jeudi 28 mars 2013

le pèlerin

Mardi 12 mars, 9h15 a la sortie d'Inglewood

Le lendemain de ma balade sur le Taranaki, Lois repartie, mon sac a mes pieds, je tends le pouce.
Rapidement Carmen m'embarque, une nana toute en sourire qui va bosser dans un café du patelin d’à côté, merci mdame!
Carmen
Ensuite c'est a nouveau une femme du coin, Antoinette, jeune maman très timide mais qui n'a pas hésité a me prendre, elle faisait pas mal de stop dans les environs, jusqu’à ce qu'elle achète cette caisse. Difficile de la comprendre, elle murmure en n'entrouvrant que les lèvres. Je suis battu a plate couture sur la non articulation! (hein Guena!) Elle fait un crochet pour me déposer a la sortie du bled ou elle va bosser, je la remercie quand elle repasse devant moi, un petit sourire en coin, salut!

Antoinette la discrète
Pas grand monde ici, on sent que je m’éloigne de New Plymouth, un 4x4 s’arrête quand même! Un type dans la soixante dizaine sort et m'ouvre la porte du coffre alors que je soulève mon sac, "par ici jeune homme". Je rencontre John et sa femme a l’arrière, Jean, discrète. Un personnage assez incroyable, et pas dans le bon sens, rapidement alors que je raconte brièvement ce que je fais sur la route et ce que je compte faire après mon voyage, il me rétorque que c'est peine perdu que de toute façon l’humanité coure a sa perte. Je le consterne en lui apprenant que je ne suis pas croyant. "L'apocalypse est proche!" qu'il répète...j’entends et écoute son discours de prophète et comprends sa peur de l'homme qui saccage tout sur Terre mais il me dit ensuite texto que si le fléau va s'abattre sur les hommes c'est la faute aux "homosexuels qui se pénètrent dans l'anus et se propagent les maladies depuis le siècle dernier", la raclure j'en reviens pas!!! John ne mâche pas ses mots!!! J'essaie d'argumenter en l'instruisant sur les MST, le poids de l'histoire, sur l’homosexualité qui existe depuis toujours, rien n'y fait il cherche la raison la ou ça l'arrange. Il enchaine sur le jour J qui viendra quand tous les hommes auront un numéro tatoue dans la paume de la main droite, je lui rétorque que la fin du monde est déjà présente pour certains, que vu de son petit paradis il voit les signes dans les journaux mais que la réalité est que certains vivent déjà dans l'horreur quotidienne. En parlant de numéro je le renvoi a sa carte de crédit, sa carte d’identité, les frontières, alors oui mon petit père t'es fiché, et personne ne t'a demandé ton avis. Évidemment cause perdue, je le laisse déblatérer et le pousse au bout de son "argumentation" tout en apaisant la discussion, ma curiosité de savoir d’où vienne ces pensées... On arrive a destination. Après lui avoir tire le portrait John me dit d'inscrire au dos de la photo(c'est mignon encore l'ere de l'argentique, fichtre) "un vrai croyant chrétien fondamentaliste" oui c'est le moins qu'on puisse dire... Avant de sortir du véhicule, John fouille dans son vide poche et en sort dvd ou je vois imprime en gros "Jesus ...". Je souris et lui répond que ce ne sera pas la peine. Allez salut merci pour la ride, en espérant que l'illumination te vienne et éclaire ta lanterne...

John, "un vrai croyant chrétien fondamentaliste"

Je reprends mes esprits et hallucine d’avoir rencontré cette personne, un vrai cliché qui malheureusement est bien réel...une âme perdue qui essaie de s’échapper de la réalité sur un bateau a la cale percée... Les voitures défilent et personne ne s’arrête pedant une demi-heure, c'est bien la route principale, mais c'est aussi la loi du stop, on ne sait jamais on repartira exactement. Puis enfin une bande de  gars du coin deccelerent a ma hauteur et me conseille d'atteindre le macdo plus loin c'est la que les autos embarquent pour Wanganui, la prochaine grande ville. Alors que je reprend la route un voisin maori m'interpelle, il m'a vu faire le pied de grue et s'enquiert de ma destination. Je lui répond et il me propose de me faire un café pour la route. Sympa! Je le remercie mais je préfère continuer la route pour sortir de ce trou, apres coup je me dis que j'aurai pu m’arrêter mais des fois quand on pose son sac, on ne repart plus et c'est ça qui est bon d'ailleurs mais je préfère arriver assez tôt en ville pour revoir Micka et Audrey, j'ai plus de portable du coup il me reste internet pour les retrouver, leur faire un coucou avant de repartir pour l'ile du sud et les vendanges. Je sens le vent du raisin qui s'en vient!
En marchant sur le bord de la route, une vieille caisse se gare devant moi. Deux gamins a l'avant, j'en crois pas mes yeux, je leur donnerais 15 ans a tout casser. Et c'est que le chauffeur me parle comme un bonhomme, excellent les kids! Ils vont piquer une tête dans un lac et bifurquent au milieu des plaines pour aller chercher un camarade. Je remercie les deux rejetons qui me laissent sur la route principale.

Daniel et Jason



C'est une petite famille Maori qui prend le relais, Kihe (prononcer Kayi) s'est dit que je devais crever de chaud au milieu de nulle part sans ombre. Tu parles y'a un vent a décorner les bœufs mais qui certes m’assèche! je remercie vivement Kihe le nounours aux airs de gros dur a la 50cents. Enthousiaste pour la photo, ils sortent eux mêmes de la voiture pour prendre la pose. Merci pour la ride!

Kahu, Kihe et leur petite

Quelques minutes plus tard je saute a l’arrière d'une voiture d'un couple d'allemand en visite. Cindy et Alex ont un boulot qui les attend dans le nord de l'australie une ville abandonnée ou viennent trainer les touristes. l'ensemble du personnel de ce lieu hors du monde, une cinquantaines de personnes, vit en communauté. Ils prennent les taches a tour de rôle, hôtellerie, cuisine, accueil, vente... Du coup ils profitent de leur billet d'avion pré réservé pour visiter la Nouvelle Zélande voisine. Ils me proposent de les suivre pour visiter un parc et aller voir des souffleurs de verre a l’œuvre. Je décline poliment l'invitation et poursuis mon chemin. Merci et bon trip!

Cindy et Alex

un magnifique restaurant a la sortie de Wanganui, des etraves a l'avant pour ceux qui ne paient pas

Je contourne a pince Wanganui, pour le coup il fait une chaleur a crever, mon sac n'arrange pas l'affaire, j'atteins enfin l’entrée de la bretelle en sueur et me pose. Je sors le casse croute, je mords avec passion dans mon quignon de pain et mon bout de fromage pendant que les poids lourds font vibrer le sol a cote de moi. Rien a faire j'ai tellement faim que j’apprécie quand même ce carre d'herbe, au bord de la route et je savoure mon repas! Rassasié, je me relève et souris et mes potentiels chauffeurs. Rachel s’arrête! Encore une nana, c'est ma journée! Elle va rendre visite a son père a Palmerston North, je bifurquerai avant pour descendre sur Wellington. Elle vient de rentrer il y a dix jours a peine de Chine ou elle a passer un an comme prof d'anglais. Une expérience enrichissante et qui apparemment l'a motive a poursuivre le voyage, elle repart bientôt pour Madagascar ou elle a dégoté un stage dans une réserve marine. Elle aussi change de vie et poursuis son idéal du moment. Et ca lui donne un grand sourire. Elle se gare avant ma bifurcation, prend un café et la pose avant de reprendre la route, merci Rachel!

Rachel



Peu de trafic ici aussi, c'est Paul qui freine plus tard avec sa vieille bmw. je fourre mon sac a l'arriere, rabat le siege et l'engin démarre. Assez austère de prime abord, je sens son aura qui flotte autour de mon discours, je note que je l'ouvre parfois un peu trop a l'encontre de mes préceptes: suivre le flot de mon conducteur. Un silence, j'attends qu'il prenne la parole. Et puis ça repart, et fort, on parle de la société, d’éducation et des problèmes de gestion de déchets, d’actualité. Un type intéressant, il me rétorque plusieurs fois la même chose au fil de mon discours, je suis têtu mais il ne lâche pas prise et ne me laisse pas déblatérer mon laïus. Et ça rentre, ça bascule quelque peu mes pensées, ça rejoint aussi le sentiment de ma spiritualité (la différence entre ce qu'on dit et ce qu'on pense au fond de soi). Il me pose alors la question suivante "What drives you in life?" qu'on pourrait traduire par "qu'est ce qui te tire dans la vie?". Après nos conversations c'est la question a dix points, whaou, je répond quelque chose de vrai mais maladroit dans la forme, encore une connerie de société.
Difficile a décrire a posteriori ce qui s'est passé, des mots, un silence, la voiture, le moteur qui ronronne, les voitures qui défilent, ici, l'autre bout du monde, mon sac a l’arrière, il a réussi a changer mon point de vue, a tuer certaines bêtises sociétales de mon discours, une prise de conscience. Il pousse ensuite mon discours et puis m'assure de chercher la réponse jusqu’à ce que je trouve, de garder ça en ligne de mire coute que coute, qu'il n'y a que ça qui compte. Je lui retourne alors la question. Et sa réponse est la, dans cet échange, ce qu'on fait a parler dans cette voiture. Je le prends comme tel et je dois lire entre les lignes. C'est le moment de se séparer, il va faire de la plomberie chez des amis. Le temps d'une ride, Paul était ma voix intérieure, un pèlerin sur le chemin de la vie comme tout le monde mais aussi un guide. Après a moi de faire les choix pour l'avenir mais c’était un moment exceptionnel de le voir ne pas lâcher le morceau et d'approfondir mes paroles, rejoindre plusieurs thèmes qu'on avait abordé et de leur donner un sens commun, vital. Beaucoup de paroles et d'informations flottent encore dans mon esprit, je reste un peu sonné, je dois faire le tri dans tout ça et pour résumer peut-être m’écouter autant qu'écouter les autres.

Paul, merci
Pour mon dernier lift, une arrière grand maman me prend en stop. 93 ans et toujours au volant! Toute mignonne elle me parle de sa famille et me demande si ma mère sait ou je suis. Elle va a Wellington rendre visite a ses deux fils. Pendant le court trajet on fait la causette sur les environs de Wellington qui s’étendent de nouvelles banlieues. Arrivés en ville, Rose est un peu gêné de se faire tirer le portrait, dommage elle avait un joli regard. Elle me dépose sur un parking du centre ville, a cote de Te papa le grand musée de la ville que j'avais visité avec ma mère. Je la remercie bien alors qu'elle repart en direction du garage que tient un de ses fils.

Affairé sur mon ipod a chercher du wifi et entouré de mes sacs un des employés du parking me demande si tout va bien, je lui explique que j'essaie de retrouver le numero d'une amie. Sympa comme tout, il me tend son cellulaire pour que je puisse appeler Audrey, merci!

Je retrouve les deux amis Mika et Audrey le temps d'une soirée au backpacker Rosemere, celui ou j'avais passe quelques nuits avec ma mère, il y a deux semaines. On prend un coup a boire en parlant de nos plans passes et de ceux a venir. Mika va essayer de trouver du boulot sur Welli sa ville fetiche. Audrey est motivée pour embarquer demain sur le ferry et faire les vendanges. Qu'a cela ne tienne, on booke les billets,  decollage par le ferry de 10h le lendemain! Encore une folle journée sur la route, bonne nuits les amis!

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