars cinquante.
On rattaque par les poteaux, extraire les moignons enfouis en plantant la barre a mine de deux mètres et en l'utilisant comme pied de biche. Certains sont coriaces et on doit creuser autour pour les dégager, un travail de bagnard qui fait mouiller la chemise, mais on aime ça! bon, quand ça dure pas trop longtemps ...

L'affaire est pas réglée, s'agit d'en remettre un neuf, la plupart du temps on le met direct dans le trou et on sort la cloche, "the church bell"! Un cylindre en fonte ouvert d'un côté, avec deux anses de parts et d'autres. On enfourne le bazar sur le poteau, on se met chacun d'un côté, on empoigne les glissières et vas-y que je te le martèle pour le caler au fond! On finit à damer le remblais à la masse.

Quand il faut mettre un nouveau demi rondin les affaires se corsent. Soit qu'il y avait un manque soit qu'on veut créer une ouverture pour une barrière par exemple. Dans ces cas la on attaque à la pelle pour délimiter le rectangle, pelleter dans du gros gravier rien que du fun. Oui rectangle car certains poteaux donnent un angle à la clôture, plus de charge sur eux, du coup il faut leur mettre des calouzes au pattes, des cales en bois de part et d'autres pour éviter que la tension de la clôture ne les arrache du sol.
Mike prend son carotteur thermique, sorte de perceuse géante pour faire les trous de poteaux ou quart de poteaux selon la mèche. On met le casque sur les oreilles, on plante l'engin dans la terre argileuse et on démarre la bécane qui fait un potin digne d'une tronçonneuse en pleures.
On se retrouve parkinsonnien pour quelques minutes a forcer de tout son poids quand le sol est compact ou que la mèche est émoussée (merci Alex!) Deux trous plus tard, et le front qui perle ou dégouline selon le trou, on sort les pelles en fonte et la métale incurvée. On descend les parois à la verticale (surtout la face qui va recevoir le plat du demi rondin) a la pelle et punaise que c'est pas évident pour sortir les gravats à 80cm sous terre. Tout un coup de main que Mike à dans la peau. Le type me bluffe, sous ses airs de papy mougeot se cache un homme certes malin - chaque mouvement est efficace - mais un homme d'acier, pas un gémissement, soufflement! Pas de clopes, pas d'alcool ok mais le gaillard est toujours gaillard!
Après quelques heures, Mike jette l'éponge, c'est assez pour aujourd'hui, je dis rien mais je suis bien d'accord.

Dans la caisse, je jase un peu et parle de mon envie de partir quelques jours avant que me mère n'arrive histoire de m'essayer au surf à Gisborne. Mike en fait depuis 48ans qu'il me dit! Papy tient la vague, comme quoi ses t-shirts billabong n'avaient rien d'anodin (marque de surf).

Meme si je remet souvent en cause mes jugements hâtifs, le phénomène Mike enfonce la morale de ne pas se fier aux apparences, vraiment. Savoir retenir son jugement coûte que coûte, enfin au moins se la boucler!

Mike me dépose chez les patrons, on vide quelques outils à Alex, il me fait signe de la main et me dit à dimanche, claque la portière et redémarre le 4x4. On fait pas dans le sentiment ici!

Un peu hagard, je transfère mon backpack dans la maison des woofers et prend possession des lieux. Tout seul et Alex ne m'a pas parlé de nouvel arrivant, je m'étale complet dans la baraque qui compte 3 chambres et de quoi coucher 7 travailleurs de force. Je blague car ici c'est avant tout une sorte de woofing, c'est à dire un base de 4h de boulot par jour contre le logement et la nourriture. Alex m'a dit que selon ses finances et le boulot qu'il y avait à abattre (sous entendu s'il était abattu) il pourrait me donner quelques ronds. Du coup ça ferait mon affaire, mais je garde ça en bonus. J'apprécie avant tout les placards et frigo bien fournis, remplir l'estomac avant de remplir les poches! Comme boucle d'or je teste tous les lits. Pas de couverture réseau, pas d'internet, pas de télé dans cette cahute et c'est tant mieux, faut décrocher la perfu (bon pas totalement sevré je me connecte chez les patrons de temps à autre avc le câble ethernet mettre à jour un peu ce que vous lisez entre autres), en revanche la radio du combi ne capte rien. C'est pas un drame, j'installe le pc sur la table, mon jukebox et station photoshop pour les jours à venir, aussi mon talon d'Achille, passer du temps sur les prises de vues plus ou moins réussies des six derniers mois sur la route. En attendant le soleil se couche sur la contrée, je sors sur la véranda finir la thermos de thé et souffler un peu. Après mon frichti, je passe voir Alex lui demander ce qu'il a prévu pour le lendemain. Il passera me voir vers 8h qu'il me réplique, y'a deux trois trucs à faire avec le bulldozer dans les collines. C'est court comme réponse mais suffisant, à demain! Je salue la famille et les gamins qui jouent avec leur opossum semi apprivoisé. Les chiens de bergers enchaînés sous les arbres jappent a mon passage, je rentre dans mes pénates par une belle nuit étoilée, le gravier qui crisse sous les chaussures et l'humidité qui me dresse les poils sur les bras.

Samedi, j'accompagne Alex sur le sommet de la colline dont on rafistolait la clôture la veille. Le quad nous emmène presque au sommet je finis à pince avec les bottes à crampons. Alex escalade son bulldozer - un petit 7tonnes - et commence le nettoyage des pins que son propriétaire à vendu à des compagnies forestières. La plupart des arbres ont été emmené mais certains sont restés agrippé. J'attache les chaînes autour de branches qu'Alex dégage en marche arrière. Il sort la tronço et élague un énorme pin couché sur le sommet, prêt à faire le grand plongeon. Après plusieurs coups de tronçonneuse et poussées au bull, le tronc se retrouve en porte à faux quelques mètres plus bas. Prudemment on descend avec un demi rondin. En faisant levier à une extrémité, on pousse un grand coup et le tronc dévale la pente en un éclair, l'arbre craque et éclate tout a chaque rebond, il soulève un nuage de terre qui envahit l'horizon et monte à notre hauteur. Un seigneur est tombé.
Je passe le reste de la journée à plus faire figurant qu'autre chose, trop dangereux pour que je prennes la tronço sur les troncs instables, je fait l'assistant et apporte les outils à Alex quand il sort du bulldozer. Il descend plusieurs autres pins de 6-7 tonnes, bloqués entre deux buttes. Chaque gros arbre lui rapportera 300$ environ, dérisoire quand on voit le temps qu'il aura fallu pour que ces pins arrivent à maturité mais bon aujourd'hui dans la logique de globalisation le coût de chaque chose est dicté par les lois du marché, des lois artificielles. Les machines font tampons et permettent néanmoins de réaliser de substantiels profits. Les troncs seront débités et envoyés en Chine.
À la fin de la journée on repart en laissant derrière nous une colline un peu plus "propre", un peu plus stérile aussi.

Le soir hamisch, un des fils des patrons, me propose d'aller se baquer dans la rivière, je le rejoins en contrebas. Il fait bon et le soleil se couche, hamisch lance la pompe et installe le tuyau qui prend l'eau de la rivière et envoie la sauce sur une bannière publicitaire géante dépliée dans la pente, toboggan! On se tape le cul mais gros délire pareil, hamisch sort le bodyboard, je vous raconte pas les vols planés.

Dimanche je taquine le quad et passe une grosse journée avec Mike à finir la barrière, creuser, déblayer, enfoncer les poteaux, jambes d'appui, blocs, poser et tendre les câbles de la clôtures... Le tout sous un soleil de plomb, les cigales du coin s'en donnent a coeur joie, je me sens comme un bagnard posant du chemin de fer. Journée finie, je bois tout ce qui est liquide dans la cuisine, lait chocolaté frappé, thé, eau et colorant goût fraise (beaurkk ouais je sais), je met une gourde au congelo, salade de fruits qui sort du frigo, oranges fraîches, kiwis. L'orgie d'hydratation je suis un puits sans fond.

Lundi autre type de barrière , poteaux métal et grillage a attacher, la température est honorable, on passe l'après midi casque sur les oreilles à agrafer les battants au pneumatique sur la clôture du premier jour. Machine 1 peau 0, je me tape des cloques, le métier qui rentre et la connerie qui sort dirait mon père.
Je me retrouve avec des paluches de fermier, de la difficulté à plier les doigts, la journée a été bonne!

Mardi quelques gouttes le matin, Mike me conseille de prendre sa veste de pluie, je l'écoute et embarque à l'arrière du quad. À peine remis à clouter nos battants une pluie fine et glacée nous tombe dessus, "de l'Antarctique qu'elle vient" me lance Mike! La gabardine de cuir est trempée et je commence à avoir froid aux extrémités. Midi sonne on plie bagage, l'effort relâché je grelotte dans mes short et t-shirt, Mike m'explique que chaque année des types y restent en s'aventurant dans les bois sans équipement contre les intempéries. La météo ne fait pas de quartier dans ce pays, le proverbe local "si tu n'aimes pas le temps qu'il fait attend un quart d'heure" n'est pas a prendre à la légère.
À la casa je jettes quelques bûches dans le poêle à bois et je me change pour des affaires sèches et chaudes, 35degrés la veille et 12 humides aujourd'hui, sacré pays!

Le temps se radoucît et revient à de belles températures les jours suivants. Mike est parti ailleurs et Alex a pas vraiment besoin de mon aide. Le vendredi au reveil, je l'aide à rabattre quelques moutons égarés sur la route et à réparer un dix metres de clôture. Je lui annonce aussi mon intention de quitter les lieux le lendemain pour aller surfer à Gisborne. Plutôt embarrassé, je le sens manigancer un plan pour me garder, Mike revient dimanche et lundi finir le boulot.
Le même soir j'entends une voiture se garer à côté de ma casbah, je sors de la cuisine et fais la rencontre d'une nouvelle tête, Klaus, un allemand, ma relève!
Je lui fais faire la visite des lieux en lui expliquant comment se passe le boulot. Même âge que moi, Klaus mais 1,97m et des épaules de basketteur, je sens qu'Alex va être content. Il vient faire un tour ici en attendant que son job commence à hastings, cueillette de pommes!
Il va pas être déçu!
Klaus bossait sur les plateformes pétrolières ces 5 dernières années pour une compagnie qui enfonce des piles par hauts fonds, il pilotait des marteaux de quelques tonnes à 300t.
Entre son job et le mien à Montréal, notamment la mission d'operation planning pour l'extraction gazéifère de total en mer du nord, on en a ras le bol d'exploiter les ressources fossiles, tellement couteux en énergie, et aussi en terme de matière grise, il est temps de passer à autre chose!
Klaus pense à aller bosser dans l'éolien ou dans les champs de panneaux solaires. J'apprends aussi par le net que Corey qui m'avait pris sur la route dans le nord du Canada va quitter l'extraction minière des sables bitumineux pour retourner sur les bancs de l'école en énergie éolienne! Ça fait plaisir!
En tout cas on passe une bonne soirée a discuter et refaire le monde et doublement bonne car demain pas de job et Mike passe me prendre pour m'emmener à Gisborne. Je vais pouvoir le louer du matos et aller sur les vagues, je sais pas trop comment je vais rentrer mais on improvisera!
On éteint les lumières assez tard, c'est chouette de partager de bonnes conversations, deux européens perdus à l'autre bout du globe, du n'importe quoi! On cherche et on va trouver, énergie gare à toi, énergie nous voilà! Bref on va commencer par bien l'économiser, demain surf et dimanche ... on creuse, bonne nuit!

la brume matinale

le troutroutteur massotherapeute

strainers, les chaines de ninja pour rafistoler, retendre les clotures, bien pratiques

Mike en train de planter le devideur de fil d'oeuf

plus qu'une barriere, une oeuvre d'art

clotures poteaux metal et grillage, une variante appreciable, moins crevante

la colline qu'on a cloture sur du 40deg d'inclinaison le dernier jour

mes mains rachto ont double de volume

j'ai des boudins michelins a la place des phalanges

il a fait froid et j'ai fait du feu dans le poele, autant dire que j'ai pas manque de buchettes

ma tanière pour neuf jours, mes soirees sur l'ordi a faire chauffer photoshop
 
la riviere pour se prelasser et se predecrasser

des soirees chaudes coupees par des matinees humides ou des pluies glaciales

mes amis les betes sous les arbres exotiques




fier comme un c

t'aurais pas une petite epluchure pour moi?

coupe d'ete

t'es qui toi

tondeuses tondues
a l'assaut des monts peles voir le soleil disparaitre



un pin d'elevage dans son rond vaporise au désherbant total

une constellation de pousses, sur les collines environnantes

salut

etranges lieux, transformes par la main de l'homme, une beaute artificielle

je m'occupe de nourrir le petit Klaus, salade, crepes party et grillades de mouton

mayo maison pour les homards que nous a ramene le patron, sacre repas pour des manards!

ciao les gars

samedi 16 février 2013

Into the bush

Lundi 28 janvier 2013

Le festival se vide peu à peu,  les burners reprennent la route. On fait nos au revoir aux copains et voisins de tente, la petite tribu, on s'est tous laissé bercé  par la douceur de ces dernières journées, le spleen se lit dans les regards.  Le moteur du magic van ronronne après que le voisin nous ai démarré la batterie a plat, on fait des signes de la main à ceux qui restent humer le parfum du départ. Sonja, Audrey, micka et moi reprenons la route de taupo, au sud.

En route pour de nouvelles aventures!

Peu après c'est de nouvelles embrassades, mickael et Audrey filent sur la côte passer du temps tous les deux. Le moment de reprendre chacun sa route. Je reverrai certainement les loustics sur Wellington. Salut les amis! Sonja commence un boulot dans une auberge d'ici quelques jours dans les parages et  pense rester à Taupo d'ici la. De mon côté je dois rechercher du boulot pour les deux prochaines semaines. On se prend finalement un dortoir à une auberge. On descend tranquillement de notre petit nuage en se prenant l'apéro en terrasse, le soleil se couche sur le lac Taupo, nous laissant rêveur sur les aventures des derniers jours.
Je passe 3 jours dans la bourgade, auberge, fourrés, camping gratuit - ou je retrouves des têtes du kiwiburn - ; je dors un peu partout après des journées a prendre mon fix de junkie sur le net de la bibli, a m'occuper des photos, blog, emails, trajets, skype, annonces de job... le dur labeur du voyageur!



Lors de ces recherches mes yeux s'arrêtent sur une annonce d'un fermier. Il recherche un peu de main d'œuvre dans son coin de pâturages pour divers travaux champêtres contre un nourri logé. Éventuellement un peu d'argent a la clé dépendamment du travail requis/effectué. Ça a l'air réglo et j'écris un cours message au patron, Alex. Quelques minutes après, mon téléphone vibre. Je discute avec Alex brièvement et l'affaire est conclue, j'irai faire un tour dans sa ferme voir de quoi il retourne.

Jeudi 31 janvier.

Je me réveille alors que le campement dort, je démonte la tente pendant que l'eau de mon thé chauffe. Je plie bagage et quelques têtes émergent dans l’entrebâillement des tentes. Je bavasse un peu avec les copains, accepte un café d'un canadien, un autre Corey (cf. Un post pas écrit sur la traversée des rocheuses sur l'Alaska highway). J'échange mes coordonnées avec tam un hongrois et finit par prendre une ride avec Omer, un israélien. Il me donne un lift du camping jusqu'au centre ville de taupo. Merci dude, peut être à plus tard dans Bay of Island!

Omer au fond et son compagnon de voyage allemand

En attendant le soleil me cloue au sol, il est midi et je transpire à grosses gouttes pour atteindre l'embranchement qui me mènera à bon port. J'avais prévu d'aller doucement vers le nord, trouver de la job sur la route et faire du surf vers Raglan. Histoire de me rapprocher d'Auckland ou ma mère arrivera mi février, mais c'est finalement l'est qui m'appelle. La route en stop va être longue, du au lacets dans les collines escarpées. Alex habite a 5-6h d'ici dans un coin de verdure le long d'une petite route a 40 bornes de Gisborne... Gisborne, un spot de surf! Pas fou le loulou, je perd pas le nord et j'ai toujours l'intention de me prendre du temps pour aller jouer l'équilibriste sur les vagues.
Une heure de marche plus tard, je pose ma coquille d'escargot et tend enfin le pouce. Pas trop chanceux, j'ai moins de succès que dans le nord du pays. Les cigales du coin jouent leur musique sous le soleil de midi. C'est seulement une bonne heure plus tard qu'une voiture s'arrête, départ à 13h je suis pas rendu!



Bert s'en va à Hastings, il revient de taupo avec son véhicule et un nouveau moteur d'occaz. Y'a trois semaines de ça, la voiture l'a lâché sur cette même route alors qu'il partait en week-end avec la famille. Pendant que la femme et les enfants sont restés a l'ombre sous une chaleur de plomb, Bert a du faire du stop pour rejoindre Taupo. Eh oui comme au bon vieux temps, ici la couverture réseau se limite aux agglomérations. Les gens sont beaucoup plus relax sur l'utilisation des cellulaires.
Bert travaille de nuit dans un hôpital pour déficients mentaux, un travail tranquille et qu'il aime bien mais pas facile pour la vie de famille que je lui répond. C'est sur il fait des siestes mais voit un peu ses enfants avant de partir au boulot. Il a surtout pas eu de pot avec la météo pour ses dernières vacances avec toute sa famille dans le nord de l'île, une pluie du tonnerre pendant toute la durée de leur séjour! Bert est un bon vivant et garde le sourire, on parle de tout et de rien, on rigole bien. Il me pointe du doigt les collines environnantes, tondues par l'industrie forestière, la région est une des plus grosse ferme sylvicole au monde. Pour ça les colons ont du rasé les forêts et bois originels et continue apparemment. Après 15-20 ans ils reviennent raser à blanc et vendre le tout à l'export en chine. Bref entre ma visite au musée sur les kauris- les arbres géants au bois précieux- remplaces par des pâturages à travers toutes l'île et les étendues sylvicoles à perte de vue la biodiversité n'a pas l'air d'être une préoccupation majeure en nouvelle Zélande. C'est vrai qu'avec 4 millions d'habitants au compteur et donc une densité riquiqui, c'est assez dur de réaliser les impacts sur l'environnement de ces transformations de paysage. A titre de comparaison si chaque européen coupait autant d'arbres que les kiwis l'ont fait depuis l'arrivée des premiers colons, il n'y aurait sûrement plus un seul arbre debout dans toute l'Europe. Quelques coups d’œil suffisent à voir le gâchis laissé par l'industrie (genre verda après quelques recherches, quelques photos ici http://www.flickr.com/photos/alan_cressler/8416065908/ ), des myriades de troncs décharnés et explosés par les machines jonchent les pentes délavées par l’érosion... La surface sylvicole cultivee dans le pays est de 2 millions d'hectares, et est en expansion, le besoin de rassasier la demande de bois toujours plus grande au lieu de changer les mode de vie, les achats compulsifs versus le recyclage, le 2e main, la reparation de meubles, etc. Malgré tout, ce bois semble être plus ecolo que celui d'amazonie, ou la faune et la flore sont encore diversifiées. ( http://business.newzealand.com/vAm7hbA/media/105684/sustainable-performance-nz-pine-feb-2011.pdf )

On sort des collines, au loin se détache l'océan pacifique, majestueux! Ma route part vers la gauche, celle de mon chauffeur continue a droite. A l'embranchement sur la route transversale, Bert fait un petit crochet pour me mettre bien en vue des prochaines voitures, dehors entre deux coups de brise la chaleur est écrasante, Bert me tend son pack de jus d'orange. Il me souhaite de belles aventures dans le pays, on se salue chaleureusement. Thanks bro'.

Bert, merci



Quelques voitures plus tard, une cinq portes noires fait demi tour! Rosemary une nana du coin me demande ou je vais depuis sa fenêtre.
Elle va à wairoa voir une amie, à mi chemin de Gisborne, superbe! Je la remercie pour le demi tour, elle me dit qu'elle a eu des remords à me laisser sécher au soleil!
Neuf fois maman, rose travaille pour le département de l'agriculture, elle veille à ce que les cultures soient conformes aux règlementations. Un boulot sympa qui lui fait voir du pays et pas mal de monde. Elle m'explique deux trois trucs sur le coin et me conseille d'aller dans un parc au nord de wairoa si le temps me le permet. De belles randos avec un superbe lac paraît-il, idéal pour camper. Je quitte rose qui va retrouver son amie pour prendre le thé comme on dit ici, ce qui veut en fait dire qu'elle va dîner chez son hôte. Elle me donne son contact des fois que je passerai à Hastings ou que j'aurai besoin de quelque chose, merci beaucoup et à bientôt peut-être!

Rose
Je marche jusqu'à l'extérieur de la ville pour tendre le pouce sur une belle ligne droite, Jay et sa mère Yolande me propose d'aller un peu plus loin sur un bon spot pour faire du stop qu'elles me disent. Mais c'est parti! Cinq minutes plus loin je me retrouve sur une colline avec vue sur wairoa et l'ocean. Les filles repartent, un détour pour me filer un petit coup de pouce, plein de gentillesse, merci.
Jay et Yolande
Deux véhicules passent et ca marche! un 33tonnes fais retentir la pression de ses freins et se parc sur le gravier du bas côté. Je grimpe poser mes fesses dans le camion de Scott. Il va livrer des racks à bouteilles du côté de Gisborne. Un petit air goguenard de Mickey rourke  avec une bonne brioche, il me parle du pays qu'il a traversé dans tous les sens, je lui raconte mon programme pour les prochaines semaines. On gravit des pentes ardues pour le 18roues et puis soudain la baie de Gisborne à l'horizon, le camion dévale les pentes pour retourner sur le plat des pâturages de bord de mer. Pas très concentré sur mon itinéraire, je rate le rond point pour la ferme d'Alex. Pas de problème, Scott hésite pas a faire un demi tour sur un terre plein tout bosselé, il me dépose sur le rond point et me souhaite bonne route avec un grand sourire. Un chic type, merci l'ami et bonnes routes à toi également!

Scott

Un coup de klaxon, et le camion disparaît derrière les buissons. Pas grand monde sur la route de Tiniroto. Je passe un coup de fil à Alex pour lui dire ou j'en suis. Il me rappelle et me dit que son fils va revenir de Gisborne d'ici une demi heure, génial! J'en profite pour manger un morceau, fruits secs et boite de thon et piquer un somme dans les rayons du soleil couchant.

Peu apres un pickup recule derrière moi sur la route, je soulève mon chapeau de paille, un type me demande si je veux une ride. Je lui explique la situation. Il m'invite à monter, il connaît Alex et son fils aussi, qui doit être au bar. Le type en question est Craig, la trentaine, un autre fermier du coin, je grimpe dans le pickup, et salue sa copine Aly qui est au volant. Craig a un bon coup dans le pif aujourd'hui c'était relâche, il me tend une bière et on trinque. Je découvre qu'il s'agit d'une ferme à viande de moutons, Alex a 3000tetes, Craig doit s'occuper d'en gros la même chose, il a aussi des cerfs d'élevage pour la boucherie.  Arrivés chez lui on change de pickup, et Craig me fait faire un tour de la propriété avant de me déposer chez Alex. Les routes sont sinueuses, de parts et d'autres s’élèvent des pâturages jaunis. Il n'a  pas plus une goutte depuis 3 semaines et les herbes sèches brillent dans les lumières dorées du couchant. Quelques dizaines de kilomètres plus loin, je rencontre enfin le fermier, chemise à carreaux, grosses chaussures de sécurité, pantalon poussiéreux, le teint rouge, buriné par le soleil et une solide poignée de main. Le grand Alex me souhaite la bienvenue et sa femme lui emboîte le pas, elle me montre une petite dépendance ou je vais pouvoir m'étaler pour la nuit, demain je pourrai descendre dans la maison des backpackers, pleine de trois allemands ce soir. Je finis de me caler l'estomac avec un ou deux sandwichs, lance une machine et file au lit. Je salue Craig et Alex qui restent à parler terrain et moutons. Moi je vais les compter, demain lever à 6h30, bonne nuit!

mercredi 13 février 2013

Feu

Mardi 22 janvier 2013

On retrouve Sonja, une copine allemande de Wellington a Taupo, embarquement immediat dans le van champignon pour aller faire trempette dans les sources chaudes qui se jettent dans la rivière Waikato. Se ressourcer et prendre un dernier bain avant le festival.








23 janvier 2013! KIWIBURN

On émerge de notre campement a cote de la rivière, on range les affaires du van pour accueillir les provisions et réserves d'eau nécessaire pour la durée du festival, le Kiwiburn, version locale du Burning Man. Ce dernier réuni maintenant 50000 personnes pour une semaine en plein milieu du désert du Nevada, la ville artistique de black rock city. Ici le festival sera vert et tempéré mais les règles seront les mêmes, pas d'argent sur le site, la seule économie en vigueur est celle de la donation, offrir et partager quoique ce soit. Beaucoup d’activités et créations artistiques pendant les cinq journées, organisées par différents campements, regroupements d'artistes, jongleurs, musiciens. Mais aussi l'aventure de la journée et de la nuit, celle de se balader dans le festival et rencontrer, accueillir du monde de tout horizon.

la diablesse de sonja prend le volant pour nous emmener hors du monde pour cinq jours

ma petite tente jaune est déployée pour le festival, feu!
excursion nocturne du campement
spectacle de lumière



une lumiere dans la nuit, oh oui!
on y a bien fait chauffer l'herbe
le temple encore vierge de messages
art de nuit

session body painting improvisée



cours de hula hoop


beuf dans la tente Balrog
patrick, qui a donne des cours de bolas, les poy
le man qui brulera bientôt!
le man emmagasine la chaleur pour nous la rendre plus tard 
un ptit gars qui distribue les stickers du burn comme sur la pancarte
sous une bonne étoile
on se demande qui est venu voir qui
piraterie
les jams fleurissent dans l'herbe
pour petits et grands
les dompteurs de feu en pleine expression diurne
chloe et simon, un super petit couple de l'ile du sud, amoureux de la nature
le distributeur qui te met a poil, klaxonne et te balance de la flotte
le fondateur d'un projet de messages poétiques a mettre en bouteille, il voyage a travers le pays avec son mur
la ville consumériste qui sera brulée avec le temple
a l’intérieur du temple, tous les murs sont remplis de messages, j'y met mon petit mot


soudain un bruit retentit a l'horizon, des voix
le man a brise durant le transport pour l'amener sur la place - ou l'autorisation était accordée pour le bruler - heureusement pas de blessé
dur moment pour les festivaliers mais surtout pour les créateurs qui ont passe un temps infini dessus
mais même couché le man brulera!
le lendemain rend hommage a l’œuvre du corps, une dizaine d'entre nous se font habiller de couleur pour une représentation éphémère

au son des percussions, les êtres colorés circulent entre les spectateurs






les percus s'endiablent et les danseurs invitent la foule a se joindre a la performance


un moment intense pour ces danseurs, sublimés par une autre peau
l'homme rafistolé et son nouveau cœur dressé vers le ciel, sa petite tribu d'hommes en référence aux dix années passées; l’œuvre de bois est prête a s’élever en tourbillons de flammes
tous les jongleurs de feu sont de sorti pour ouvrir le spectacle
un cordon de securite pendant que le feu deploie son energie, les pompiers pas loin


des satyres sautent dans tous les sens pour galvaniser la foule
premiers tous nus autour du feu nourricier suivis par des dizaines d'autres, ahhh c'est bon d'etre un hippi. Les danses endiablées finissent avec les dernières flammes
une sculpture-stele a la memoire de jessica une amie de nombreux festivaliers qui est morte la semaine avant le kiwiburn, chacun peut y tailler sa flammèche.
je tente la swing rope de julien et greg, 12m a se balancer d'un pont, c'est bon!
mariage collectif au burn
ce soir on se la joue wild, stacey en charlie pervers!

paul et sonja a la moustache, a la buvette cafe

white night
jouer au mister maboule électrifié, un très bon alcootest

des visages dans la nuit
le temple attendant patiemment son heure

petit dej avec la familia

atelier d'échec improvisé

plus d’échec et LA rencontre, je retrouve Jo de la colloc du bruce a Wellington a droite et Vania, un colloc d'Anna a Auckland a gauche, les 2 sbires ont fait connaissance tout seul, c'est marrant les réseaux d'amis qui se croisent


se laisser porter par les évènements




la pleine lune nous contemple, derrière la ville attend son tour pour partir en fumée

les deux stèles pour jessica ornent le temple
ici aussi on brule des voitures
chacun médite a sa façon sur ce feu qui s’achève