jeudi 1 novembre 2012

l'auberge du bout du monde

Mercredi 10 octobre

du verger a la maisonee
Rereveil avec l'équipe qui part à la cueillette, Seb est dans le bus vers la cote est, je fais mon sac et dis au revoir a la team de pickers au milieu des rangs. Direction  Naramata, plus au nord de la vallée, aller voir cette canaille de Rodney, un ami rencontré à Montréal via Seb. Il vit dans la vallée et fait la cueillette des fruits, retape dans le batiment, file des coups de main, des coups de pied un peu de tout quoi. Rodney habite à même pas 100km de la ça serait trop bête de pas passer un peu de temps chez lui. Seb m'a aussi dit qu'il construisait une cabane cachée dans les bois, sur les terres de la reine -le crownland- et je serais bien curieux d'aller voir ça. Posé sur la grand route qui traverse les vergers de cawston, un gars du coin Che, qui bosse avec des woofers dans une ferme me dépose à keremeos, un poil plus loin.

Che
Je marche sous le soleil jusqu'à la sortie de la ville et salue deux japonais sur le pouce. Ils prennent un break à l'ombre et cherchent du taff dans la vallée pour les prochains jours. Les cueilleurs commencent a s'internationaliser dans le coin. J'marche vers le bypass et une voiture me klaxonne. Lillian éducatrice première nation, similkameen comme hank, va à penticton. Elle prend sous son aile les jeunes et très jeunes dans des sessions nature. Dans le respect des traditions, ils passent trois semaines dans la montagne pendant l'été, à cueillir des baies pour les plus petits, pêcher pour les 8-12 ans et chasser pour les plus grands, jusqu'à 18ans. S'occuper de la bête, conserver la nourriture, écouter la nature, savoir d'où viennent toutes ces richesses. Un travail formidable malgré le fait qu'il est difficile d'attirer la nouvelle génération branchée a la tv et a l'ordi. Mais quand un jeune fait une prise, alors la les copains sont intéressés et ont envie de faire pareil. À côté de ça elle fait toute sorte d'art au gré de ses envies, poteries, t-shirt, tentures, peinture... Une femme qui paraît très douce quoiqu'elle peut être une main de fer dans un gant de velours! Arrivés en ville elle me depose avec bienveillance sur la route principale qui mène à naramata. Je quitte lilian et reviens un peu sur mes pas, juste prendre une bouteille pour fêter les futures retrouvailles avec Rodney. Du vin de la vallée, de Oliver la ou je cueillais des cerises y'a trois ans!

lillian
Plus haut sur la route, c'est  justement un viticulteur qui m'embarque, Ian, qui tient poplar grove une grosse propriété entre penticton et naramata, on parle des vendanges qui viennent juste de commencer. Ian me demande si je suis venu pour ça, je lui dit que non mais on verra bien, un peu de travail dehors et quelques billets ne font pas de mal. Il me dépose au pied du chemin qui conduit chez Rodney, au nord de naramata, la classe

ian photo ratee
Un trajet illico en stop et me voilà entre les vergers et vignes à marcher sous le soleil de cette vallée aride, y'a pas foule par ici. Je vois une maison qui pourrait être la bonne, il y a du monde dehors en train de prendre l'apéro. Je demande s'ils connaissent un certain Rodney, ils me disent qu'il va rappliquer après le boulot, il a la tête dans le cep. Ils m'invitent à me poser et je fais connaissance avec les collocs et voisins (la prochaine maison est à 100m). Une bande de joyeux lurons, tous saisonniers, en ce moment c'est les pommes et le raisin. Les fauteuils dans le jardin, des rubans qui flottent au vent entre les cerisiers, des poules qui ziguzaguent entre les prunes tombées des arbres, bienvenu dans le petit paradis du bout de la route. Car naramata est le seul et dernier patelin sur cette route qui vient de penticton. Après c'est le bois. Ici pas de station de police, pas de maire, peu de voitures. La communauté s'organise en conseil pour conserver l'harmonie de ce havre.

Une petite voiture se gare, Rodney pointe le bout du nez. La surprise de se revoir, je suis venu à l'improviste! On trinque a son anniv qui était y'a pas si longtemps. Ce soir c'est beuf acoustique au bar. On embarque tous en voiture et on se pose en terrasse, ces messieurs nous donne de la musique à l'accordéon, guitare, violon et banjo. Un gros plaisir je fais un peu plus connaissance avec tout ce petit monde.

Rodney
Rodney est en repos jusqu'à lundi, du coup il en profite les jours suivants pour aller filer un coup de main à ses parents qui habitent plus bas dans la vallée. De mon côté je pars à l'assaut du mont qui s'élève au dessus de la route. Naramata est au bord du lac okanagan, les vergers et vignes sont en pentes. Le temps se couvre a l'ouest et j'assiste à un curieux spectacle dans les nuages, un deuxième soleil apparaît! Une sorte de diffraction de la lumière par je ne sais quel phénomène. La deuxième source disparaît avec les mouvements des nuages.


double sun!
Le terrain est sec mais pas autant qu'a cawston. Il y a plusieurs ruisseaux qui descendent sur ce versant. Les clairières d'herbes jaunes sont cernees de feuillus et coniferes. Je grimpes sur les gros rocs qui depassent pour attrapper les dernières lumières de l'astre

summerland et le gros rocher au ;ilieu a gauche derriere lequel je bossais il y a trois ans

Le lendemain je tente d'atteindre les lacs au sommet du versant. Quelques heures de grimpe assez raide, et je suis au premier lac, en fait une retenue d'eau pour la ville. Bien à sec, c'est un paysage chaotique de troncs décapités, boue séchée qui remplit l'espace. Des empreintes de cervidés parsèment les abords et rajoute un peu de vie à cet environnement apocalyptique. Le deuxième lac est également un lac artificiel. Le temps couvert diminue la luminosité, j'hésite puis me décide à continuer, je vais faire le tour de la montagne, j'aime pas revenir sur mes pas. Après une petite session de course sur la piste de terre, le flair était bon j'atteins chute lake, un lac digne de ce nom, l'automne lui a donné ses feuilles, il commence à se faire tard, j'attaque un petit footing de 10km pour revenir à la casbah. Je suis l'ancienne piste de chemin de fer des mines du secteur. La région à transformé le réseau pour les randonnées, pente douce pour le vélo, marche, randos équestre. Une pensée à tommy mon ancien coach d'athlé sans qui je serai revenu à la frontale!

le ruisseau que je remonte depuis chez rodney
chute lake

Ce soir c'est shooting poker à la maison. Les flingues a pétards ne font pas de quartier!

Et samedi matin, je me réveille dans la bibliothèque dont je squatte un bout de moquette, je me frotte les yeux, ça y'est on est le 13 octobre j'ai 29berges! Quel changement! ça doit être la connerie qui sort comme dirait mon père...
Pour fêter ça j'attends pas qu'on me serve un gâteau tout cuit, je me lance dans de la tarte aux prunes! Et alix une colloc en fait une autre à sa sauce et rajoute une tarte au sucre, en bonne québécoise! Un ami de passage envoi le compte exact d'allumettes et j'ai droit à un soufflage de bougies en règle, c'est grand! J'ai une grosse pensée à toutes et tous mes contributeurs de ma petite machine qui me permet de communiquer mon quotidien. Merci mille fois pour ce beau cadeau qui est toujours dans ma poche. Une pensée aussi à tous les amis qui m'avaient offert la première du nom, perdue je ne sais ou et je l'espère dans les mains de quelqu'un qui en fait bon usage. Et surtout une pensée à tous ceux que j'aime!
On lève nos verres et on passe a l'attaque des tartes, miam!

ici c'est un peu l'anniversaire tous les jours, on se fait plaisir (photo grace a l'ipod les amis!)
Le dimanche le temps se gâte et dame nature reçoit enfin sa ration de pluie. Du coup pas de visite de la cabane au fond des bois, et Rodney rattaque le boulot le lendemain. Flûte! Faudra que je revienne! Le soir approche et je suis pas décidé à partir, je demande à dorian si il y aurait pas une petite place pour aller vendanger lundi. En deux minutes c'est plié, yes! Je dis pas non contre un petit billet...
La tête dans le cep, je passe ma journée de lundi comme dans le beaujolais, des rangs assez bas quoique plus beaux, on effeuille et en route pour du picking de pinot noir, du foch (du rouge, un croisement tout droit sorti du laboratoire de summerland) et du riesling. Le tout melangé dans la même parcelle! Sans parler des quelques pieds farfelus qui se cachent dans les rangs. Ici pas de sceau, on remplit des cageots et Pete, le gerant de la recolte conduit le tracteur de vigne pour trimballer les différentes cuves.

le lopin de vigne du lundi


Un bon huit heures et quelques courbatures plus tard, on rentre à la maison ou cette fois ci c'est Renée - une des collocs de retour de vancouver - qui a fait le repas une soupe et une pizza sur polenta, génial! On manque jamais de bonne bière non plus grâce à eléonore qui travaille à la micro brasserie de penticton.
Après plusieurs journées dans cette taverne du bonheur, à cuisiner ensemble, aller faire les puces, refaire le monde, jouer en société (dedicace julie je leur ai appris le cactus!) écouter des vieux vinyles et ecouter des musicos remplir l'air de mélodies folk, travailler dans les mêmes rangs, je me suis dit qu'il fallait bien que j'arrête de squatter et  que je laisse la place à d'autres! Toutes les bonnes choses ont une fin et l'appel de la forêt se fait plus pressant avec la météo qui se dégrade. Mon pouce va se tourner du côté des kootenays, une chaîne de montagnes au sud des rocheuses. C'est la bas qu'il y a trois ans j'ai rencontré tom à Nelson qui m'a présenté mick et storm, un vieux couple qui vit dans la montagne avec beaucoup de simplicité, sans électricité. C'est ma destination mystère, la ou j'ai retenu que fin septembre début octobre mick va pêcher des saumons, la canne a pêche d'une main et de l'autre la carabine, car à côté de lui d'autres êtres sont intéressés par les poissons fatigués de leur périple, les rois de ce territoire sauvage, les grizzlis...

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