samedi 25 mai 2013

L'au(s)tréalité

Mardi 21 mai 2013, quelque part au dessus de la mer Tasman

Capuche rabattue, je roupille pendant les 3h que durent mon vol low-cost avec jetstar, et pour une fois  j'ai curieusement de la place pour mes cannes. Mes rêves mélangent les aventures de ces derniers jours et des épisodes plus anciens sur les îles néo zélandaises, je cuve le voyage.

Puis à travers le hublot réduit de mes voisines j'aperçois les tours de Gold coast, station balnéaire que l'on surnomme "surfer's paradise". Les raies blanches des vagues qui brisent se distinguent sur la plage qui s'étend a perte de vue. L'avion fait un crochet. On se dirige vers Coolangata, l'aéroport de Gold Coast, à 20km au sud. À l'approche de la piste les immeubles et palmiers défilent sur le côté gauche de l'appareil, la mer en arrière plan. Quelques secousses, ma voisine latino fait son signe de croix, le bruit strident du caoutchouc qui frotte le tarmac, une grosse décélération et puis l'appareil roule comme si de rien n'était. Comme si ce vol de trois heures au dessus des eaux infestées de requins, baleines, dauphins, raies, tortues et autres créatures marines n'avait pas eu lieu. Le temps d'un rêve.

La lumière faiblit dans le ciel, 16h40 heure locale, deux de moins que sur l'île que j'ai quitté. Je me suis mis en tête d'aller à Byron bay à 65bornes au sud de l'aéroport. Plus petite et pittoresque que sa grande sœur gold coast, un certain côté hippie il y fait bon vivre apparemment. C'est aussi un bon spot de surf à ce qu'on dit.
Cette mission tardive me donne l'occasion de tenter le stop chez les ozzies!
Après avoir récupérer le sac, passé la douane, attendu un petit contrôle supplémentaire pour le backpacker que je suis, je me retrouve à l'extérieur sous les premières étoiles dans un ciel bleu marine encore teinté de violet. Je m'embrouille un peu dans les impressions écran du plan des environs de l'aéroport mais retrouve rapidement mes repères, je marche le long de la voie rapide, et il fait bon! Un vrai changement depuis le froid et l'humidité glaciale de la dernière semaine dans l'île du sud. Je rencontre de nouveaux arbres et de nouveaux sons, des crapauds fanfaronnent dans les fourrés et des oiseaux jasent dans les feuillages. Sous un lampadaire je me déleste de mon fardeau et aère le t-shirt que je suis en train de tremper, la moiteur s'installe avec la nuit tombée.

Moins de cinq minutes passent et une voiture se gare derrière moi. Un jeune de la côte, Jeff 21ans, s'en va rendre visite à son cousin qui bosse à Byron bay! C'est bien ma veine vu l'heure, merci garçon! Je lui raconte ce que je fais la, mes voyages et projets et lui me narre son expérience en Équateur. Il est récemment parti la bas en tant que volontaire pour 3 semaines bien remplies d'aventures et sorties en tout genre, il en garde un bon souvenir. Il va voir son cousin tatoueur pour la soirée, il devrait réviser ses exams pour son école de commerce, mais ce soir il a pas la tête à ça faut croire.

Jeff
Royal, il me depose devant le magasin de son cousin qui est en plein centre, entre un supermarché et une panoplie d'auberges. J'opte pour la première en vue, une auberge YHA, une chaîne également présente en nouvelle Zélande, 25$ la nuit sûrement pas le moins cher mais c'est plus l'heure de grappiller quelques dollars. Je m'installe, fait les courses pour les 3 prochains jours,  prépare mon diner et rencontre quelques backpacker qui font le tour du pays. L'heure tourne vite, j'écris quelques mots sur les derniers moments néozélandais et mes paupières commencent à frémir. La température à rapidement chuté, le temps ne s'annonce pas très beau pour le lendemain, je rentre me blottir dans la couette, dans les arbres voisins quelques oiseaux inconnus s'échangent des mots, bonne nuit nouvelle île, nouvelles plantes et nouvelles bébêtes, à demain.

Mercredi 22mai 2013

Le temps bouché n'incite pas à aller se baigner, je décide d'aller me balader vers la pointe du phare, au bout de cette petite péninsule volcanique riche en végétation se trouve le point le plus à l'est du pays.
Les gouttes tombent à intervalle irrégulier, mais la température reste douce. Je longe clarke beach, sous les arbres et tables de picnic du front de mer, une dune végétale en cours de régénération sépare la ville de la plage. Je découvre d'autres sons, des perruches vertes a la poitrine flamboyante de jaune et orange paradent et volent d'arbre en arbre plongeant leurs têtes dans les fruits aux allures de pompons jaunes pales du coastal banksia. En le retournant vers l'intérieur d'un bosquet un énorme oiseau ressemblant à un martin pêcheur démesuré me fixe de son œil immobile.




Un ibis passe dans le parc, cherchant sa pitance dans l'herbe humide. étrange oiseau blanc tel une poule montée sur les pattes d'un héron, un crâne chauve comme un vautour recouvert de plaques noires épousant les articulations de son cou dénudé. Sa tête obscure est prolongé d'un long bec noir en arc de cercle. Un profil qui me rappelle les hiéroglyphes des dieux égyptiens, mais bien en chair et en os, et nombreux dans le pays, ils sont un peu leurs pigeons. D'autres oiseaux tachés de blanc et noir, l'oeil auréolé virevoltent, sortes de pies locales. Les dindons sauvages sont également de la partie. Les végétaux déploient leur palmes et feuilles larges, cirées pour résister à la salinité de la côte. Ils marchent presque, leurs jambes aériennes plongeant parfois loin du tronc pour trouver les nutriments nécessaires. Des plantes parasites poussent entre les départ de branche comme dans le nord de la nouvelle Zélande, ces quelques pas me donnent un avant goût certain de la flore qui m'attend en Asie.







Le sentier prend un peu d'altitude pour atteindre le phare tout au bout. Les dindons remuent les feuilles mortes et creusent le sol à la recherche d'insecte. Une percée dans la verdure, je vois la plage au sud de la péninsule, des petits points flottent au large, une quinzaine de surfeurs attendent patiemment La vague. Un ou deux s'élancent et  parcourent quelques dizaines de mètres avant de disparaître dans les énormes rouleaux, un spot pour les chevronnés sans doute. J'atteins le phare, construit en 1903 après qu'une quinzaine de gros porteur se soit échoué le long de la cote. Les bancs de sable sont mouvants et nombreux, les lames de fond déplaçant le sable sous marin au gré des courants. Plusieurs couples scrutent l'horizon avec des jumelles. J'admire le panorama quand un point sur l'océan attire mon regard. Je fixe le dit point quelques instants et les voient alors, deux baleines jouent au large de la points. Une d'elle remonte sur son dos et s'éclate de tout son poids. Elles sont extrêmement loin mais la il n'y a plus de doute, mes voisins me précisent qu'ils s'agit de baleine à bosse. Un panneau au phare expliquait qu'elles migrent de mai à octobre de l'Antarctique vers le Queensland au nord de l'Australie. J'en reviens pas, quelle chance! Je poursuis le trajet le long de la falaise qui plonge dans l'océan et ses rochers ocres et noirs. Puis en le retournant du côté des fourrés, un wallaby des marais mastique tranquillement dans les herbes hautes, à deux mètres. Ils ne sortent qu'à la nuit tombée ou a l'aube. Sûrement que le temps de cochon leur convient. J'arrive alors au panneau indiquant "point le plus à l'est du pays". Certains prennent la pose, on admire tous l'océan et les vagues qui s'éclatent sur les roches découpées. Une nana pointe du doigt l'océan mais trop proche pour que ce soit les baleines. Je jette un œil à l'eau transparente du rivage, puis oui c'est bien eux, un groupe de dauphins chasse les poissons côtiers. J'aperçois leur forme dans les eaux tumultueuses, quelques ailerons percent la surface. Quelle balade!
Je descend de la bute du phare me poser au bord de l'eau, les pêcheurs piquent quelques prises aux dauphins. Je médite un peu sur mon voyage, ma place, ici. Les gouttes éparses tournent maintenant à la pluie. Je poursuis mon chemin côtier alternant entre le couvert végétal et les plages de sable blanc. D'autres étranges oiseaux font leur apparition, des mouettes aux têtes masquées pour le carnaval, un bec au jaune fluorescent qui remonte devant leur yeux comme une tête de pioche! Des pancartes expliquent enfin qu'une centaine de dauphin vit dans les eaux de la péninsule, des schémas expliquent comment rester à bonne distance.





mais si le point au fond a gauche












De retour en ville je passe à la bibli me rencarder sur des ouvrages de Bill bryson, un américain qui a écrit plusieurs best-sellers sur l'Australie, Chris qui vit a Sydney m'en a recommandé deux. Par chance la nana de l'accueil qu'elle a un exemplaire bradé à 1$! Génial! Toujours sans sous australiens, je lui demande de le mettre de côté le temps que je change les quelques dollars néo zélandais qu'il me reste.
Un lunch tardif à l'auberge et je repasse prendre mon du, la nana m'a entre temps dégoté l'autre ouvrage! Et bin j'aurai de la lecture pour mes temps de transport. Sur le retour, le soleil couché, les chauve souris geantes battent des ailes au dessus de la ville, ça me rappelle la visite au parc de Ouagadougou ou des nuées d'entre elles piaillaient dans les grands arbres avant de s'élancer chasser au crépuscule. Toujours aussi déroutant à observer...
Soirée tranquille a discuter au backpack, il fait un froid de canard à croire que je l'ai ramené depuis Christchurch.

Jeudi 23 mai

Un grand ciel bleu accueille mon réveil! Je m'organise pour le départ, sac à dos, lunch pour midi, quelques mails pour préparer mon arrivée le lendemain à Singapour. Jour de marché de byron bay, je passe y faire un tour. Que de surprises sur les étales, petits producteurs locaux de fruits et légumes colorés, bananes bien sur, mandarines mais aussi des couleurs plus inhabituelles pour un marché tenu par des visage pâles, des goyaves, des papayes, des dragon fruit, un gros fruit avec une peau en écaille pourpre et violette, des dégustation de fruits de la passion, les premiers que je mange à même le fruit! Du miel d'arbres natifs, des noix de pecan, de l'aioli, du tempeh de pois chiche et autres fèves inconnues... Tout est quasiment bio et provient des environs de la ville. Je me sirote une délicieuse citronnade de citron vert pendant que des musiciens jouent de la guitare et de la flûte traversière, un petit côté bobo hippi harmonieux.
Je m'enquiert ensuite d'une boutique de location de planche de surf, hé oui on va pas repartir sans se faire quelques vagues, un œil à la mer vraiment calme m'a mis le doute mais peut être que les conditions sont différentes ailleurs. Arrivée dans une boutique le type me dit qu'il y a rien du tout aujourd'hui c'est très petit même de l'autre côté de la pointe du phare, je pourrai y aller mais accompagné, les courants sous marin sont forts et les lames de fond fréquentes. Un peu déçu je retourne à l'auberge chercher mon bardas, je jette un œil dans la chambre, Jb un français surfer rencontré la veille dort encore à poings fermés, je tire un trait sur la sortie surf et prend le chemin de la plage, j'ai quand même un maillot, des lunettes de plongée et le temps est radieux c'est pas si mal!
Je pose mon sac sur les rochers, ressors enfin la crème solaire et pars faire quelques brasses, l'eau est fraîche mais o surprise même au bord de la plage des poissons de corail nagent à côté de moi, plats argentés avec une dorsale jaune, un petit bec noir. L'eau cristalline permet de les admirer. Ouah c'est fou!












Farniente et bouquinnage, je prend mon lunch face à l'océan. Plus tard je remballe et retourne à l'auberge en parcourant la plage, je récupère ma bouffe au frais et marche jusqu'à l'extérieur de la ville, 15h30 ça me paraît raisonnable pour me rendre jusqu'à coolangata, un type m'a dit qu'une auberge se situait juste à coté de l'aéroport, parfait vu que mon vol est à 9h le lendemain.
Je tend mon pouce pour ma seconde ride australienne, et rapidement Jodie s'arrête en sortant du boulot, elle s'occupe des gamins à la garderie. Je suis son autostoppeur du jour, cool il y en a très souvent sur la route. On en croise un d'ailleurs. On parle un peu de l'Asie avant qu'elle me dépose quelques kilomètres plus loin. Merci Jodie!

Jodie


Je marche le long de la bretelle quand Ross se gare devant moi. Sympa ça! Je jette mon sac à l'arrière du pickup à côté de la tondeuse, "ta ceinture" qu'il me dit gentiment et on démarre. Ross fait parti de ces conducteurs altruistes qui ne posent pas de questions. Pendant les 30bornes du trajet il ne décroche pas un mot, je lui extirpe quelques paroles, c'est un plombier et les températures locales peuvent varier de 5 degrés les nuits hivernales jusqu'à 42 par une journée d'été. "It's fucking hot!" comme il me dit (il fait putain de chaud). C'est tout ce que j'apprend. Ross me jette à une sortie d'autoroute à mi parcourt de la destination. Il rentre à la maison et connaît le coin, "les autostoppeurs se mettent la bas" qu'il me répond. Je quitte Ross, il n'avait pas envie de jaser mais il s'est quand même arrêté, définitivement le cœur sur la main, merci

Ross






L'attente est finalement un peu longue le soleil se couche derrière les collines. Le ciel prend des teintes mauves oranges pâle en face, en direction de l'océan un nuage champignon rougeoit, ceux derrière moi tirent sur le violet. La boule dorée lèche les herbes hautes et eucalyptus avant de disparaître. Une floppé de ce qui me semble être des cacatoès passe au dessus de la route, blanc avec une houppette, sacré pays!
Et la fraîcheur vient rapidement, les voitures qui défilent a toute allure allument leurs phares. Dernier recours, je sors mon dernier atout j'avais embarqué une bande de carton au cas ou. Au stylo bille -je paume tout le temps mon marqueur- je trace le plus gros possible "Cool.". Ca pourrait décider quelqu'un qui pense que je veux faire une grande distance. Enfin c'est ma supposition. Ca me donne aussi un air un peu plus crédible, le coup de la pancarte pour le bon petit pouceux sérieux! Je regardent les conducteurs qui passent, à l'avant d'un van les personnes me font des signes en pointant du doigt, encore des explications incompréhensibles disant désolé c'est à cause de ci ou ça, je les regarde s'éloigner. Et la je comprend une voiture s'est rangé au loin et fait marche arrière vers moi, c'était bien elle qu'ils pointaient. J'emporte prestement mes affaires et vais à sa rencontre. J'ouvre la portière et Daniel me dit qu'il va également à coolangata, incroyable! Comme quoi la pancarte des fois ça aide. Il rentre d'une mission à Newcastle à 8h au sud, il est ingénieur pour les logiciels de matériel médical Philipps. Il s'occupe de déployer les systèmes dans plusieurs pays asiatiques et assure la maintenance à distance. Il est crevé et je lui tient le crachoir tout du long pour l'occuper (il a du aussi me prendre pour ça, divertir un peu la conduite). Super sympa, il m'aide à trouver le backpack et m'y dépose. Un très grand merci Daniel!


Daniel

Je passe une soirée tranquille, je recroise un gars de ma chambre à Byron bay, je me prépare le dîner, une soupe et au lit, demain c'est le grand jour, l'envol vers Singapour, la porte de l'Asie, mon cinquième continent.

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