dimanche 30 septembre 2012

l'esprit de la foret

Jeudi 27 septembre,

une autre journée qui commence bien. J'ai rien a faire et ça me plaît toujours autant!
Je lance un petit feu dans le poêle à bois. Je pose mes toasts à même la fonte, ainsi que  la bouilloire, ma poêlée de spaghetti à l'ail de la veille (dédicace à notre ancien colloc Fabio) et une grosse casserole d'eau pour la douche des fois que le poele ne chauffe pas assez le conduit. Quelques bûches plus loin, un thé bien chaud et l'estomac remplit je prend une douche énergique et utilise finalement l'eau chaude de la marmite pour laver quelques affaires. Je les fais sécher au dessus du poêle! Rien ne se perd de cette précieuse énergie. Je passe prendre le café chez le frère de Paul,  j'ai envie de voir un peu la foret et je lui demande si on peut rejoindre le cours d'eau Lang creek ou je suis passé hier. J'avais vu qu'il passait non loin de chez eux sur une carte. Il me dit que y'a bien moyen d'y arriver en suivant les lignes électriques et en prenant à gauche au bout de la route je devrais tomber sur un camp de jeannette. Le camp est désert à cette période. Il donne directement sur le ruisseau. On se donne rendez vous vers 18h pour aller souper chez Paul.
Je prend mon bazar numérique, un casse dalle et en route!
Il fait bon sur la piste en gravier, l'été indien, je suis en tshirt on est presque en octobre!
J'arrive au campement des jeannette et descend sur lang creek, l'endroit est magnifique comme me l'avait dit David. La végétation est dense. Je marche un peu en bordure sur les galets, remonte sur la berge pour aller voir plus loin. Je trace mon chemin entre les troncs plein de mousse, les fougères, arbustes et ronces. J'emprunte des passages d'ours pour me faciliter la progression, et je voie leurs crottes, certaines assez fraiches. Pas un bruit d'activité humaine. Pendant des prises de vues, des petits oiseaux se posent à côté de moi, un faucon à quelques mètres.




 Les roches sont magnifiques, le debit du cours d'eau à sculpté comme des trous, découpé les berges comme un gruyère. Des corneilles frappent l'air en survolant la rivière au dessus de moi. Un bon bout de chemin derrière moi, je regarde devant et me dis que tant qu'à faire autant descendre la rivière!
Sur les quelques passages vaseux j'aperçois de belles empruntes, de cervidés et ... d'ours noir






Des déjections parsèment le chemin, je suis sur leur territoire. Et puis sur un caillou je voie des éclaboussures d'eau de la taille d'une patte. J'ai l'impression de pister un animal. Plein de signes qui me disent que je ne suis pas le seul à apprécier le coin.
J'arrive alors dans un cul de sac sur la rive droite, pas moyen de traverser sans déchausser, les flancs sont trop à pic et ça glisse de mon côté. Je decide de rester sur la rivière le débit est faible et je sais ou elle va. Je transpire, de la buée dans les lunettes, le fait de me presser pour ne pas arriver trop tard a la maison, le poids du matos en bandouliere. J'ai aussi ce petit mystère de ne pas savoir pour combien il m'en reste avant de rejoindre la cabane aux saumons à l'embouchure. Et puis l'excitation d'être dans la nature, un lieu étranger, sauvage, avec toute sa faune, entre autre les boules de poil sombres... Je me pose deux minutes, change de tshirt, mange un sandwich, range tout mon attirail de photo, les puits de lumière ont disparu depuis un bon moment. J'explore le meilleur passage pour traverser sans avoir de l'eau au dessus des molets ni me péter la figure. J'enlève les chaussures, les met en bandoulière par dessus l'épaule, c'est parti. Je garde les pieds à l'air le reste de la décente. Les parois sont plus raides et le cours se rétrécit, le débit augmente et les petits parterre de galets sont moins nombreux. Je fais des sauts de pierre en pierre, change de rive, je passe au dessus, en dessous des arbres couchés en travers du cours d'eau, et soudain, juste devant moi, en relevant la tete, il est là.

À quelques dizaines de mètres, un ours noir cherche sa pitance dans l'eau, il trône au beau milieu de cette jungle incroyable. La bête en quête de saumon est grosse, bien plus que celles que j'avais vu dans le nord des rocheuses. Quelques secondes qui durent une eternité, j'hésite, prendre une photo, fuire, rester, se baisser, puis il me voit, lui aussi, il hésite et dans un bond souple et lent il disparaît dans la forêt.

Après une descente loin de tout sentier, après toutes les traces laissées par ces êtres invisibles, ce moment est magique. Un court instant que seuls mes yeux auront capté, pas eu le temps de dégainer le boîtier. J'en reviens pas. Je suis alle a sa rencontre. Je reprends mes esprits et décide de longer la rive opposée, je surveille bien l'endroit ou il a disparu. Il doit déjà être loin et finalement me laisse tranquille, je descend quelques minutes et j'aperçois un bout de mur en béton recouvert de mousse qui soutient la berge. Je remets mes chaussures et retrouve la civilisation, la route, quelques voitures, le soleil aussi, le cours d'eau retrouve le niveau de la mer, les hauts cèdres et pins Douglas s'effacent pour les feuillus et les broussailles de mûres. Je m'assoie encore sonné de la descente, des heures de bonheur et une rencontre rêvée, inespérée.

ours, attention a moi , attention a toi

5 commentaires:

  1. wahou c génial ça Nils, merci de me faire partager ce moment extraordinaire!!c énorme!!! je te souris ^^

    Julie B.

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  2. Content que ça t'ai plu, c'était une journée inoubliable, Comme on dit on ne trouve que ce que l'on cherche ;)

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  3. nils ca fait rever ca et en même temps ca fait un peu flipper! mais quel beau moment tu as eu! j'ai hate de te voir pour que tu me racontes ton périple c'est quand même une sacrée aventure tout ca! je t'embrasse Nils et à très bientot ;)

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  4. et au final tu as eu raison de ne pas prendre de photos, des fois il y a des moments magiques comme celà ou une photo ne peut au final rien dire, ce que tu as vu à vie tu le garderas dans ta tête!

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