mercredi 24 juillet 2013

fin d'une ère ( frontiere laos vietnam Tày Trang)

Phongsaly, 17 juillet 2013, 8h30, je quitte la ville d'altitude pour redescendre au bord de la rivière nam ou et y prendre une embarcation.

Le bus pour Hat Sa nous fait traverser un pan de montagne terraformé. Les chinois ont apparemment investit la région au vu de l'écriture des panneaux de chantier. Sur une colline voisine on aperçoit même une petite ville nouvelle, certainement pour les nombreux ouvriers qui doivent travailler sur ces chantiers qui bordent la route. Conduire et opérer d'énormes camions de gravats, tracto-pelles et autres engins pour élargir la route... Oui car je n'ai vu aucun ouvrier trainer a phongsaly, ils doivent vivre en autarcie. Étrange.
Quand les terrepleins de terre orangée ne cachent pas la vue, la végétation de lierre, lianes et bambous géants remplit le panorama. Les bambous ploient tels des doigts crochus sous leur propre poids. Les plantes grimpantes recouvrent les interstices et donnent aux versants des airs de cascade végétale. D'autres fois ce sont de grands arbres longilignes au tronc apparent qui semblent pousser le couvert de la forêt comme des champignons après la pluie.
en allant a Hat Sa les camions defilent, devant moi la coiffe d'une femme Akha qui dépasse et son petit gars
Après une heure de descente j'achète mon billet pour Mouang Khoua à 4-5h en aval. 105000kips car nous sommes suffisamment nombreux (touristes et locaux) pour filer les 1,2milions de kips que chaque capitaine demande pour rentabiliser son voyage. Je fais la rencontre de Frank, un français de 32 ans qui voyagent avec ses deux fils de 8 et 10 ans, un mois pour un trajet un peu inverse au mien. ils reviennent de 3j de trekking dans les tribus akha de la région. Ils ont tous les trois beaucoup aimé l'aventure, traverser les rivières jusqu'a la poitrine, échapper aux serpents, les manger et rencontrer les cultures locales!
Et ce n'est pas leur premier voyage. Frank les trimballe à travers le monde depuis quelques années, Amérique du Sud, Mongolie en stop et à vélo avec leur mère. Aujourd'hui Frank me dit que ce serait bien qu'il contacte sa nouvelle compagne qui est restée en France pour s'occuper de ses deux nouveaux enfants, il ne l.a pas encore fait depuis leur arrivée il y a près d'une semaine!
Le bruit du moteur occupe beaucoup l'espace et on souffle un peu quand on doit accoster ne serait-ce que quelques minutes. Certains rapides sont bien sportifs mais notre capitaine gère très bien les écueils et les mouvements de l'embarcation. Puis une route nouvellement taillée à peine hors de l'eau surgit de la forêt sur notre gauche, encore un coup des chinois. Plus loin on passe une colossale construction de béton. J'interroge Frank, ce serait un nouveau barrage, il en avait vu un autre plus avancé lors de son trek. Frank me parle alors du photographe belge avec qui il a pu discuté. Ce dernier était au port ce matin. Alors que nous descendons la rivière, lui la remonte et part pour quelques jours de trek avec un guide, plus au nord. Il est venu étudier les impacts sur la vie locale et Frank me fait prendre conscience de l'enjeu. La région va être complètement changée. Certains villages vont être noyés ou déplacés de force. L'accès a la route construite le long de la rivière et jusqu'au barrage va amener son flot de civilisation et progressivement décimer les traditions des ethnies qui vivent dans cette province reculée du pays. Ils sont d'ailleurs invités par le gouvernement lao -complice et largement arrosé par les compagnies - a se déplacer d'eux même vers les routes afin de bénéficier d'un meilleur accès à la santé. La blague. Mauvaise.
Le trajet se poursuit sous le ronron bruyant du moteur au milieu de cette forêt pourtant si paisible. D'ici peu les allers et venus en pirogue cesseront surement.

le photographe belge

des petits villages ou s’arrêtent les locaux



le barrage numero 5 en construction




Mouang Khoua. Nos chemins se séparent avec frank et ses 2aventuriers, ils vont vers luang prabang. Je leur recommande les chutes de Kouang Si! De mon coté je passe la nuit a l'auberge Nam Ou, seul locataire. Je compte attraper le bus quotidien du lendemain matin et aller au Vietnam, mon 6e et dernier pays d'asie du sud est! Après avoir chargé quelques photos au seul cyber du patelin, je me fais inviter par les proprio pour partager leur dîner! Sans un mot ou presque ils me pointent la chaise et me prient de m'asseoir. Un bol de riz est déjà servi, une des deux filles me tend une paire de baguettes. Plus qu'être assis autour d'une table, j'étais attendu et je suis sur le cul! Je déguste leur soupe aux petits poissons, encore entiers, et un ragout de buffle au gingembre, de la carne au bon goût fumé. Je les remercie aussi simplement et sincèrement qu'ils m'ont invité. L'écho du cri des coqs dans la vallée vers les 3h du mat me réveille, un son fantastique voire cauchemardesque!


Nam Ou guesthouse, pas cher et super vue sur la riviere

le coiffeur












Jeudi 18 juillet, le bus d'oudom xai arrive étonnamment a l'heure ou presque, je suis le seul type à embarquer et il reste des places assises, incroyable. L'asphalte est de bonne qualité et même si on roule pas vite pour regrimper sur les crêtes, il n'y a pratiquement aucune secousse. Pas vraiment une satisfaction car même si mes cannes et mon derrière se réjouissent, ce tracé à l'investissement colossal en raison du relief montagneux et des conditions climatiques, tient son existence grâce à l'intérêt des chinois pour la rivière nam ou et les barrages qu'ils y construisent. J'ai vu de mes yeux une partie du travail titanesque accompli la veille.

La route neuve des chinois (ou vietnamiens peut être hein, ceux qui ont de la thune à investir) se fait recouvrir de temps à autre par des éboulements. Dame nature est toujours vivante et de longue coulées de boue orange recouvrent les parois. Par chance pour mon agenda les tronçons ont déjà été dégagés. Les pneus patinent quelque fois dans la boue fraiche mais on s'en sort tres bien. Je passe mes derniers kilomètres dans les montagnes de bambous estampillées Laos. Au passage d'un col, c'est la frontière du pays. Deux bâtisses aux extrémités d'un virage en épingle. Des bouses de vache jonchent le gazon du terre plein. Aucun bruit ici a part des cigales et quelques oiseaux. Le type tamponne la pile de passeport et nous voilà reparti pour quelques kilomètres de forêt duty free avant d'atteindre le poste frontière vietnamien. Dans l'enceinte de l'édifice, sur un grand panneau je vois le tarif de 45$ pour un visa affiché en gros! J'ai du en débourser 60 a Vientiane. L'équipe de l'ambassade vietnamienne de la capitale se fout bien de la gueule du monde, rha les douaniers tout puissant...

En tout cas pas de pot de vin à ce poste frontière je suis traité comme les locaux, ça fait plaisir! Passeport en main je traverse le bâtiment des douanes, me voilà au Vietnam! On se rempile une heure de trajet en descente pour atteindre dien bien phu dans une grande vallée ou les ramasseurs s'affairent dans les rizières qui la recouvrent.
un des barrage des chinois qui va changer la région et ses habitants
vers la frontière vietnamienne





Vietnam !!!!

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