vendredi 19 octobre 2012

comperes sans frontieres

Dimanche 7 octobre, vers hope, l'apres midi touche a sa fin

Hep siouplait une ptite ride
en haut a droite summerland, ou je cueillais les cerises en 2009


Randy le fils de Dennis me depose sur la 3est, bien aligné pour aller direct a Cawston. Mes hotes repartent et je retend le pouce, déjà dans l'ombre d'une montagne. Pas beaucoup de voitures dans le coin mais apres une petite demi heure Pat arrête son suv et sa remorque ! Il était à Vancouver pour vendre les pommes de son petit verger, il s'en retourne à osoyoos et passe donc par cawston, yesss! Jai du pot la c'est clair. 2h30 de discussions emballées sur la nature humaine, de grands moments. Le décor est épique autour, on grimpe un col avant de replonger entre les flancs escarpes de la vallée du parc manning.

Pat me paie un hotdog avant d'arriver, sympa! Et doublement sympa il me dépose devant le verger ou bosse Seb. Le père du patron est en train de sortir de la propriété je lui explique ce que je fais ici à débarquer en pleine nuit avec mon backpack, et puis j'entends une voix au loin. Ca l'a l'air familier, he bien oui c'est mister Seb qui passe pas loin de l'entrée, et sort des buissons, yeahh buddy!! Je laisse repartir Pat qui assiste à nos retrouvailles. Ça yest j'y suis, de nuit, timing et larguage au poil, c'est quand meme fou ce qu'on peut faire avec un pouce!

Pat
Seb me fait le tour du propriétaire, présentation des collègues, une petite team de 6 pickers, fin de saison, les autres sont repartis au Québec. On pointe le nez dehors, et qu'est-ce qu'on voit y pas ? Une traînée dans la nuit etoilee se tortille gentillement au nord, et a bien y regarder elle traverse le ciel! Ouais jai ramené une luniere du nord dans mon sacs pur le petit Seb! Une aurore blanche, l'horizon est teinté de vert. Incroyable à cette latitude.
Ya comme un truc bizarre dans entre les etoiles
aurore boreale ou abus de produits chimiques dans la vallee?
On se prend des news depuis les cinq mois de son départ de Montréal. On rentre dans l'abri des picker, un toit, trois mur, gazinieres, frigos, tele magnetoscope VHS. On s'allume un feu dans le poil a bois. La tente de Seb à rendu l'âme il squatte le canap de l'abri cuisine et m'invite à faire pareil, je déroule mon tapis au coin du feu, les ouvertures sont plus ou moins bâché, on met quelques bûches avant de se glisser dans le sac. Demain c'est lundi mais Seb a pas l'air motivé pour bosser, c'est parfait!

Réveil au son de la cafetière, des casseroles et poêles, l'équipe s'affaire à avaler du solide pour la matinée, nous on se tortille dans nos sacs de couchage, pas encore pret a sortir le nez degors, le frais du matin pointe encore. Quelqu'un remet des bûches sur les braises que la nuit a laissée.
on émerge et Seb mijote une bonne poêlée, un café cowboy plus loin et nous voilà sur la route. Seb veut ramener des bouteilles de la vallée, direct du producteur. Car oui, incroyable mais vrai le Canada produit du vin! Enfin ... du pinard... bon allez sus aux blagues chauvines, en route pour la dégustation!

la vallee desertique de keremeos-cawston
on fait des pieds et des mains pour avoir un lift

Hank
Hank s'arrete pour nous embarquer. De la tribu Similkameen, du même nom de la rivière qui coule dans la vallée, Hank retourne à Seattle ou il vit avec sa femme depuis 15ans. Il était venu voir son frère qui a une ferme dans la réserve de cawston. On a le goût de déguster mais aussi de randonner. Seb m'avait parlé d'une certaine "sleeping beauty", une montagne aux formes bien rebondies, une poitrine dont le téton est fièrement dressé vers le ciel. Pas de bol Hank nous dit qu'elle se trouve aux états unis, on est très proche de la frontière nous dit il. Hank nous laisse à l'entrée du chemin qui mène à la propriété de Forbidden Fruit. Comme son nom l'indique ils font du vin de fruit, m'a l'air curieux tout ça! Le soleil est haut dans le ciel, je fais tomber la polaire pour le tshirt, tant qu'on est pas à l'ombre on est au poil! On ouvre la porte du point de vente. Sacrée panoplie de médailles. On fait le tour de la carte en levant le coude et ils s'en sortent bien. les vins de poire sentent un peu le bonbon mais ça peut pas être mal pour le dessert. Les vins de prunes sont bien sympa, assez leger quand meme, ou alors faut casquer. Et je suis surpris par un vin de cerise bien subtile et profond, Médaille d'or, ils l'ont pas volé et le prix non plus, 30piaces!
On demande au monsieur s'il connaît un coin ou crapahuter l'après midi. Ils nous dit qu'il suffit de suivre la crête au dessus de sa propriété. Ok on repassera prendre les bouteilles avant fermeture.

des 'bines' de pommes
tu vois la bas, bin c'est pas la qu'on va en fait
Et c'est parti mon kiki, attaque de la colline par la face nord, le sommet à l'air interminable, on suit les chemins d'animaux, tient une biche! enfin on atteint un plateau. Le moment de regarder de l'autre côté de la crête, on aperçoit effectivement une cahute frontalière au loin et des grillages qui s'étendent de chaque côté dans une vallée pelée, jaunie par un été presque sans une goutte. C'est le paysage désertique des westerns, on a beau être en automne ça commence a cogner, et c'est qu'on a mouillé le maillot! on se partage les quelques gouttes de notre unique gourde à moitié remplie. Ouais c'est nous les gourdes! Le temps d'une pause on se fait un magnifique inukshuk, voir mon post de y'a 3ans dans les rocheuses du sud pour les explications. Un ptit humanoïde de pierre en pleine bronzette face à la vallée! On laisse notre trace quoi!


Captivés par le défi d'atteindre le lopin de terre plus haut que celui sous nos pattes, on continue notre ascension. Et la vue est imprenable! En bas la rivière similkameen et ses abords boisés et verts. De l'autre côté le désert canado-américain, et au fond la sleeping beauty qui nous nargue. Et à nos pieds, ... La frontière! un poteau nous indique la démarcation, ça yest on est aux states à nous les femmes, la fortune et la gloire! À ce qu'il parait y'a des caméras partout, mais sur cette pseudo crete large de  50- 100m un incendie à cramé le bois. On se marre en imaginant les douaniers venant nous botter le derrière. Les deux passeurs de drogue de pacotille!
Bin on a marché et sué dur, un bon repas s'impose! Une barre de céréales pour deux, c'est festin!
"et ils marcherent, longtemps..."


aux states
L'estomac bien mis en appétit notre équipée de bras cassés se remet en route, s'agit de descendre maintenant!
On part en zigzaguant entre les bois morts et les éboulis de pierre, alternant entre les états unis et le canada, on est des vrais kamikazes. Kamikaze de falaises, ouais. La route est pas vraiment aussi facile que la montee. La roche est pas tres stable aussi bien au sol que sur les parois. On marche sur des œufs en s'agrippant aux touffes d'herbes seches. Après quelques tentatives infructueuses et plusieurs rocs qui déboulent sous nos bottes, on trouve un passage, on ride la caillasse en mode dérapage à flancs de colline, nuages de terre, éboulis, la totale, on finit par quelques sauts de cabris entre les plus grosses pierres, l'ombre de la montagne d'en face nous rattrape, le soleil est passé derrière. ça y'est les bois, la rivière, le lit de galets, on est au pied de la bébête et on se retourne pour contempler notre chemin, surement la façon la plus stupide pour redescendre, mais c'est ça qu'on aime. Merci montagne, t'auras pas eu notre peau!

facile!

au fond, le buste de la sleeping lady, la chevelure dans la pente de gauche
On remonte la rivière pour retrouver la cave à vin et on finit par traverser une propriété ou un type refait le toit. Il s'alarme un peu qu'on soit la c'est la première maison après la frontière américaine, les douaniers américains lui ont dit de les prévenir de tout passage sur ce territoire. Il a déjà vu pas mal de trafic de drogue. On explique ce qu'on fait la et on trace, bah on a pas vu l'armée débarquer! Arrivé à la propriété pour acheter les bouteilles, la patronne nous dit que le type sur le toit vient juste de l'appeler pour confirmer que c'était bien son mari qui nous avait envoyer vers les crêtes et la frontière. Incroyable, ça niaise pas avec les states! Retour sur la route avec la lumière qui décline. Pas trop de succès, on marche sur le bas cote. Ça klaxonne derrière on se retourne, c'est le type sur le toit! Tim, pas rancunier il nous explique les histoires de passeurs de drogue et comment les states font appel aux bons citoyens canadiens pour les rendre responsables de toute personne qu'ils verraient passer la frontière. Délirant, et de plus il n'y a aucun panneau aux abords de la rivière pour prévenir les péquins qui se sentiraient l'âme de randonner sur la berge, ni même les kayakistes qui sont attendus après la frontière par une chute de barrage de 30m. Il nous precise aussi quil y une camera a 10metres du poteau ou on a pris la pose! Tim nous laisse en bas de la route menant à l'orchard (personne ne dit verger par ici). Merci msieur.
Tim
(ndr: rendu ici, je vous propose la version de la balade par Seb, sur son blog, avec d'autres photos qu'il m'a chippé http://www.gotobc.ca/si-on-marchait/ )

Ptit repas avec les pickers accompagné de vin de poire, le lendemain Seb va filer un coup de main au patron dans les rangs, nettoyer quelques arbres et prendre un ptit billet supplémentaire pour la route. De mon coté je pars a la recherche d'une cascade ou parait-il il y a des ours noirs "garanti" que disait une amie cueilleuse. Ours ou pas jai bien envie de découvrir le coin.  Pendant que les autres sont déjà au turbin je pars au nord, longe les orchards de pommes et plonge entre les flancs decharnés des collines.


Un petit ruisseau fait son apparition. Encaissé au fond de la gorge, la nature verdoie sur les abords. Du crottin de cheval et des bouses bien fraîches jonchent le sol sablonneux. Les fermiers ont pour habitude d'emmener les bêtes paitre dans les collines. Le soleil disparaît derrière les sommets quand je pénètre dans le sentier. L'automne est de nouveau la, plus que présent, le sol est tapissé de jaune, différentes teintes de feuilles déchues. Le ruisseau disparaît dans la terre assoiffé puis réemerge plus haut. Des bêtes au loin, des vaches, elles me regardent passer pendant que je fait un détour pour ne pas les chasser du chemin. J'entends la fameuse chute d'eau, je scrute les alentours mais pas de nounours à l'horizon, je passe sous la petit rideau d'eau et remonte de l'autre cote entre les arbres et arbustes.


Je sors des feuillus et retrouve les broussailles séchées par le soleil, herbes couchées, presque de la paille sur pied. Les pieds de sauge recouvrent les clairières, l'odeur particuliere de la vallee de l'okanagan. Je coupe les pentes de la colline et rejoint le sentier plus bas. Je sors de ce coin de verdure et reprend la route de l'orchard sous le soleil de midi. En fin d'apres-midi on va faire des emplettes, ce soir gros gratin, entre la tartiflette et le gratin dauphinois. patate crème bacon, oignon et fromage, vin blanc pour trinquer, on fête le départ de Seb, il prend le bus en pleine nuit pour s'en retourner à Montréal. 72h de trajet, merde dude enjoy! On tchatche en attendant que le mega gratin prenne forme dans le grill, 2h30 de cuisson y passent mais ça en vaut la peine, c'est presque comme à la maison! Bien repus, on souffle les bougies avec les dernières bières.

seb deploie son ticket de bus ...
Vers quatre heures j'entends du remue ménage, Seb met le sac à l'épaule, une copine lui donne un lift jusqu'à l'arrêt de bus, je serres le kid dans mes bras. On se revoit en nouvelle zelande, pas de frontière mec!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire